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École marocaine : Akhannouch défend les établissements pionniers tremplin ‘’d’un saut qualitatif inédit

‘’Lancé en 2022, ce chantier a rapidement dépassé le stade expérimental. À ce jour, plus de 2 600 écoles primaires ont été intégrées au programme, couvrant 30 % des enfants scolarisés. Forts du succès des premières écoles pionnières, les établissements du secondaire collégial ont été intégrés au dispositif’’ (Aziz Akhannouch)
A la séance des questions orales mensuelle consacrée à la politique générale, le Chef du gouvernement a défendu le projet des établissements pionniers, indiquant que le Maroc trace une nouvelle trajectoire pour son système éducatif. Axée sur ‘’l’équité, l’innovation pédagogique et la revalorisation des enseignants, la réforme en cours – appuyée par les écoles et collèges pionniers – vise à faire émerger une école publique moderne, inclusive et résolument tournée vers l’avenir’’ a-t-il dit. Retour sur les principaux thèmes développés.
‘’De l’école pionnière à l’université d’excellence’’
C’est devant les parlementaires réunis à la Chambre des représentants que le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch a dressé, lundi 19 mai, le tableau d’une réforme éducative qu’il qualifie de « révolutionnaire ». Le cœur de cette démarche : la mise en œuvre progressive du projet des établissements pionniers, pilier d’une refondation qui entend offrir à la jeunesse marocaine une école de qualité, accessible et adaptée aux exigences du XXIe siècle.
Lancé en 2022, ce chantier a rapidement dépassé le stade expérimental. À ce jour, plus de 2 600 écoles primaires ont été intégrées au programme, couvrant 30 % des enfants scolarisés, soit environ 1,3 million d’élèves, selon le Chef du gouvernement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les élèves de ces établissements pionniers affichent de meilleures performances dans les apprentissages fondamentaux que 82 % de ceux qui n’en bénéficient pas. Une dynamique positive qui justifie, selon Akhannouch, l’élargissement et la généralisation progressive du modèle à l’échelle nationale.
‘’Une école connectée, équitable et résiliente’’
L’école pionnière n’est pas une simple amélioration du cadre éducatif : elle propose un changement de paradigme. La méthode "TARL" (Teaching at the Right Level), qui structure le dispositif, repose sur une évaluation continue des acquis des élèves, afin de les accompagner selon leur niveau réel, en misant sur l’explicitation, la répétition intelligente et le soutien personnalisé.
Mais l’innovation ne s’arrête pas à la salle de classe. Une large digitalisation est à l’œuvre a fait prévaloir M. Akhannouch : plus de 30 000 salles ont été équipées de matériels techniques et pédagogiques modernes. Un réseau numérique performant est en cours de généralisation pour garantir un accès équitable à tous les élèves, quel que soit leur lieu de résidence. Cette stratégie se double d’un effort massif en infrastructures : 189 nouvelles écoles primaires ont vu le jour cette année, dont 129 en milieu rural.
En parallèle, les écoles communautaires ont été renforcées pour lutter contre la déperdition scolaire, notamment dans les zones isolées, avec un objectif de 335 établissements accueillant 90 000 élèves d’ici 2025.
‘’Le collège pionnier : nouveau front contre le décrochage’’
Le gouvernement ne se limite pas à l’enseignement primaire. Forts du succès des premières écoles pionnières, les établissements du secondaire collégial ont été intégrés au dispositif. Près de 230 collèges ont rejoint le programme dès la rentrée 2024-2025, touchant plus de 200 000 élèves encadrés par 6 000 enseignants et 600 inspecteurs.
Ces établissements misent sur une approche intégrée qui dépasse les seules performances académiques. Quatre piliers structurent l’intervention, a encore souligné le Chef du gouvernement : soutien individualisé, développement des compétences personnelles (self-skills), mise en place de cellules de veille psychosociale, et valorisation des activités parallèles (arts, sport, théâtre, entrepreneuriat). Une allocation annuelle minimale de 200 000 dirhams est prévue pour chaque établissement afin de financer cette diversification pédagogique.
