Selon que tu es ‘’Banania’’ ou pas les médias français te feront blanc ou noir

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Cette publicité de chocolat fait de fèves africaines, c’est ce qui restera en définitif de la puissance coloniale de la France pour rappeler son ignominie

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Dans un Cercle qu’anime le Quid.ma sur les réseaux sociaux, Larbi Bargach, cadre financier à la retraite, observateur du monde et des choses de la vie, peintre à ses heures exposant actuellement au Dawliz à Salé, a publié un cri de cœur où il continue, « avec la force du désespoir, à croire en un sursaut de ses élites pour remettre le train [l’attitude française à l’égard du Maroc] sur ses rails ». J’ai réagi pour lui dire que je si je comprends son amertume, je ne partage pas sa nostalgie de la France du belge Brel. Il y a longtemps que je suis revenu des illusions instillées par mes enseignants français à un âge où l’on est comme une éponge, prêts à tout absorber. C’est son texte et ma réaction, que le Quid.ma partage avec ses lecteurs. Naïm Kamal

Ceux qui aiment la France pour y avoir vécu, fait des études ou tout simplement admiré la culture continuent, avec la force du désespoir, à croire en un sursaut de ses élites pour remettre le train sur ses rails. Ces gens-là gardent de la France le souvenir des chansons du Belge Brel, des débats politiques de feu Marchais face au regretté Elkabbach qui vient de nous quitter, son « Taisez-vous M. Elkabbach ! » nous manque aujourd’hui, des soirées du cinéma italien d’Ettore Scola, des soirées de l’UNEM interdite au Maroc et tellement crédible en France etc. Ils ont le souvenir du Monde qu’ils achetaient le mardi pour la page économique le reste de la semaine pour s’informer. Ils sont bien tristes aujourd’hui devant le spectacle désolant du « Monde ». Il est passé des mains d’un proche des milieux mafieux russes à celles d’un milliardaire que le cinéma porno a enrichi et qui est passé par la case prison. Pas celle du Monopoly, l’autre.

Ce journal, jadis référence s’est fendu d’une série de 3 articles sur le Maroc qui interpellent par leur dialectique. Le premier concernait les suites du séisme et de leur prise en charge par les autorités marocaines. Réagir à ce papier c’est lui donner de l’intérêt. Il en a un, certes il a permis à son auteur de se défouler et sortir toute la haine qu’il a pu accumuler ces dernières semaines avec la collection impressionnante de trophées attribués pour les différents échecs français notamment en Afrique. Si on peut rendre service pourquoi hésiter ?  

Le deuxième est plus sérieux, il s’attaque au désamour franco marocain et en donne des explications qui frisent l’honnêteté intellectuelle. 

Dans un premier temps il s’attaque à des personnalités qui expriment leur attachement au Maroc. Jack Lang, Rachida Dati Nicolas Sarkozy, Dominique De Villepin, Dominique Strauss Kahn, Jamal Debbouze, Bernard Henri Levy autant de personnalités qui n’ont rien à voir les unes avec les autres sont montrées du doigt et associées à la Ville de Marrakech. Pas n’importe laquelle, celle qu’ils essayent de salir en suggérant un côté sombre pour la ville. Marrakech est une des plus villes du monde. Elle attire les plus grands de ce monde pour les ondes qu’elle dégage pour ses odeurs, ses couleurs, sa générosité et la personnalité de ses habitants. C’est ici que venait Churchill pour se reposer, se ressourcer et peindre. Churchill c’est ce premier ministre anglais qui a sauvé la France lors de la deuxième guerre mondiale. Qui a permis à De Gaulle de devenir ce qu’il est devenu et à la cinquième République d’exister. C’est ça Marrakech, dites-le à l’auteur de l’article, si ce papier venait à passer entre vos mains. C’est aussi une oasis en plein désert qui flirte avec les neiges éternelles du Haut Atlas. Un spectacle unique au monde. Associer ces personnalités à la ville c’est les associer à la gloire qu’elle a permis pas aux ragots qu’il insinue. 

Ensuite, il évoque l’inimitié entre le souverain et M. Macron en se référant à feu Chirac. Waouh ! Il fallait un raccourci pour passer à feu Hassan II et à l’époque des tristes années de plomb. La démarche est limpide, il s’agit de dérouter le lecteur pour qu’il associe les personnalités proches du Maroc à la débauche, propre des plus grandes villes du monde. C’est à Hambourg et Amsterdam qu’il y avait des femmes en vitrine, et associer le règne de Mohammed VI à celui des années les plus sombres de son père. Il oublie que Feu Hassan II a instauré l’alternance qu’il a présidé le défilé du 14 juillet, qu’il a prononcé un discours au sein de l’assemblée nationale française et qu’il est l’initiateur des prémisses d’une démocratie encore en construction et dont le chemin est encore compliqué. 

C’est sur cette période que sa plume va se bloquer, c’est facile et il y a matière. 

Mais le meilleur, comme toujours, c’est le dessert, c’est la tentative désespérée de positionner le Président Macron à la fois en victime et le Maroc en quémandeur. Les arguments bien classés dans les tiroirs vont sortir. L’affaire Pegasus, au final c’est le pschitt de Feu Chirac qui la définit le mieux. Les tentatives de condamnation du Maroc par le Tribunal Européen pour des journalistes emprisonnés pour des affaires de droits commun pour le Maroc, (ce sont des affaires de viols tout de même) pour leurs opinions politiques selon la version des avocats. Les deux versions sont probablement valables. Difficile de trancher lorsqu’une personne est victime d’agression sexuelle.

Le reste c’est pour meubler et donner de la consistance au sujet. C’est réussi pour la forme, décevant pour le fond, mais avec ce Monde on commence à s’y habituer.  (Larbi Bargach)

Réaction 

Cher Larbi, je partage ton cri de cœur, même si je n’ai pas la même nostalgie pour la France du belge Brel et tant d’autres étrangers à la France mais pas à sa langue. Dans un article que j’ai commis pendant l’affaire des visas, ( Maroc-France : Un visa pour l’ailleurs ), pour expliquer que, contrairement à l’algérien Katib Yassine, je ne considère pas la langue française comme un butin de guerre, mais que je me sens plutôt comme un captif d’une langue que je n’ai pas choisie. Elle s’est imposée à moi par le fait (accompli) néocolonial. Un fait que j'aurais préféré britannique, si j’avais été mis devant un choix. Cela aurait été un moindre mal, dans ce sens où l’apport linguistique qu'il véhicule par la force des choses est meilleur. Pour autant, je ne suis pas ingrat envers cette langue qui m’a apporté tant de choses. Mais c’est un fait aussi que dans le duel langue de Shakespeare VS langue de Molière, il n’y a pas photo. Enfin, cher Larbi, je dois apporter une rectification : contrairement à une « vérité » communément admise, Georges Marchais n’a jamais dit « taisez-vous El Kabach » ! C'est l’humoriste Thierry Le Luron qui l’a mise dans sa bouche, dans une imitation du leader communiste, parodiant les émissions sous haute tension avec le regretté journaliste animateur. Mais comme tu le démontre si bien dans ton texte, c’est le propre de nombreux médias de ce pays de déformer les fait et de tordre la vérité. C’est comme dirait l’auteur de la fable française, paraphrasé : Selon que tu es ‘’Banania’’ ou pas les médias français te rendront blanc ou noir. (NK)

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