Le public Marocain fait la fête, le Brésil perd la tête, le Pérou nous tient tête – Par Anouar Berra

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Contrairement à ce qui circule sur les réseaux sociaux, le Maroc ne gagnera pas de places au classement FIFA à la suite de ces 2 derniers matchs et devrait se suffire de consolider sa place de 11ème mondial.

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Si vous êtes à la quête d’une kyrielle d’éloges à l’égard des lions de l’atlas pour leurs deux dernières sorties, vous n’êtes pas sur le bon papier…Vous êtes encore-là ? Alors analysons à froid ce qui s’est passé contre le Brésil et le Pérou.

Le choix de la fédération des adversaires laisse comprendre que la Copa America est plus prioritaire que la coupe d’Afrique. Le Maroc a affronté 4 équipes latines sur ses 5 derniers matchs amicaux : le CHILI, le PARAGUAY, le Brésil et le Pérou. Il est vrai que pour cette dernière date FIFA, les nations africaines et européennes avaient la tête aux qualifications de leurs coupes continentales.

Au-delà du choix qui est surprenant mais qui a le mérite d’être clair, je ne comprends pas la contrainte de se limiter à 3 jours de repos entre les 2 matchs. Les Brésiliens sont arrivés en début de semaine dernière au Maroc et on pouvait bien les affronter vendredi soir. Ça nous aurait permis de voir un meilleur match contre le Pérou le mardi suivant. Je ne comprends pas non plus pourquoi on s’est mis la contrainte de jouer à 21h :30 à Madrid soit à peine 30 minutes après la rupture du jeûne. Le match aurait dû démarrer à 22h :30 pour amortir le coup de barre violent de la phase digestive.

Le classement FIFA

Les matchs purement amicaux n’existent plus. Il n’y a plus que des matchs à enjeu. Le Brésil, après cette défaite face à nos valeureux lions, est sûr de perdre la tête du classement mondial au profit de l’Argentine récent champion du monde. Les lions ont fait du jeu brésilien face aux Brésiliens et la copie rendue a littéralement effacé l’originale. Les Brésiliens ont joué ce soir à Tanger en rouge et vert. Ils ont littéralement fait danser les danseurs du Samba sur des rythmes locaux. Tout y était : Conservation de balles, dribbles dans les petits espaces, petits triangles, gestes techniques & transitions fluides. Quant à Sir Wahid HALILODZIC qui nous a souvent qualifiés de nation de foot sans histoire, nous continuons à écrire l’histoire sans lui. 

Contrairement à ce qui circule sur les réseaux sociaux, le Maroc ne gagnera pas de places au classement FIFA à la suite de ces 2 derniers matchs et devrait se suffire de consolider sa place de 11ème mondial. Certes la victoire contre le Brésil rapporte des points, mais on oublie deux paramètres qui ne jouent pas en notre faveur. D’abord le match nul contre le Pérou est une contre-performance contre le 22ème mondial. Puis les points perdus lors de la dernière CHAN car la FIFA n’a pas encore statué si ce sont des défaites à la suite d’un retrait de la compétition ou bien c’est la conséquence d’une force majeure.

Maroc – Brésil : Le pitch du match

Les Brésiliens se présentent avec 5 étoiles intimidantes sur le maillot devant des Marocains très motivés sur leur terrain. Une victoire historique à la clef mais bizarrement pas surprenante. Le rêve Qatari se poursuit pour le public marocain. Ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement à DOHA, avaient hâte de voir leurs chouchous et le match s’est joué à guichets fermés devant une marée de 65.000 supporters survoltés. Les Brésiliens ne craignaient qu’une chose : l’entrée de HAMDALLAH mdr… contrairement aux Marocains pour les mêmes raisons désormais comprises par tous. Tous ? enfin, tous sauf visiblement Rass l’avocat, ou ceux qui lui mettent cette pression absurde. Si HAMDALLAH pointe son petit orteil sur le terrain, Brésiliens comme Marocains savaient qu’Il n’y aurait plus de profondeur dans notre attaque, plus aucun espoir de but non plus.  

