RECONSTRUIRE, RÉPARER, PRÉPARER, APRES LA CATASTROPHE, OUVRIR UN NOUVEL HORIZON DE DIGNITE, L’ACADEMIE DU ROYAUME ENGAGE LA REFLEXION

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La mosquée de Tinmel détruite, des siècles d'histoire anéantis par le séisme (crédit photo Médias24)

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L’Académie du Royaume du Maroc organise samedi 7 octobre 2023, à son siège à Rabat, une journée d’étude intitulée « Penser les horizons de dignité après le séisme ». Cette rencontre intervient suite au tremblement de terre qui a frappé le Haouz dans la région de Marrakech le vendredi 8 septembre 2023 et dont l’onde de choc a été ressentie dans plusieurs villes et régions du Maroc. La séance d’ouverture de cette journée d’étude aura lieu à 9h au siège de l’Académie du Royaume du Maroc. D’éminents chercheurs, universitaires, architectes, ingénieurs apporteront leur savoir et leurs réflexions au débat

Le rapprochement de la plaque africaine et de la plaque eurasienne a donné naissance au massif montagneux de l’Atlas, sur des durées géologiques fort longues. Rare, mais possible, car le socle géologique est composé de roches sédimentaires déformables, le séisme emporte tout ; les paysages sont bouleversés, les sols bougent, s’affaissent, se fracturent, rien ne lui résiste. 

Pourtant, si les géophysiciens peuvent affirmer que la probabilité d’un tremblement de terre est forte, ils sont encore dans l’incapacité de prévoir l’heure, le lieu et encore moins la gravité de la catastrophe. Celui qui a frappé le Haouz de Marrakech le vendredi 8 septembre 2023 vers 23 heures fut un puissant tremblement de terre de magnitude 6,8 dont l’onde de choc a été ressentie jusque dans les plaines atlantiques du Nord. Le bilan fait de ce séisme le plus meurtrier qu’ait connu le Royaume depuis la deuxième moitié du XXème siècle. 

Après la catastrophe, il s’agit de reconstruire et de préparer les conditions d’un nouvel habitat placé dans la perspective d’une dignité recouvrée. En ouvrant ce nouvel horizon de dignité, le Royaume en effet, cherche à anticiper sur les conditions permettant d’offrir un habitat-écrin aux populations exposées, en faisant le lien avec le legs des anciens. 

L’occasion est donnée d’offrir les investissements matériels, nécessaires à la reconstruction, associés à un vrai soin (« care ») des personnes, de l’environnement, des animaux et des végétaux. Ces nouveaux enjeux post-catastrophes qui aspirent à répondre à la profonde détresse des habitants, dépassent le seul débat technique tant ils sous-tendent une réflexion systémique, sur ce qui lie profondément les communautés humaines aux éléments du vivant, du minéral et du végétal.  

Du Népal aux Apennins en passant par Bam en Iran, les séismes révèlent des vulnérabilités profondes de sociétés humaines en pleine transformation. L’aléa devient catastrophe, parce que sans le savoir, les sociétés s’exposent involontairement au déchaînement des éléments. La catastrophe naturelle se transforme vite en tragédie humaine. 

Pourtant, au cœur de l’urgence imposée par le cataclysme naturel, il faut très tôt réfléchir aux modalités d’intervention et de reconstruction. Comment réparer les sociétés ? Car il s’agit bien de recoudre des liens et des lieux. Comment tenir compte des attachements et des logiques d’enracinement qui animent les habitants à leurs lieux ancestraux ? 

Au-delà des enjeux techniques, cette journée invite à réfléchir ensemble à un art d’habiter et de bâtir complexe. L’habiter doit être entendu comme l’ensemble des liens construits dans la durée qui permettent à des communautés de se maintenir malgré les contraintes multiples. Reconstruire induit la possibilité d’un re-habiter non pas la simple demeure mais tout un territoire, liant pâturages, terrasses irriguées des vallées encaissées à des plateaux, tous productifs, nourriciers. 

Les sources se sont déplacées, obligeant à repenser ces paysages façonnés par l’Homme depuis au moins un millénaire. Comment poser les questions éthiques de préservation, sans exclure des recommandations d’ordre pratique et générale, en appui sur des expériences. 

Cette rencontre vise à ouvrir le débat, en bénéficiant de l’analyse des experts de territoires, impactés de façon similaire et de réunir des spécialistes d’horizons disciplinaires et géographiques différents qui réfléchissent à ces questions, afin d’identifier des possibilités d’actions à venir. 

Comment contribuer à l’émergence d’approches en convergence ? Comment envisager les dynamiques collectives à même de garantir la fixation des populations dans les terroirs, qui sont les leurs, tout en prenant acte de la richesse d’un patrimoine immatériel, fragilisé, fracassé par le séisme et ses répliques ? 

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