La politique a-t-elle un avenir ou l’avenir se fera-t-il sans la politique ?

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La campagne électorale ne présage rien de bon pour la suite. La cacophonie, l’insulte et l’ignominie emboîtent le pas aux programmes, aux débats et même à l’éthique

L’annonce de la candidature de Hammad Kabbaj a retenu, sous l’effet de la surprise et de l’étonnement, le souffle de nombreux observateurs avant de libérer une déferlante dans le milieu politico-médiatique et pulvériser les records de commentaires et de prises de prises de positions dans les réseaux sociaux.

L’invalidation de sa candidature, même si elle n’était ni fine politiquement ni subtile juridiquement n’a pas été reçue avec surprise et étonnement de la part des instances dirigeantes du PJD!

Pourtant les griefs sont nombreux et ne manquent pas de pertinence: Il n’appartenait pas au Wali de formuler des attendus ni de prononcer une sentence qui sont du ressort du juge. C’est au ministre  de la justice et de surcroît des libertés d’actionner un recours en annulation de la candidature de Kabbaj même  si celle-ci ne devait revêtir que le caractère de l’atteinte aux droits de l’homme à l’exclusion de tous autres motifs.

Tout un chacun parmi nous a eu l’occasion au moins une fois d’éprouver du rejet et du dégoût face à ses prises de positions empreintes de racisme, de sexisme, de terreur et de violence. Ce qui introduit de l’agacement, c’est que le PJD, un parti aux affaires ayant par ailleurs réussi à maintenir avec plus ou moins de succès le cap durant toute une législature, ne se soit pas rendu compte de l’impertinence de propulser cet individu au devant de la scène médiatique et feint d’ignorer une pratique devant ipso-facto le  conduire hors course  électorale.

Tout prête à croire que  le prélude Hammad Kabbaj n’aurait servi qu’à chauffer la précampagne électorale-à l’instar des grands rencontres politiques où le leader n’intervient  qu’après l’échauffement du meeting par des intervenants spécialisés

Aurait-on substitué au silence des instances du PJD un discours de l’extrême comme pour dire dans une lecture à plusieurs variantes que c’est eux, et eux seuls, qui sont non seulement capables d’intégrer mais aussi de  dompter  l’extrémisme et d’en juguler sa violence, laissant aux autres un discours de hurlements sans conséquences !

Sur ce registre, la manifestation du dimanche à Casablanca est un travestissement de tous les codes de déontologie et de l’éthique politiques.
On ne fait pas de la politique en faisant peur à l’autre ou en se faisant peur à soi-même juste pour mesurer sa charge d’adrénaline.
La politique est d’abord  un art.

Un art majeur qui se nourrit de règles même lorsqu’il est dans la pure abstraction et d’une éthique qui élève les différentes composantes de la société, au delà de la morale et autres humanités, au rang de l’esthétique, de l’instruction et des droits de l’homme.

Or, ce qui s’est déroulé, sous nos yeux, est une parodie kafkaïenne qui dépasse l’entendement et un pied de nez à tout un chacun qui veut encore croire que la politique à encore un avenir dans ce pays. Lorsque le vice s’empare, de la vie publique, à cette échelle, peut importe qui en est l’instigateur, ni de quelle complicité il a bénéficié. Le but recherché s’en trouve relégué  derrière le mal qu’il fait subir aussi bien au processus électoral qu’à l’édification de l’Etat démocratique apaisé et serein.

A l’évidence, ce sont les urnes qui détermineront le maintien ou l’alternance au gouvernement actuel.
L’agit–prop, l’agitation propagande requiert des compétences particulières et une connaissance rigoureuse du mouvement social et politique sur lequel elle s’exerce. Les partis communistes et les centrales syndicales ont en fait leur matrice de communication:
La manifestation de Casablanca est une grande opération de  communication politique ratée et irréfléchies.

Le  feuilleton Hammad Kabbaj même s’il a fait montre de discipline et de sérénité face au comportement, pas toujours compréhensible, des instances dirigeantes du PJD, n’en suscite pas moins de grandes et multiples interrogations quant à l’avenir du processus démocratique dans son ensemble même à considérer que cette formation demeurera le premier parti à l’issue des prochaines élections.

*Ancien secrétaire général de la Chambre des représentants, ancien ambassadeur