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Amnesty International fustige un "génocide en direct" à Gaza

Un père palestinien pleure son enfant, tué lors d'une frappe israélienne dans la rue Al-Jalaa, à l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, dans le centre de la bande de Gaza, le 28 avril 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
Face à l’horreur qui se déroule à Gaza, Amnesty International dénonce "un génocide en direct", pointant la responsabilité d’Israël dans une catastrophe humanitaire sans précédent. Tandis que l’ONU et l’Unrwa alertent sur la famine et la dévastation, Gaza devient un sombre test pour la justice internationale et pour l’humanité tout entière.
Amnesty International a dénoncé mardi "un génocide en direct" commis par Israël dans la bande de Gaza, où la guerre et le blocage de l'aide humanitaire poussent la population dans une situation désespérée.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a de son côté appelé la communauté internationale à faire cesser la "catastrophe humanitaire" à Gaza.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a elle aussi dénoncé le refus par Israël de laisser entrer, depuis près de deux mois, toute aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, affirmant que ce blocage "tuait en silence", enfants et malades en premier lieu.
Israël a totalement interrompu le 2 mars l'entrée de l'aide internationale à Gaza, vitale pour ses 2,4 millions d'habitants, affirmant vouloir ainsi faire pression sur le Hamas pour qu'il libère les derniers otages retenus dans le territoire.
Le 18 mars, l'armée israélienne a mis fin à deux mois de trêve avec les Palestiniens et repris ses carnages.
"Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct", écrit la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, en préface du rapport annuel de l'ONG sur les droits humains publié mardi.
"Les Etats ont regardé, comme s'ils étaient impuissants, Israël tuer des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens, massacrant des familles entières sur plusieurs générations et détruisant des habitations, des moyens de subsistance, des hôpitaux et des établissements scolaires", ajoute-t-elle.
"Faim" et "désespoir"
Dans son rapport, Amnesty réitère ses accusations de "génocide", déjà formulées fin 2024.
Le rapport cite notamment des "homicides", des "atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de civils", des "déplacements et disparitions forcées", l'"imposition délibérée de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique de ces personnes".
"Le blocus de Gaza tue en silence", a aussi affirmé la porte-parole de l'Unrwa, Juliette Touma.
"Les enfants de Gaza se couchent affamés. Les malades et les blessés ne peuvent pas recevoir de soins médicaux en raison de la pénurie (...) dans les hôpitaux", a-t-elle dit. "La faim et le désespoir se propagent tandis que les dispositifs d'aide alimentaire et humanitaire sont utilisés comme des armes. Gaza est devenue une terre de désespoir".
"Des efforts internationaux concertés doivent être déployés pour empêcher cette catastrophe humanitaire d'atteindre un nouveau niveau inégalé", a affirmé Volker Türk.
"Israël semble infliger aux Palestiniens à Gaza des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec leur existence continue en tant que groupe à Gaza", a-t-il ajouté.
Le génocide israélien a fait au moins 52.365 morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023, majoritairement des civils, dont plus des deux tiers sont des enfants et des femmes.
Du côté israélien, l'attaque du Hamas a causé la mort de 1.218 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
"Test pour notre humanité"
Mardi, la Défense civile palestinienne a encore fait état de sept morts dans des frappes israéliennes.
Par ailleurs, le Croissant-Rouge palestinien a indiqué mardi qu'un secouriste palestinien détenu depuis une fusillade mortelle perpétrée en mars par des soldats israéliens contre des secouristes dans le sud de la bande de Gaza avait été libéré.
Le rapport d'Amnesty souligne aussi que près de 1,9 million de Palestiniens, soit 90% de la population gazaouie, ont été déplacés depuis le début de la guerre, et accuse Israël d'avoir "provoqué délibérément une catastrophe humanitaire sans précédent".
"Gaza est un test pour la justice internationale et un test pour notre humanité", a lancé devant la presse Heba Morayef, responsable de l'ONG pour la région Moyen-Orient Afrique du Nord.
Le 16 avril 2025, plus de deux cents journalistes français se sont rassemblés sur les marches de l’Opéra Bastille, à Paris, mercredi 16 avril, en hommage au plus de 200 de leurs collègues palestiniens assassinés par l’armée israélienne pour éliminer leurs témoignages.
Le même jour, un collectif d’organisations professionnelles françaises a dénoncé, dans une tribune au « Monde », cette hécatombe et le black-out médiatique qu’Israël organise, selon lui, sciemment. (Quid avec AFP)