La subtile réponse de Ben Salmane à l’Afrique du Sud et à l’Algérie – Par Mohamed Najib Koumina

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Le général Chengriha et chef d’état-major, peut-être inspiré par l’Afrique du Sud, a choisi le moment de l’organisation du Salon de Défense de Riyad à partir du 4 février 2024 pour se rendre lui-même dans la capitale saoudienne. Son souci n’est certes pas de découvrir les nouvelles technologies de guerre exposées

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La circulaire du prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salmane, rappelant aux et administrations saoudiennes le respect de l’intégrité territoriale dans leurs actes, constitue un message clair à qui veut l’entendre et le comprendre. Qu’il rappelle aux institutions de son pays en ce moment précis une décision prise auparavant, à savoir l’interdiction d’utiliser l’appellation géographique « Sahara Occidentale » ou de présenter la carte du Maroc sans ses provinces du sud, n’est pas sans portée. 

L’Arabie Saoudite réaffirme à travers cette circulaire non seulement une position solidaire avec le Maroc, connue depuis la Marche Verte, mais également, et surtout, la réaffirmation d’un engagement historique pour la défense et la sauvegarde de l’intégrité territoriale du Maroc.  Sans oublier que Riyad n’a jamais lésiné sur les moyens, y compris diplomatiques, pour apporter un appui conséquent à la cause nationale marocaine en période de guerre et après le cessez le feu en 1991.  

Le chef de la junte militaire, détenteur du véritable pouvoir en Algérie, le général Saïd Chengriha, qui s’est rendu en visite en Arabie Saoudite, a, paraît-il, nettement reçu ce message qui s’inscrit en droite ligne des positions claires de cet allié du Maroc et des décisions et positions des pays du Conseil Coopération de du Golfe. 

Mais que le sens de ce message, se sont ses conséquences que le général craint à un moment où la crise avec les Émirats Arabes Unis empire. Une crise d’une même ampleur avec l’Arabie Saoudite, qui compte aujourd’hui parmi les grands du monde (OPEP, G20, BRICS...), serait pour le régime militaire d’Algérie extrêmement difficile à gérer sans dégâts, alors qu’il essuie des revers diplomatiques de partout et fait face à une chute libre de sa réputation sur la scène internationale et à des crises avec pratiquement tous les pays de son voisinage. 

Le message de Riyad n’annonce pas moins que l’entrée en scène de l’Arabie Saoudite pour contrer l’action anti-marocaine de l’Afrique du Sud, qui se substitue ainsi à la diplomatie algérienne défaillante pour attaquer le Maroc et stopper ses percées sur les scènes africaine et internationale.

Le général Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, peut-être inspiré par l’Afrique du Sud, a choisi le moment de l’organisation du Salon de Défense de Riyad à partir du 4 février 2024 pour se rendre lui-même dans la capitale saoudienne. Son souci n’est certes pas de découvrir les nouvelles technologies de guerre exposées, sa préoccupation principale étant de traiter avec les autorités saoudiennes non pas dans l’objectif de bénéficier de la médiation pour trouver une issue à la crise avec les EAU, qui s’ouvre sur de nouveaux rebondissements diplomatiques et géopolitiques, mais en vue de neutraliser, si possible, les actions de l’Arabie Saoudite contrecarrant celles hostiles au Maroc, déjà mise en œuvre, ou prévues, de l’Afrique du Sud et de l’Algérie. 

Que ce  soit le général Chengriha qui se déplace sous couvert d’un Salon de défens de qui lui permettrait de dissimuler l’objectif réel de sa visite mieux que ne le ferait un déplacement secret, prouve que lui et ses pairs n’ont  aucune confiance dans «leur » président, choisi par le général Gaid Saleh, et dont ils craignent les incartades et les postures ridicules, capable de surcroit de leur rapporter des balivernes qui fausseraient leurs analyses, voire qu’il profite du voyage en Arabie-Saoudite pour échapper au scandale familiale (l’affaire El Bouchi et le trafic du cocaïne) qu’on lui concocte apparemment pour le faire sortir par la petite porte. 

Il est possible que le général Chengriha procède par la même occasion à la prospection de l’avis de l’Arabie Saoudite sur une éventuelle désignation de Azzedine Mihoubi, considéré lors des dernières « élections » présidentielles comme un pro-saoudien, pour remplacer Abdelmadjid Tebboune. Faut-il le rappeler, mais M. Mihoubi a été choisi par les militaires au départ avant que Gaid Saleh ne l’élimine de la compétition et le remplace par l’actuel hôte du palais Al Mouradia.

 Il est donc certain que ce n’est pas la médiation avec les EAU, par ailleurs impossible, qui a dicté le déplacement du gouverneur général de l’Algérie, mais, comme on l’a vu, la tentation de neutraliser des actions potentielles de l’Arabie Saoudite pour contrecarrer celles de l’Afrique du Sud et de l’Algérie qui ont commencé avec les élections du président du conseil onusien des droits de l’Homme, remportées haut la main par le Maroc. S’en est suivi l’invitation de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU Staffan De Mistura en Afrique du Sud pour le mettre sous pression profitant des retombées de l’action sud-africaine devant la CJI contre le génocide israélien du peuple palestinien à Gaza. 

L’Afrique du Sud savait bien que la réaction de l’Arabie Saoudite serait négative si elle se chargeait elle-même de la mission de la neutraliser, et peut même provoquer une réaction qui mette ses relations avec le géant du golfe en difficulté. C’est à cette fin qu’elle a utilisé la carte « arabe ». 

Néanmoins la démarche est vouée à l’échec au royaume saoudien qui a pris le soin d’envoyer sa réponse à cette manœuvre, à travers la circulaire, avant la visite du général Chengriha à Riyad, où il n’a pas été accueilli par le chef de l’état-major de l’armée saoudienne. 

En lui assurant également un maximum de publicité, le prince héritier Mohamed Ben Salmane a adressé une réponse on ne peut plus claire aux sollicitations de l’Afrique du Sud et d’Alger : L’intégrité territoriale du Maroc n’est pas négociable.

 

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