‘’Une mobilisation nationale pour la qualité’’
Le projet des écoles pionnières n’aurait pu voir le jour sans l’engagement massif de la communauté éducative. Plus de 44 000 enseignants y participent déjà, épaulés par 560 inspecteurs et 2 626 directeurs. Leur formation continue constitue un axe central de la réforme : des sessions spécifiques en enseignement explicite et TARL sont organisées pour les enseignants du primaire, tandis que les cadres administratifs et les spécialistes sociaux bénéficient eux aussi de cycles adaptés.
Le coût annuel de fonctionnement d’une classe pionnière est estimé à 8 000 dirhams pour le primaire et à 12 500 dirhams pour le collège. Pour la première année de mise en œuvre, ces montants montent respectivement à 25 000 et 30 000 dirhams par classe, hors masse salariale.
‘’Revalorisation des enseignants : un chantier de justice sociale’’
En parallèle de la refonte pédagogique, le gouvernement a entrepris une vaste réforme statutaire et salariale des enseignants. Aziz Akhannouch l’a souligné : le statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale représente une avancée historique, marquant la fin du dossier des enseignants contractuels. Plus de 115 000 enseignants ont été titularisés, pour un coût global de 2,4 milliards de dirhams.
Une augmentation salariale de 1 500 dirhams a été accordée à 330 000 fonctionnaires dès la première phase, pour un montant avoisinant les 5 milliards de dirhams. S’y ajoutent des indemnités complémentaires pour 100 000 agents, et des régularisations administratives massives portant sur les arriérés d’avancements depuis 2017. “C’est le fruit d’un dialogue social sectoriel constructif, qui donne sens à notre contrat avec la nation”, a affirmé le Chef du gouvernement.
Afin de garantir une montée en compétence continue, une convention-cadre pour la formation initiale et continue des enseignants a été lancée dès 2022. Doté d’un budget de 4 milliards de dirhams jusqu’en 2025, ce programme vise à redonner ses lettres de noblesse au métier d’enseignant, en le plaçant au cœur de la réforme. Il ne s’agit plus de recruter par défaut, mais de faire de l’enseignement un choix éclairé et valorisé.
‘’L’école de la résilience’’
Dans les régions touchées par le séisme d’Al Haouz, plus de 165 établissements ont été rénovés ou reconstruits. Les travaux continuent sur 763 autres structures pour la rentrée prochaine. En parallèle, le soutien social a été renforcé : 3,1 millions d’élèves ont bénéficié de la bourse de rentrée scolaire, plus de 640 000 du transport scolaire, et 115 000 des cantines – une hausse significative sur l’année.
Les manuels scolaires ont également fait l’objet d’un effort particulier, avec une subvention de 25 % sur les prix pour alléger la charge des familles.
Tout au long de son discours, Aziz Akhannouch a rappelé que cette réforme s’inscrit dans la Haute Vision de SM le Roi Mohammed VI, pour qui l’éducation constitue, depuis son premier discours du Trône en 1999, une priorité nationale. En 2015, le Souverain appelait déjà à une refonte qui garantisse l’acquisition des langues, des compétences scientifiques et une véritable insertion sociale.
Ainsi, le gouvernement mobilise plus de 85 milliards de dirhams en 2025 pour le secteur, contre 68 milliards en 2019. Ce bond budgétaire reflète une volonté politique claire : faire de l’école publique le socle d’un Maroc équitable, juste et prospère.
‘’Une ambition durable’’
La réforme de l’éducation n’est pas une opération cosmétique, ni un slogan électoral. C’est un chantier de longue haleine, de courage politique et de persévérance institutionnelle. Comme le souligne Aziz Akhannouch, “ses fruits ne se récoltent pas en un seul mandat, mais s’épanouissent dans la durée, par l’accumulation d’efforts concertés”.
L’école de demain commence aujourd’hui, dans chaque classe pionnière, chaque enseignant revalorisé, chaque élève accompagné. Et si les défis restent immenses, l’orientation prise semble déjà, assure le Chef du gouvernement, porter les germes d’une transformation profonde, pour faire enfin rimer éducation avec émancipation.