La cause… Par Samir BELAHSEN

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'Représentation du processus pour l'hérésie d' Ibn Rochd (Averroes) (1126-1198) philosophe, théologien rationnel, juriste, mathématicien et médecin musulman andalou. Bien avant lui, Galilée avait été jugé et condamné par l’inquisition de Rome

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“Mourir pour une cause ne fait pas que cette cause soit juste.”

 Henry de Montherlant

 

“Se battre pour une cause juste est déjà une victoire.”

Citation anonyme

En Droit, l’une des conditions de validité d'un contrat est la « cause licite dans l'obligation ». La cause, c'est « la raison » pour laquelle une personne s'engage contractuellement.

En littérature, il y a toujours eu, et encore aujourd'hui, une littérature engagée. Des plus nobles aux plus ignobles, les engagements, les causes ont toujours meublé l'univers littéraire puis médiatique.

La Cause littéraire ?

Mais La littérature, est-elle, en elle-même, un objet possible d'engagement ? Une cause méritant un combat ?

Certaines branches de la littérature le sont, à mon sens, plus que d’autres. La poésie, par exemple, est bien une« cause » à défendre et je dirais même à prioriser. 

Elle le mérite pour qu’elle prenne la place qui lui revient dans l'intelligence des sociétés humaines civilisées.

La littérature est en soi une cause, un combat, un combat pour la liberté. 

Historiquement, tous les tyrans ont réservé à la littérature, aux livres et aux écrivains une attention particulière. 

On était, et on est, soit intégré à la propagande officielle ou on était, et on est, persécuté. 

Depuis les Romains qui reviennent le plus souvent dans les hypothèses de la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, la destruction de Bagdad par les Mongoles, la Russie des tsars, l'inquisition espagnole, la tyrannie des colonels en Grèce, le Chili de Pinochet, comme en Allemagne nazie, les fanatiques et les tyrans ont combattu la littérature et les écrivains. C’est ce qui nous a donné de belles œuvres de résistance et de rébellion.

Ce sont peut-être les meilleurs, quand bien même je n’aime pas le terme, les superlatifs m’ayant toujours dérangé.   

Je voulais juste dire que si l'histoire de l’humanité est chargée de rébellions, l’histoire littéraire l’est encore plus parce qu’elle englobe aussi des rebellions intimes.

Dans la littérature française, Jean-Paul Sartre reste le symbole de l’engagement de l’écrivain. Pour lui un texte n’est jamais neutre par rapport à l’époque où il est écrit, sauf la poésie qui, parce qu’elle traite des mots comme la peinture le fait des couleurs, peut ne porter aucun message.

Pour Sartre, tout écrivain doit savoir qu’il est impliqué dans ce qu’il écrit, et qu’il implique son lecteur. Il doit écrire en s’engageant consciemment, en sachant qu’il écrit toujours pour un public désigné, qu’il répond à une urgence.

En Chine, bien que le récit national officiel se concentre sur une suite de dynasties autoritaires et crée le stéréotype d'un peuple chinois obéissant et soumis, la littérature Chinoise nous apprend qu’il n’en est rien. 

Le cycle dynastique, était ponctué de renversements d'empereurs puissants par des rebellions et des révolutions populaires ou encore des coups d'Etat militaires, qui ont conduit le pays au chaos avant qu'une nouvelle dynastie soit installée.

Shi Nai'an dans son roman “Au bord de l'eau”, raconte l'histoire de 108 rebelles, dont 3 femmes qui se rassemblent sur le mont Liang pour confronter les autorités corrompues. On raconte que Mao avait lu et adoré ce roman.

On retrouve dans d’autres œuvres ces chevaliers errants, tous talentueux et courageux. Les différentes dynasties Ming et Qing, interdisaient bien entendu ces œuvres.

Dans la littérature Arabe contemporaine, deux évènements majeurs ont façonné la littérature engagée, le premier est la création de l’entité sioniste, le deuxième est celui de la défaite de 1967.

C’est ainsi que la cause palestinienne était considérée comme la cause. Le printemps Arabe est arrivé à l’ère des réseaux sociaux, son effet sur la littérature reste encore limité malgré quelques essais de grande valeur. 

Serait-on arrivé à une période de pluralité des causes, de vacuité des causes, de petitesse de causes ou d’absence de cause ?