La rencontre débute avec 10 minutes de retard. Un hymne national Brésilien chanté dans le plus grand respect et applaudi à la fin. Nous pouvions faire encore mieux si chacun de nos supporteurs observait le numéro du siège qui figurait sur son ticket. Pas d’excuses, les chiffres sont arabes.

Le rythme est bas, très bas tout au long de la partie. Pour ceux qui jeûnent ça se comprend, pour les invités du soir, ça se comprend un peu moins. Dès le début de la rencontre, les Marocains, très détendus et souriants face à des Brésiliens crispés et protestataires, mettent le pied sur le ballon et montrent plus d’envie. Le danger brésilien est venu à la 23ème minute à la suite d’une sortie hasardeuse de BONO mais ce dernier se rattrape en arrêtant à 2 reprises les tirs qui prenaient le chemin des filets. 2 minutes plus tard, une autre sortie fantaisiste de BONO. Vinicius en profite et met le ballon au fond des filets mais la VAR annule pour un hors-jeu indétectable à l’œil nu. 

Hakimi n’a pas été cantonné dans un rôle purement défensif et a animé le côté droit de l’attaque marocaine. Il a été dans le même rôle qu’au PSG mais ceci a été possible grâce au travail extraordinaire de Nayef AGUERD en couverture pour inhiber la magie de Vinicius JUNIOR. 

A la 29ème minute, une, deux entre BOUFAL et ELKHANOUS qui pousse littéralement ENNSEYRI pour faire lui-même la passe décisive. BOUFAL ouvre le score après avoir pivoté sur lui-même en éliminant trois adversaires. Ça sera le score à la mi-temps. Casemiro égalise ensuite pour le Brésil à la 67ème sur un tir anodin qui trompe un BONO méconnaissable. Les lions reprennent l’avantage 12 minutes plus tard sur une passe décisive fortuite de CHEDIRA et une belle reprise de volée de SABIRI, le remplaçant de luxe, qui finit en transversale rentrante. A noter, l’excellent débordement d’ATTIATALLAH qui crée le déséquilibre dans la défense de la seleçao. 

Sur les pas du Futsal, les lions ont fait un match sérieux et ont littéralement marché sur les danseurs du Samba. Battre le brésil reste un trophée et ceci a été rendu possible grâce à un AGUERD et un AMRABAT des grands soirs.

Maroc – Pérou Le pitch du match – un match soporifique

La rencontre débute avec 5 minutes de retard. Un match soporifique qui me rappelle ces matchs de la Botola « championnat marocain » des années 80 de ces dimanches pluvieux. 

Pour la première fois depuis le match Congo-Maroc des barrages de coupe du monde, le public adverse est majoritaire dans les gradins, le Maroc joue enfin à l’extérieur. Les lions ont perdu la quasi-totalité des duels aériens par souci de timing et aucunement par déficit de taille. Les Péruviens donnaient l’impression qu’ils voulaient tellement le ballon mais essayaient aussitôt de s’en débarrasser sans jamais s’approcher de notre surface ni tenter le moindre tir. Qu’attendre de plus de joueurs mondialement inconnus ? 

Ziyech a perdu sa précision légendaire du pied gauche. Il m’a donné l’impression qu’il centrait avec une balle de basketball. On déplore 2 cartons rouges lors d’un match amical. Fait rare dans le football. Celui de Boufal est mérité. Sa réaction est inacceptable d’un Pro, encore moins dans un match amical. 

MAZRAOUI, de retour de 3 mois de blessure, a rassuré sur le côté droit. AMRABAT a été monstrueux sur son poste. La demande de Walid de le mettre sur le côté droit nous a rappelé une vieille plaie pas tout à fait guérie du match Maroc – Iran. Il ne faut plus réitérer cette folie. AMRABAT est le milieu défensif central par excellence. 

