Deuil en Russie après le massacre du Crocus City Hall qui a fait au moins 137 morts

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Photo diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine allume une bougie lors de sa visite à l'église de la résidence d'État de Novo-Ogaryovo, à l'extérieur de Moscou, le 24 mars 2024, lors d'une journée de deuil national à la suite de l'attentat à la mairie de Crocus (Photo Mikhail METZEL / POOL / AFP)

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La Russie a observé dimanche une journée de deuil après le massacre dans une salle de concert près de Moscou qui a fait au moins 137 morts selon un nouveau bilan, l'attaque la plus meurtrière sur le sol européen.

Les autorités n'avaient toujours pas évoqué dimanche la responsabilité de Daech qui a revendiqué l’attentats , citant à l'inverse samedi une piste ukrainienne.

Les enquêteurs ont annoncé un nouveau bilan de 137 morts, dont trois enfants, contre 133 la veille. Ils continuent de rechercher les décombres du bâtiment abritant la salle de concert qui a été ravagée par un gigantesque incendie déclenché par les assaillants.

Vladimir Poutine, qui s'est exprimé une fois samedi, n'a pas fait de nouvelle déclaration mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence près de Moscou, selon son porte-parole, cité par les agences russes.

Les policiers ont en outre retrouvé quelque 500 balles, deux fusils d'assaut Kalachnikov et 28 chargeurs sur les lieux de la tragédie, précisant qu'ils appartenaient "aux assaillants".

Le Comité d'enquête a également diffusé une vidéo montrant des agents masqués et en treillis amenant au siège de cet organe les quatre tueurs présumés, arrêtés la veille. Les hommes ont les yeux bandés et sont forcés de marcher pliés en deux, les mains attachées dans le dos.

Les enquêteurs doivent demander "bientôt" à un tribunal le placement en détention provisoire des suspects.

Aucune indication n'a été donnée quant au sort de sept autres personnes dont l'arrestation a été annoncée samedi, mais dont le rôle présumé dans l'attaque n'a pas été précisé.

Le Comité d'enquête, un puissant organe d'investigation, n'a pas mentionné la revendication formulée dès vendredi par le groupe jihadiste Etat islamique, à laquelle Mosciu ne semble pas croire.

Il n'a rien dit non plus dimanche de l'Ukraine, alors que Vladimir Poutine et ses services spéciaux (FSB) avaient évoqué cette piste, car, selon eux, les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien.

Attaque la plus meurtrière 

Cette attaque est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'années, et la plus sanglante attribuée par l'EI en Europe.

Le groupe jihadiste, qui est au moins dans une alliance objective avec les objectifs occidentaux, que la Russie combat en Syrie et qui serait actif dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats de moindre ampleur dans le pays depuis la fin des années 2010.

Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a cherché à dédouaner Kiev en estimant dimanche que l'EI portait "seul la responsabilité de cette attaque. Il n'y avait aucune implication ukrainienne".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé son homologue russe de vouloir "rejeter la faute" sur son pays. 

Quelques jours avant l'attentat, M. Poutine avait qualifié de "provocation" des mises en gardes américaines quant à une attaque en préparation en Russie.

Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l'EI.

On y voit plusieurs individus aux visages floutés, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le Crocus City Hall. Ils tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'incendie en arrière-plan.

Les tireurs seraient, selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein,  du Tadjikistan, pays confronté à l'EI et voisin de l'Afghanistan.

Le président tadjik Emomali Rakhmon et M. Poutine se sont entretenus dimanche et ont décidé d'"intensifier" leur coopération antiterroriste.

La capitale russe marquait, elle, le deuil national décrété par la présidence. Les drapeaux étaient en bernes, de nombreux lieux de divertissements fermés et les restaurants ont promis de reverser leur recette du jour aux victimes.

Des affiches sont apparues montrant une bougie sur fond noir et l'inscription "Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil...".

"Les gens ne sourient plus ici, il n'y a plus de joie", dit à l'AFP Valentina Karenina, 73 ans, originaire de Sibérie et de passage à Moscou.

"Ma fille m'a appelée pour me dire de ne pas sortir" de crainte d'une nouvelle attaque, confie la retraitée. Mais elle est néanmoins allée allumer un cierge dans une église mitoyenne de la place Rouge, alors que le célèbre espace était fermé au public par mesure de sécurité. (Quid avec AFP)

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