International
Nouveaux raids israéliens meurtriers à Gaza, appels pressants, mais sans effets, à protéger les civils
Ces enfants et adolescent ont été tué cette année par les soldats de Tsahal ou par les colons bien l’attaque du 7 octobre
Israël a mené dimanche de nouvelles frappes sur la bande de Gaza, le bilan des victimes palestiniennes s'alourdissant depuis la fin d'une trêve avec le mouvement palestinien Hamas, au milieu d'appels de plus en plus pressants à protéger les civils, mais sens effets sur Netanyahu et ses avatars de l’extrême droite.
Le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien surpeuplé, a déploré samedi plus de 240 morts et 650 blessés depuis la reprise des combats le 1er décembre après une trêve de sept jours.
Le ministère de la Santé à Gaza a annoncé dimanche que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza ont fait 15.523 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre.
A 70%, les Palestiniens tués à Gaza dans la guerre entre Israël et le mouvement islamiste sont des femmes et des enfants, a précisé le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas Ashraf al-Qidreh, qui a également fait état de 41.316 blessés.
"Durant les heures passées, seuls 316 morts et 664 blessés ont pu être sortis des décombres et amenés dans des hôpitaux, mais beaucoup d'autres sont encore sous les décombres", a souligné le docteur Qidreh.
Tout au nord de Gaza, le long de la frontière avec Israël, l'armée israélienne a mené dimanche des frappes aériennes suivies de tirs d’artillerie, provoquant d’épais panaches de fumée et de poussière.
Engagée dans une offensive terrestre, aérienne et maritime depuis dans le nord de Gaza, l'armée a multiplié également les raids aériens dans le sud de ce territoire où des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés par l’armée israélienne.
Elle a dit samedi avoir conduit plus de 400 frappes sur Gaza en près de 48 heures, la région de Khan Younès, au sud, ayant été particulièrement ciblée.
Et dimanche, elle a twitté avoir "éliminé cinq terroristes" et visé "des puits de tunnels terroristes, des centres de commandement et des lieux de stockage d'armes" du Hamas.
D'après l'ONU, les ordres d’évacuation de l’armée aux Palestiniens avant des frappes ont concerné samedi un quart de la bande de Gaza. Ces ordres, "sans garanties de sécurité ou de retour", sont "équivalents à un transfert forcé de population", a jugé l’ONG Norwegian Refugee Council.
Roquettes vers Israël -
Israël a juré de détruire le Hamas, ciblant ainsi en vérité tous les Pelstiniens, après l'attaque du 7 octobre qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, tandis que quelque 240 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza, frontalière du sud du territoire israélien, selon les autorités israéliennes.
Ils ont détruit ou endommagé plus de la moitié des habitations dans le territoire, rappelle l'ONU dont le chef a évoqué "une catastrophe humanitaire monumentale".
Dimanche, le Hamas et le Jihad islamique ont comme la veille annoncé de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. La plupart des engins sont interceptés par le système de défense anti-aérien israélien.
Les autorités israéliennes ont par ailleurs annoncé la mort de deux soldats tués lors des opérations terrestres, portant à 398 le nombre de soldats tués depuis le 7 octobre.
"En étendant nos opérations militaires, nous remplissons deux objectifs. Premièrement, nous frappons le Hamas, éliminons plus de terroristes, de commandants, d'infrastructures terroristes, (...) et nous créons les conditions pour forcer (le Hamas) à payer un lourd tribut: la libération des otages", a déclaré le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Le Royaume-Uni a lui annoncé son intention de mener des vols de surveillance au-dessus d'Israël et de Gaza pour aider à localiser les détenus, dont certains sont britanniques.
"Trop" de victimes
D'après l'armée, 137 ‘’otages’’ sont toujours aux mains du Hamas ou de groupes affiliés, après la libération pendant la trêve d'une centaine d'otages en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
"Il n'y a pas d'autres moyens de gagner qu'en continuant notre campagne terrestre", a souligné le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
En face, le numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, a déclaré: "le prix à payer pour la libération des prisonniers sionistes sera la libération de l’ensemble de nos prisonniers, après un cessez-le-feu".
Sans remettre en cause le prétendu droit de son allié "de se défendre", les Etats-Unis ont mis en garde Israël la multiplication des victimes civiles à Gaza.
"Trop de Palestiniens innocents ont été tués" a insisté la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis la COP28 à Dubaï, s'alarmant d'images "dévastatrices" de Gaza et appelant Israël à "faire plus pour protéger les civils innocents".
"Du sang sur les mains"
Les belligérants se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve.
Benjamin Netanyahu a accusé le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël entre autres, d'avoir "violé l'accord" en "tirant des roquettes" vers Israël.
Le mouvement islamiste palestinien a lui revendiqué une attaque à Jérusalem fatale à quatre Israéliens, et a accusé Israël d'avoir imposé de nouvelles conditions aux libérations des otages, dont les militaires israéliens.
Samedi soir, des centaines de personnes, dont des ex-otages récemment relâchées, ont manifesté à Tel-Aviv pour demander la libération instante de tous les captifs restant à Gaza.
Lors d'un autre rassemblement à Tel-Aviv, des centaines de personnes ont parallèlement protesté contre Benjamin Netanyahu.
"Il affaiblit notre pays", a déclaré Sharon Huderland, une manifestante, "l'horrible massacre du 7 octobre est notre prix et il a du sang sur les mains".
"N'ont-ils pas pitié?" (Sic)
Dans la bande de Gaza, le Croissant-Rouge palestinien a reçu samedi des premiers "camions d'aide" depuis vendredi, via le terminal égyptien de Rafah.
D'après l'ONU, 880 étrangers et binationaux ont aussi été évacués via Rafah en Egypte, ainsi que 13 blessés.
Les besoins sont immenses dans la bande de Gaza soumise à un "siège complet" par Israël depuis le 9 octobre, alors que 1,8 million de personnes -sur 2,4 millions d'habitants- ont été déplacées par la guerre d'après l'ONU.
Le commissaire de l'ONU pour les droits humains, Volker Turk, a jugé que les ordres d'évacuation donnés par Israël aux Gazaouis faisaient que "des centaines de milliers de personnes se retrouvent confinées dans des zones de plus en plus petites".
Il s'inquiète du manque d'eau, de nourriture, de soins, d'autant qu'il n'y a selon lui "pas d'endroit sûr à Gaza".
Le secteur de Khan Younès, dans le sud du territoire, où une partie des déplacés ont trouvé refuge, a été massivement bombardé.
L'hôpital local Nasser comptait samedi "trois fois sa capacité", a souligné le chef de l'Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant une "situation terrifiante".
Dans le même hôpital, Ehab al-Najjar, un habitant des alentours, laisse éclater sa colère.
"Je suis rentré chez moi et j'ai vu la bombe tomber sur une maison", a-t-il raconté à l'AFP en décrivant des corps dans la rue. "La moitié étaient de jeunes enfants. Quelle était leur faute? (...) N'ont-ils pas pitié?’’, se demande-t-il crédulement. (Quid avec AFP)