Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - EMIR KUSTURICA UN CINÉASTE AUX TALENTS EXCEPTIONNELS

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“Underground“, le film qui a signé son retour au pays qui lui a rapporté sa deuxième Palme d’or au Festival de Cannes 1995

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Chronique ''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - CES MALEDICTIONS QUI  CONTINUENT A SAINGNER A BLANC LE CINEMA NATIONAL !

« Les films sont d’abord un moyen de relier les êtres et les choses... Et Chaque film est l’émanation d’une vision personnelle de la réalité ». Emir Kusturica.

Le serbe Emir Kusturica, né à Sarajevo le 24 novembre 1954, ayant développé très jeune de forts penchants pour le cinéma, avait été envoyé par son père étudier le cinéma à l’Académie du Film et de la Télévision (FMAU) de Prague. En 1978, il réalise son court métrage de fin d’études, “Guernica“, qui obtient le premier prix du cinéma étudiant du Festival International du Film de Karlovy-Vary, un film qui traite du thème de l’antisémitisme vu par un petit garçon, et qui augure déjà du penchant de Emir Kusturica pour les films s’attaquant à des thématiques humanistes brûlantes.

Fort de ce premier prix, il décroche un contrat avec la télévision et réalise un moyen métrage, “Les jeunes mariés arrivent“, qui traite du thème de l’inceste, très explicitement influencé par l’approche cinématographique d’Andrei Tarkovski. Jugé portant atteinte aux valeurs religieuses, le film fut interdit à toute diffusion.

Il réalise alors son premier long métrage, « Te souviens-tu de Dolly Bell ? », un film presque autobiographique, qui raconte les grandes difficultés pour un groupe d’enfants du Sarajevo des années 1960 de rêver d’une vie comparable à celle de l’Occident sous un régime aussi autocratique que celui de Tito. Dans ce film, on se rend compte déjà des multiples talents du réalisateur, alliant les dons du conte, de la satire et du portrait dans un agencement poétique bien attachant. Il y montre également un sens bien concis de l’observation des us et coutumes de la société multiethnique de la Yougoslavie. Les cinéphiles avaient découvert ainsi la vision particulière du jeune réalisateur yougoslave qui a obtenu avec ce premier film le Lion d’or de la Première Œuvre à la Mostra de Venise, ainsi que le Prix de la Critique au Festival International du Film de São Paulo.

Ces consécrations vont contribuer à booster la carrière internationale du jeune cinéaste Emir Kusturica. 

UNE BRILLANTE CARRIÈRE INTERNATIONALE

Et c’est le deuxième long métrage du réalisateur, “Papa est en voyage d'affaires”, qui allait définitivement asseoir la brillante carrière internationale du cinéaste. L’histoire du film peut être résumée ainsi : “En 1952 en Yougoslavie, au moment où Tito se libère de la mainmise de Staline, il n'est pas bien vu de laisser paraître des penchants staliniens. Mesa, le père du garçon Malik, victime d'une vengeance de sa maîtresse délaissée, est envoyé en camp de travail. Mais les membres de la famille présentent ce fait à Malik et son frère comme un long "voyage d'affaires". Lorsque la famille est à nouveau réunie, Malik redécouvre son père, et connaît ses premiers émois amoureux…“.

Kusturica travaille sur ce deuxième film dans la perspective de réaliser une trilogie sur Sarajevo, sa ville natale. Le projet du troisième volet n’a pas vu le jour jusqu’à présent, mais ce deuxième film, vif témoignage de la douleur des familles séparées par l’arbitraire politique des régimes totalitaires, a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes 1985. Ce prestigieux prix donne un grand coup de pouce à la carrière du jeune réalisateur, le propulsant au rang des plus grands cinéastes.

Parallèlement à cette carrière cinématographique, Kusturica ne délaisse pas son autre passion et talent : la musique. Il rejoint le groupe de ses amis “Zabranjeno pusenje“ (No Smoking), un groupe de rock bosniaque, en tant que bassiste. A partir de là, il fréquente toute la scène musicale yougoslave et se lie plus particulièrement avec Goran Bregovic, auteur-compositeur et guitariste de rock devenu une grande star nationale dans l’ex-Yougoslavie, notamment avec le groupe Bilelo Dugme.

UNE FORTE SYMBOLIQUE SOCIO-POLITIQUE

Si sa première Palme d’or lui avait ouvert les portes des producteurs internationaux, y compris la major américaine Columbia qui lui propose un contrat bien juteux suite à quoi il s’installe aux Etats-Unis, c’est “Underground“, le film qui a signé son retour au pays qui lui a rapporté sa deuxième Palme d’or au Festival de Cannes 1995. Il y aborde le difficile thème de la guerre interethnique dans l’ex-Yougoslavie et couvre une cinquantaine d’années de sa douloureuse histoire, de l’invasion nazie de 1941, aux sanglantes batailles ethniques des années 1990 en passant par la dictature Tito. C’est une adaptation de la pièce “Le printemps en janvier“ du dramaturge Dusan Kovacevic, qui a coscénarisé le film avec le réalisateur. On peut dire que ce film est la parfaite représentation de la singularité cinématographique de Kusturica sur les plans thématique, esthétique, de la symbolique socio-politique et même onirique.

Oui, le cinéma de Kusturica procède bien d’une approche douloureuse de l’Histoire de l’Humanité, une certaine “esthétique de la douleur“, mais enrichie par une grande force poétique et visuelle. Et c’est le point de départ des polémiques et critiques soulevées par ses films, où se mêle inextricablement politique et religieux. Mais, quoi qu’on puisse en dire, il demeure l’un des cinéastes les plus singuliers dans l’Histoire du Cinéma.      

FILMOGRAPHIE (LM)

« Te souviens-tu de Dolly-Bell ? » (2009) ; « Papa est en voyage d’affaires » (1985) ; « Le Temps des Gitans » (1988) ; « Arizona Dream » (1993) ; « Underground » (1995) ; « Chat noir, chat blanc » (1998) ; « La vie est un miracle » (2004) ; « Promets-moi » (2007) ; « Maradona » (Documentaire – 2008) ; « On the Milky Road » (2017) ; « El pepe, una vida suprema » (Documentaire - 2018).

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