Les eaux ‘’miraculeuses’' de Ouarzazate après le séisme, sédatives et de bon augure

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Au détour des villages, il n’est pas rare d’apercevoir des curieux attroupés par dizaines devant l’une de ces cascades apparues, comme par enchantement, immédiatement après le séisme.

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Ouarzazate -. Nombreux y ont vu un miracle, c’est rassurants et apaisant. Sauf qu’il n’y a aucune malédiction dans cette terre qui a bougé tard dans la nuit 8 septembre. Non seulement l’entrechoquement des plaques tectoniques, qui peut causer d’énormes dégâts, d’ fait partie du fonctionnement naturel de la terre depuis sa formation et signe sa vitalité. 

Le remue-ménage qu’elles provoquent dans les entrailles de la terre crée de nouvelles fissures et permet parfois de faire remonter à la surface des richesses insoupçonnables. Le pétrole, par exemple, si jamais il arrive dans le sillage des secousses serait ainsi une aubaine.  Mais certainement pas un miracle. Néanmoins il n’est pas interdit aux villageois, et surtout pas au pied des montagnes du Haut-Atlas, dans la province de Ouarzazate, après le tragique qu’ils viennent de vivre, de voir dans  l’apparition de nouvelles sources d’eau, un signe de bon augure, nourrissant étonnement et espérance

Ce phénomène  a été constaté par les équipes de la MAP au niveau de plusieurs localités sinistrées par le tremblement de terre, particulièrement dans les douars montagneux de la province de Ouarzazate.

Au détour de deux villages, il n’est pas rare d’apercevoir des curieux attroupés par dizaines devant l’une de ces cascades apparues, comme par enchantement, immédiatement après le séisme.

Perçue comme une manifestation de la bénédiction divine et de la clémence du Créateur, cette eau est entourée de tous les égards.

Des visiteurs, venus de loin parfois pour admirer ce spectacle, boivent de cette eau en faisant des vœux, quand d’autres s’en aspergent le corps ou en remplissent des bouteilles pour un usage ultérieur.

Ces jets d’eau intriguent les villageois qui ne cachent pas leur réjouissance. Et chacun y va de son commentaire sur les vertus réelles ou supposées de cette "eau bénite", qu’ils considèrent presque comme une consolation divine venue apaiser leurs souffrances face au sinistre.

Surplombant un oued intermittent, le village de Tizgha, situé à 80 kilomètres de Ouarzazate, fait partie de ces zones que le séisme n’a pas épargné, mais surtout de celles que la bénédiction de l’eau n’a pas oubliées ... Après tout, "à quelque chose, malheur est bon".

A en croire ses habitants, ce hameau enclavé souffre depuis plusieurs années d’un déficit hydrique chronique. Les sources naturelles d’eau potable ont presque tari, les puits ont été épuisés et les cours des oueds asséchés.

Mohamed, un habitant du village, explique que, dans cette localité à la vie communautaire, "les habitants devaient s’arranger entre eux pour un accès à l’eau tous les vingt jours pour chacune des familles".

Aujourd’hui, a-t-il ajouté non sans émerveillement, "le débit des principales sources qui alimentent la rivière a augmenté et de nouvelles sources sont apparues". Résultat : "le délai d’attente pour l’accès à l’eau a été réduit à trois jours", a-t-il affirmé, émettant l’espoir de voir cette manne perdurer pour longtemps encore.

Ce phénomène a une explication scientifique. Contacté par la MAP, l’expert en climat et développement durable, Mohamed Benabbou, souligne que les séismes et les volcans entraînent des changements importants de la surface terrestre.

Ces fléaux naturels peuvent aussi entraîner corollairement une forte augmentation du débit d’eau, comme celui observé à Ouarzazate et à Taroudant, ou provoquer sa diminution, voire le tarissement des sources existantes et l’épuisement du stock hydrique dans certaines cascades et sources, a-t-il indiqué.

"Sous terre, les couches géologiques renferment des ressources hydriques, à l’instar des couches de calcaire qui contiennent un réservoir d’eau solide et dense qui peut former des cavernes d’eau souterraines. L’explosion de ces cavernes, lorsqu’elles sont soumises à de fortes pressions, est à l’origine de l’apparition de nouvelles sources d’eau", a-t-il expliqué.

D’un point de vue scientifique, il s’agit donc d’un phénomène naturel qui ne peut être que temporaire avant que l’eau ne revienne à son état normal, a fait savoir M. Benabbou, qui évoque d’autres "risques post-séisme liés à la fuite des eaux souterraines à travers les failles provoquées par le tremblement de terre".

Si l’apparition de nouvelles sources d’eau ravit dans l’immédiat les populations des zones affectées par le séisme, le Maroc reste pleinement conscient des problématiques liées au stress hydrique.

Pour faire face au défi mondial de la rareté de l’eau, le Royaume a entrepris une série de mesures de sobriété hydrique et concentre ses efforts sur les infrastructures, à travers la construction de barrages, la connexion des bassins hydrauliques et le dessalement de l’eau de mer.

 

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