Douce France

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Par Naïm Kamal - « Dans la joie ou la douleur, douce France», chante Charles Trenet. Ce n’est pas sûr. Ou ce n’est plus sûr. L’arc de Triomphe et les champs Elysées transformés le temps d’un après midi pas comme les autres en champs de bataille et en place de la bastille ont fait douté l’Hexagone. Est-il en train de vaciller ?

La taxe du carburant a mis le feu à la France. Le jeu de mot est facile, d’autant plus facile que les raisons de la crise française viennent de loin et sont plus profondes. Le plein de diésel n’est que la goutte qui a fait déborder le réservoir de patience des Français.

Douce France ? Irréformable France !

L’équation à plusieurs inconnues a donné des maux de tête à plus d’un. D’où le ton tachérien d’Emanuel Macron. Je fais ce que je dis, je dis ce que je fais, et je tiens bon. Histoire de marquer sa différence avec tous ses prédécesseurs : A commencer par Chirac-Juppé, en finissant par Hollande-Valls non sans passer auparavant par l’inénarrable couple Chirac –Dominique de Villepin qui s’est offert une dissolution hasardeuse et des émeutes dans les banlieues.   

Pour l’instant, tout ce que la France compte de « sages », conseille à Emmanuel Macron de reculer tout en l’assurant, perfide manière de l’y pousser gentiment, que pour faire marche-arrière, il faut aussi du courage. Pour mieux lui dire plus tard que finalement il est comme tous les autres.

Dans un pays dont le nom est synonyme de grève, il ne peut en être autrement. C’est la rançon de la gloire. La France qui a offert la statue de la Liberté aux Etas Unis d’Amérique, qui a fait dont de la Commune de Paris au marxisme-léninisme, où la glorification des Sans culotte est le pain quotidien des élèves et le refrain de la chaine Histoire, où la sublimation des barricades les a transformées en trait culturelle, il ne faut s’étonner de rien.

A appeler aux armes les citoyens chaque fois qu’on entonne l’hymne national, il faut bien qu’un jour on vous prenne au mot.

Ici, et un peu partout en Afrique, on s’en amuse. Les citoyens de la patrie de la déclaration des Droits de l’Homme sont trop donneurs de leçons pour qu’on les maque. A la manière du porte-parole du Quai d’Orsay, on rappelle les autorités françaises à l’ordre et on appelle leur président à la retenue. On envisage même des sanctions économiques.

Sacrifions au superlatif qu’affectionnent particulièrement les Français : avec ce qui s’est passé sur la plus belle avenue du monde, leurs manifestants apparaissent comme les plus mâles de la planète et leurs policiers les plus virils du monde. En comparaison, les chahuteurs  d’Al Huceima font figure de doux agneaux et nos forces de l’ordre qui les ont cantonnés d’enfants de chœur.

Il n’en reste pas moins vrai que dans une autre vie au Maroc, et aujourd’hui encore dans plusieurs pays de ce qu’il faut continuer à appeler le tiers monde, face à des extrêmes à l’image de ceux de la France, on ne compterait plus les morts.

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