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Covid-19 : Pékin relance la controverse sur l’origine du virus en pointant Washington – Par Assia Makhlouf

Vendredi 20 mars 2020 à 18h00, le Maroc instaurait l'état d'urgence sanitaire et le confinement national. Des images qu’on aimerait oublier. Pékin vient de relancer le débat sur l’origine de ces trois années d’angoisse
Un nouveau rapport officiel chinois met en cause les États-Unis dans l’origine du SARS-CoV-2, relançant un débat scientifique et diplomatique encore loin d’être tranché. En toile de fond : Assia Makhlouf revient sur des tensions géopolitiques toujours vives entre les deux puissances mondiales.
Pékin contre-attaque : un virus venu d’ailleurs…
Mercredi, le gouvernement chinois a publié un livre blanc affirmant que le coronavirus responsable de la pandémie mondiale serait d’origine américaine, et non chinoise. Publié par le Bureau d’information du Conseil d’État, le rapport accuse Washington de détourner l’attention de sa propre gestion chaotique de la crise sanitaire en politisant, selon lui, l’enquête sur les origines du virus.
Ce document, intitulé « Livre blanc sur les actions et la position de la Chine sur la prévention et le contrôle du COVID-19 et le traçage de l’origine du virus », affirme que des cas de Covid-19 ont existé aux États-Unis bien avant l’apparition du virus à Wuhan, épicentre initial présumé, identifié fin 2019. Le rapport évoque également la possibilité que le virus ait été introduit en Chine par des produits surgelés importés, notamment depuis les États-Unis, via la chaîne du froid.
La science en suspens, la géopolitique en action
Ce positionnement chinois vient bousculer les conclusions de l’enquête conjointe menée en 2021 par la Chine et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait alors jugé « extrêmement improbable » une fuite de laboratoire à Wuhan et penchait plutôt pour une origine zoonotique, c’est-à-dire une transmission naturelle depuis un animal hôte.
Mais depuis, les tensions diplomatiques n’ont cessé de monter. Washington accuse régulièrement Pékin de manque de transparence et d’obstruction à une enquête internationale indépendante, tandis que Pékin reproche aux États-Unis de vouloir instrumentaliser l’enquête pour des fins politiques.
Ce nouveau rapport chinois peut ainsi être lu comme une contre-offensive stratégique, visant à redistribuer les responsabilités dans un dossier devenu explosif. Les responsables chinois accusent ouvertement les États-Unis de « politisation sans vergogne » du traçage de l’origine du SARS-CoV-2.
Entre incertitudes scientifiques et affrontement d’États
À ce jour, la communauté scientifique internationale n’a pas déterminé de manière concluante l’origine du virus. Deux grandes hypothèses demeurent :
- une transmission naturelle via un animal hôte intermédiaire,
- ou une fuite accidentelle d’un laboratoire (qu’il soit chinois ou américain).
Mais faute d’un accès complet à toutes les données, aucune preuve irréfutable ne permet de trancher définitivement. L’OMS elle-même, sous pressions des tiraillements géopolitiques, tout en appelant à plus de transparence, admet que l’origine du virus reste à établir.
Derrière ce débat scientifique, une lutte d’influence géopolitique s’installe. Le virus devient un objet de confrontation diplomatique entre les États-Unis et la Chine, cristallisant des tensions plus larges sur la scène internationale : rivalité stratégique, compétition technologique, guerre de l’information.
Une vérité toujours en attente
Alors que le monde aspire à tourner la page de la pandémie, l’origine du Covid-19 reste une question essentielle, tant pour prévenir de futures pandémies que pour établir les responsabilités.
Mais la voie vers la vérité semble aujourd’hui prise dans un filet d’accusations croisées. L’appel de nombreux scientifiques à une enquête internationale élargie, transparente et dépolitisée demeure plus que jamais d’actualité.
Ce nouveau rapport chinois ne clôt certainement pas le débat : il l’élargit.