Dialogue social : des acquis en quête d’un pacte social durable

5437685854_d630fceaff_b-

Photo archives - Des Marocains participent à une manifestation organisée par le "Front social marocain", à Casablanca, le 23 février 2020. (Fadel Senna, AFP)

1
Partager :

Porté par le dialogue avec les partenaires sociaux, le gouvernement marocain assure poursuivre l'exécution de ses engagements sociaux. Entre revalorisation des salaires, réforme des retraites, justice fiscale et renforcement de la protection sociale, le pacte de confiance se consolide. Retour sur les avancées majeures de la session d’avril 2025.

Dans une conjoncture marquée par des attentes sociales élevées, le gouvernement marocain affiche une posture claire : faire du dialogue social un levier de cohésion nationale et de justice sociale. Sous la présidence du Chef du gouvernement, des rencontres ont eu lieu avec les principales centrales syndicales, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER). Ces réunions s’inscrivent, selon le gouvernement, dans la dynamique du Pacte national pour l’institutionnalisation du dialogue social, ancré dans les Hautes Directives Royales.

Dans son communiqué l’Exécutif a mis en exergue les progrès réalisés depuis les accords du 30 avril 2022 et du 29 avril 2024, tout en confirmant sa volonté de maintenir un cadre de concertation régulier pour accompagner les réformes en cours et anticiper les prochaines étapes.

Revalorisation des salaires : un effort inédit dans le public comme dans le privé

L’un des chantiers les plus visibles du dialogue social reste la revalorisation des salaires. Dans le secteur public, le gouvernement a mis en œuvre la première tranche d’une augmentation générale de 1.000 dirhams, dont la seconde tranche de 500 dirhams est prévue pour juillet 2025. Ce geste fort s’ajoute à des mesures sectorielles ciblées : 

- 17 milliards de dirhams pour le secteur de l’éducation 

- 2 milliards pour l’enseignement supérieur 

- 3,5 milliards pour la santé

Résultat : le salaire mensuel moyen net dans le secteur public passera de 8.237 dirhams en 2021 à 10.100 dirhams en 2026. Le salaire minimum y grimpera à 4.500 dirhams, contre 3.000 cinq ans plus tôt.

Dans le secteur privé, les hausses du SMIG (15%) et du SMAG (20%) traduisent également une avancée significative. Le SMIG net mensuel passera ainsi à 3.046,77 dirhams et le SMAG à 2.255,27 dirhams. Une nouvelle hausse de 5% est prévue en janvier et avril 2026, dans la perspective d’un alignement progressif des deux minima d’ici 2028.

Réforme fiscale et retraite : pour une meilleure équité sociale

Le dialogue social d’avril 2025 a aussi débouché sur des mesures de fond. D’abord, la réforme de l’impôt sur le revenu, entrée en vigueur le 1er janvier 2025, a permis à de nombreuses familles de voir leur revenu net augmenter d’environ 400 dirhams par mois, grâce à un allègement fiscal global de 6 milliards de dirhams.

Mais c’est surtout sur le front des retraites que les avancées sont majeures, selon le gouvernement. Désormais, les assurés n’ayant pas cumulé les 3.240 jours de cotisations nécessaires pour prétendre à une pension peuvent bénéficier de cette dernière dès 1.320 jours (soit 4 ans). Cette réforme, effective de manière rétroactive à partir de janvier 2023, ouvre la voie à une couverture plus juste. Ceux qui ne remplissent pas le seuil requis peuvent récupérer la totalité de leurs cotisations, y compris la part patronale.

Pour accompagner cette transition, une Commission nationale pour la réforme des régimes de retraite a été mise en place, dans le cadre d’un consensus entre les partenaires sociaux et économiques, conformément aux principes de l’accord d’avril 2024.

Dialogue sectoriel : pour une réforme des statuts et une meilleure gouvernance

Le dialogue sectoriel reste le pilier opérationnel du dispositif. Dans les collectivités territoriales, un processus de concertation est en cours pour réviser le statut des 84.000 fonctionnaires concernés, avec une réunion décisive prévue le 13 mai 2025.

Des discussions similaires ont été lancées pour les statuts particuliers des ingénieurs, administrateurs, inspecteurs du travail, techniciens, etc. Le but : une revalorisation équitable des carrières et des conditions de travail.

Le gouvernement s’engage également à réviser le Code du travail et la législation encadrant les syndicats, avec la mise en place de commissions tripartites pour l’élaboration de textes consensuels, adaptés aux réalités du monde du travail et aux standards internationaux.

Focus sur la santé, l’éducation et l’enseignement supérieur

Dans la santé, un effort financier massif de 3,5 milliards de dirhams a permis une augmentation de 500 dirhams pour les infirmiers, ainsi que des hausses pour le personnel administratif. L’indemnité de risque professionnel a été revue à la hausse et élargie aux chercheurs, avec effet rétroactif. Un statut spécial a aussi été adopté pour les Attachés scientifiques, incluant une revalorisation salariale de 1.800 dirhams.

Dans l’éducation nationale, l'accord de décembre 2023 a permis une revalorisation de 1.500 dirhams pour 330.000 fonctionnaires. Près de 12.000 fonctionnaires du grade « exceptionnel » ont aussi bénéficié d’indemnités bonifiées. Le taux d’exécution des engagements dans ce secteur atteint 80 %.

Dans l’enseignement supérieur, une enveloppe de 2 milliards de dirhams a été mobilisée pour 15.000 enseignants chercheurs, en parallèle de la réforme du statut particulier de la profession.

Justice sociale, soutien aux ménages et vision inclusive

L’action sociale du gouvernement ne se limite pas aux salaires. Deux projets royaux majeurs traduisent une volonté d’inclusion profonde : 

- Le programme d’aide sociale directe, qui concerne 3,9 millions de familles en 2025, pour un budget de 27,1 milliards de dirhams, montant qui atteindra 29,4 milliards à partir de 2026. 

- Le programme d’aide directe au logement, lancé en janvier 2024, avec déjà 130.000 demandes, dont 25 % émanant de Marocains résidant à l’étranger, pour un budget initial de 3,5 milliards de dirhams.

Une gouvernance sociale pilotée et coordonnée

Pour assurer la continuité du dialogue, le Chef du gouvernement adressera une circulaire à tous les départements ministériels, les appelant à poursuivre les discussions sectorielles et à remonter les résultats à la primature. Une structure de suivi sera mise en place pour s’assurer de l’exécution des engagements.

Le ministre Younes Sekkouri l’a souligné : « Le dialogue social n’est pas une formalité. C’est un instrument politique majeur pour corriger les déséquilibres, réparer les injustices et construire un pacte social durable. »

lire aussi