*Professeur d'enseignement sup?rieur et chercheur linguiste assidu travaillant sur la phonologie et la m?trique (arabe classique, arabe marocain, berb?re et h?breu) ainsi que sur les musiques du Maroc (malhun, ahwash, rways), Mohamed Elmedlaoui s'est vu attribuer le Prix de la meilleure publication de l'Universit? Mohammed V-Souissi pour l'ann?e 2012. Linguiste berb?risant, arabisant et h?bra?sant, Mohamed Elmedlaoui est auteur de plusieurs livres et articles (en arabe, fran?ais et anglais)

La cons?cration par la nouvelle constitution marocaine de l?affluent h?bra?que comme composant de l?identit? et de la culture marocaine, un simple spot de communication et consommation politique lanc? ? l??gard de quiconque a int?r?t?

C?est, en tout cas, ce que semble croire certains esprits hant?s par le complot et dont l??thique est forg?e sur la base d?un arrivisme hypocrite et cynique. Et c?est l?, par cons?quent, un affront de la part de ces esprits ? l??gard du peuple marocain, qui a d?battu de cette constitution, qui l?a r?dig?e et qui l?a vot?e.

Cette Constitution, qui marque un tournant dans l??volution du g?nie de la pens?e et de la conscience collective marocaine moderne, n?a pourtant fait que consacrer un fait ancestral et toujours vivant sous de nouvelles formes, bien ancr?e dans la r?alit? culturelle, symbolique, litt?raire, intellectuelle, artistique, culinaire, vestimentaire, artisanale et de fond de monuments et de lieux patrimoniaux, sous des formes distinctes ou syncr?tiques diverses. Par la force de l?histoire, et par ses formes syncr?tiques qui sont le r?sultat de cette histoire, et aussi par le nouvel esprit moderne qui anime la soci?t? marocaine, comme le refl?te la nouvelle Constitution, ce pan de la culture marocaine est aujourd?hui la propri?t? de tous les marocains, qui se doivent de se l?approprier consciemment et de s?y investir institutionnellement pour le pr?server et le mettre en valeur sur tous les plans, notamment parce qu?il fait partie de ces diff?rents modules culturels de sp?cificit? qui immunisent le Maroc contre toute les tentatives de dilution dans les diff?rents cadres d?ali?nation. Il n?appartient pas uniquement et exclusivement, de mani?re ostracisant, ? une frange quelconque de la soci?t? marocaine comme lesdits esprits ont tendance ? le penser.

Pour ce faire, et ?tant donn? les vicissitudes de l?histoire des soixante derni?res ann?es, qui ne d?pendent exclusivement d?aucune partie en particulier, la prise de conscience collective de ce pan de la culture et de l?identit? marocaine, que la Constitution a consacr? juste ? temps, d?pend aujourd?hui essentiellement de l?action intellectuelle acad?mique et institutionnelle. Sur le plan purement acad?mique et de terrain, et ? titre purement individuel, les ?uvres d?une g?n?ration de pr?curseurs a d?j? amplement d?blay? le terrain: celles notamment de Ha?m Zafrani (auteur notamment de "Deux mille ans de vie juive au Maroc"), de Simon L?vy ("Essais d?histoire de civilisation jud?o-marocaine" entre autres) et autre par exemple, qui, arm?s notamment d?outillages linguistiques et de savoir, n?cessaires aujourd?hui ? l?acc?s aux diff?rentes manifestations de ce pan culturel, ont ouvert la voie et balis? le chemin. Trois autres g?n?rations (en termes acad?miques) se sont succ?d?es, mais toujours dans le cadre d?initiative individuelle hors de tout programme institutionnel. Il s?agit de la g?n?ration d?Ahmed Chahlan et Mohanmed Elmedlaoui, de celle de leurs anciens ?tudiants-doctorants, et enfin celle des ?tudiants-doctorants de ces derniers, qui commencent aujourd?hui ? soutenir leurs th?ses, qu?ils ont choisies, chacun(e)s d?entreprendre et de soutenir ? titre d?aventure individuelle et dans des conditions acad?miques pr?caires, voire hostiles, hors de tout projet institutionnel, ? l?instar des exp?riences ?de leurs pr?d?cesseurs.

La succession de ces quatre g?n?rations, dont les unes ont form? les unes les autres, a ainsi op?r? un grand tournant culturel et intellectuel dans la conscience national marocaine. Il s?agit de la d?-communautarisation du savoir portant sur l?affluent h?bra?que de l?identit? et de la culture marocaine et de l?outillage linguistique n?cessaire ? ce savoir dont la valeur n?est plus ?valu?e ? l?aune des pourcentages de d?mographie ethnoculturelle, gr?ce ? la lettre et ? l?esprit de la nouvelle Constitution.

Maintenant, c?est ? l?action institutionnelle de suivre sur le plan de la politique publique en mati?re des langues et de la culture marocaine.