Financial Street Forum de Beijing : La Chine ambitionne de devenir le ''stabilisateur'' de l’économie mondiale - Par Abdelghani AOUIFIA

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La volonté de s’ouvrir sur le monde extérieur conformément aux objectifs tracés par le gouvernement central de la Chine, demeure le focus de l’ensemble des opérateurs économiques

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Par Abdelghani AOUIFIA (Correspondant permanent de la MAP à Pékin)

Beijing- Le Financial Street Forum, un conclave des financiers chinois, se tient actuellement à Beijing. L’objectif est clairement fixé : étaler devant la communauté financière internationale les atouts de cette deuxième puissance économique mondiale et son ambition de jouer le rôle force de stabilisation de l’économie globale en ce temps de grandes incertitudes.

L’objectif est en droite ligne de la politique d’ouverture que les responsables chinois tentent de promouvoir, en dépit de « la méfiance » qui caractérise les commentaires des médias occidentaux quand il s’agit de la montée en force de la Chine.

Lors de ce conclave, les différentes institutions financières (banques, sociétés d’assurance, cabinets de consulting et autres experts boursiers) se sont données rendez-vous pour faire la lumière sur les nouveautés du marché financier chinois. Mais la volonté de s’ouvrir sur le monde extérieur conformément aux objectifs tracés par le gouvernement central de la Chine, demeure le focus du Forum, marqué par une participation étrangère notable.

L’édition 2022 du Forum, qui devra clôturer ses travaux mercredi, est destinée à cimenter le rôle de Beijing en tant que centre financier en mettant à profit les progrès réalisés en matière d’innovation numérique, indiquent les organisateurs de l’événement.

Cette idée a été soulignée par Yi Gang, gouverneur de la Banque populaire de Chine (PBC, banque centrale), qui a fait l’éloge des avancées réalisées par le pays pour faire de sa capitale un hub financier de classe mondiale.

En effet, l’appellation du Financial Street Forum renvoie sur une grande artère au centre de la capitale chinoise, qui abrite les sièges de plusieurs institutions financières.

Situé dans le district de Xicheng, le Financial Street de Beijing, baptisé le « cerveau » de la finance chinoise ou encore le Wall Street de Chine, a contribué à près de 40 % de la valeur ajoutée financière de la ville depuis 2012.

L’avenue abrite la banque centrale, les commissions de réglementation des valeurs mobilières, des banques et des assurances, ainsi que le siège de grandes institutions financières nationales et étrangères.

Connue comme le centre national de gestion financière, l’avenue très huppée sert d’incubateur des politiques financières, de la supervision et de la gestion des actifs, entre autres aspects des fonctionnalités financières de la capitale chinoise.

L’avenue financière de Beijing a connu ces dernières années une série de développements majeurs, qui témoigne justement de l’essor de la ville et de son ascension continue en tant que hub financier à la hauteur des ambitions du pays.

L’année 2021 a marqué un tournant dans l’évolution du centre financier de Beijing. Au mois de novembre de cette année, la Beijing Stock Exchange (BSE) a ouvert ses portes sur le Financial Street.

De nombreux objectifs sont assignés à ce marché financier. Mais, le plus important demeure, aux yeux des responsables chinois, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) en tant que leviers de développement et générateurs d’emplois.

Conçue comme une plateforme majeure pour les PME innovantes, la bourse de Beijing n’a pas cessé, selon les experts, d’améliorer ses services et s’imposer en tant que marché qui complète les deux autres importants centres financiers chinois de Shanghai et de Shenzhen.

Jusqu’au début du mois de novembre, la BSE comptait 123 sociétés cotées, les PME représentant 77% et les entreprises privées 86%. Plus de 80% des entreprises étaient concentrées dans les industries émergentes stratégiques, les nouvelles énergies, les logiciels et la technologie de pointe.

A en juger par l’utilisation des fonds levés à la BSE, cette dernière semble être tournée vers les nouveaux pôles qui devront servir de locomotive pour la croissance de haute qualité que les responsables chinois veulent réaliser dans le cadre de leur stratégie de conforter la place de la Chine sur l’échiquier économique mondiale.

Plus de 80% des fonds levés en 2022 ont, ainsi, été investis dans des secteurs tels que les industries vertes et à faibles émissions de carbone, l'économie numérique, la fabrication d’équipements haut de gamme et les nouveaux matériaux, selon la BSE.

Dans le secteur de la haute technologie, la BSE a commencé à réaliser des résultats nettement supérieurs à ceux des bourses de Shanghai et de Shenzhen, d’après les experts.

En termes de revenus d’exploitation, les entreprises cotées à la BSE ont généré 10,38 milliards de dollars, durant les trois premiers trimestres de 2022.

La bourse chinoise semble déterminée à poursuivre sur sa lancée. Lundi, elle a officiellement lancé son indice de référence, le BSE 50 Index. Au premier jour, l’indice a clôturé en hausse de 2,55%, dépassant les indices de Shanghai et de Shenzhen.

« Le lancement de cet indice est un événement majeur pour la bourse, et c'est un signal que la bourse dispose de ressources considérables et de structures de négociation matures », indique Chen Jia, un analyste du marché financier chinois.

La BSE utilisera cet indice « comme noyau », explorera et lancera divers indices caractéristiques en fonction du développement du marché et établira davantage de fonds indiciels, a dit la BSE dans un communiqué.

Dans leurs interventions durant le Financial Street Forum, marqué par la participation de près de 400 poids-lourds de la finance internationale, les responsables chinois ont souligné que le pays poursuivra les efforts pour faire de la BSE un acteur central dans la politique d’ouverture économique et financière du pays.

Dans le cadre de cette ouverture, la Chine approfondira les réformes de son marché financier et renforcera l'expansion de haute qualité de la BSE, indique, dans ce sens, Yi Huiman, président de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC).

 

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