Enfin Hamdallah rentre à la 75ème minute. Il est l’homme prolifique pour débloquer ce match. Son entrée est célébrée par le public péruvien. Il touche une seule balle mais c’est suffisant pour une story sur Instagram. Un fait qui a particulièrement retenu mon attention : un coup franc de Ziyech à la 92ème minute. Hamdallah se met ostentatoirement dans une position d’hors-jeu comme pour dire, si ce n’est pas moi, alors personne ne marquera. 

La marge de progression est intéressante :

Ce qui a bien marché a été largement relayé par les confrères, je me prête volontiers à l’exercice de pointer ce qui était perfectible lors de cette dernière sortie des lions. Cette équipe a une marge phénoménale de progression.

Luis Fernandez disait « Le champion tire les leçons du passé, concrétise le présent, pense le futur ». Le futur marocain ne peut être pensé sans l’échéance majeure à venir qui est la CAN de Janvier 2024 en côte d’ivoire.  Alors quelques points à améliorer pour ne pas décevoir : 

  1. Il faut soigner le retour des vestiaires. Une statistique croustillante : Le Maroc, sous l’ère Walid, a joué 12 rencontres et n’a jamais marqué dans les 20 minutes suivant la pause et s’est souvent montré très fébrile entre la 45ème et la 65ème minute

  2. Il faut relativiser les propos mielleux et très flatteurs des médias arabes et africains à l’égard de notre équipe nationale. Ils ne font que rendre le costume de favori de la CAN encore plus lourd à porter. 

  3. Le banc de touche n’est pas prêt. une blessure et rien ne va plus sauf pour nos adversaires encouragés par un certain Wahid HALILODZIC qui s’en réjouirait. Il faudra très vite préparer des substituts de qualité comme MOHAMMADI, ABOUKHLAL, SABIRI, ELYAMIQ & CHEDIRA. 

  4. Il faudra bien travailler sur l’animation offensive. Nous avons aussi perdu de notre efficacité sur les coups de pied arrêtés qui représentent une solution de luxe contre les équipes au double rideau défensif. Le Maroc a marqué 5 de ses 8 buts lors de la dernière CAN sur coup de pied arrêté. 

  5. Il faut arrêter la sélection de joueurs inutiles. Walid continue à faire appel aux services de quelques éléments sans apport. HAMDALLAH n’a pas le niveau, ZAROURY n’est pas encore prêt. Le numéro 10 est trop lourd pour lui. Il a rendu une copie médiocre face au Pérou. Ok c’est difficile de rentrer en équipe nationale mais il faut avoir l’intelligence de jouer simple et de faire un peu plus d’efforts en phases défensives. ELKHANOUS est bon mais il a un profil un peu trop offensif qui lui fait encore oublier ses rôles défensifs. Ce poste devrait être occupé par un SABIRI ou AMALLAH bien plus équilibrés offensif / défensif

  6. Dès que les lions croisent le fer avec une équipe défensive qui ne donne pas d’espace, nous avons l’impression de jouer devant un miroir. Les deux équipes se regardent, se cherchent mais il n’y pas de spectacle, pas de foot non plus

  7. Non au suffisantisme comme lors de la première période contre le Brésil. Nous avions la possibilité de mettre plus de buts. Nous n’avons pas assez tiré de loin pour tester un portier brésilien moyen

  8. Nous avons beaucoup insisté sur le côté droit. Il suffit de voir que les 2 buts marocains sont arrivés du côté gauche. 

  9. Walid a annoncé qu’il allait sacrément faire tourner son effectif lors des 2 prochains matchs de qualification contre le Libéria et l’Afrique du Sud. C’est clairement une erreur, il faut voyager avec l’équipe type pour rentrer le mood de la compétition africaine loin des hôtels cocooning, des organisations impeccables et des stades magnifiques d’entraînement

  10. Préparer ses poulains à ne pas perdre les nerfs et rester professionnels. Il y aura de la provocation de tout genre lors de la CAN et il ne faut pas rentrer dans des pugilats inutiles qui nous priverait de joueurs importants

DIMA MAGHREB

 

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