A Téhéran, des femmes protestent, après 6 jours de contestations et au moins 17 morts

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Des femmes kurdes et libanaises participent à un rassemblement dans le quartier du centre-ville de la capitale Beyrouth, le 21 septembre 2022, quelques jours après l'annonce par les autorités iraniennes de la mort de Mahsa Amini, qui avait été détenue dans la capitale Téhéran pour avoir prétendument porté un hijab de manière "inappropriée". Mahsa Amini, 22 ans, était en visite avec sa famille à Téhéran, la capitale iranienne, lorsqu'elle a été arrêtée le 13 septembre 2022 par l'unité de police c

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"Il faut mettre fin aux agissements brutaux de la police de mœurs qui empêche les femmes de choisir leur tenue vestimentaire", peste dans une rue de Téhéran Mahtab, une Iranienne coiffée d'un foulard orange qui laisse voir ses cheveux.

"J'aime porter ce foulard comme d'autres préfèrent mettre un tchador", affirme cette maquilleuse de 22 ans dans un quartier huppé du nord de la capitale iranienne. "Mais le foulard doit être un choix, on ne doit pas nous forcer" à le mettre, ajoute-t-elle.

Des manifestations ayant fait plusieurs morts ont éclaté en Iran après que les autorités ont annoncé le 16 septembre la mort d'une jeune femme, Mahsa Amini, après son arrestation pour "port de vêtements inappropriés" par la police des mœurs, chargée de faire respecter un code vestimentaire pour les femmes.

Les autorités en Iran ont bloqué l'accès à Instagram et WhatsApp après six jours , dans lesquelles au moins 17 personnes ont péri selon un bilan d'un média d'Etat jeudi.

Mais le bilan risque d'être bien plus lourd, l'ONG d'opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, faisant état d'au moins 31 civils tués par les forces de sécurité.

Mahtab reconnaît avoir peur de cette unité de la police mais n'a pas changé pour autant sa manière de s'habiller, ni sa façon de porter le voile. Cette police "est inutile", assène-t-elle.

En Iran, les femmes ont pour obligation de se couvrir les cheveux, et la police des mœurs leur interdit en outre de porter des manteaux au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.

Nazanin, une infirmière de 23 ans, préfère elle ne pas prendre de risque. "Je ferai désormais plus attention à la façon de porter le voile pour ne pas avoir de problème", confie-t-elle.

"Ingérence" -

Mais comme Mahtab, elle estime que cette unité doit être retirée des rues car "elle ne se comporte pas correctement".

"Je ne comprends pas pourquoi ces policiers affrontent les gens alors que (...) toutes les femmes portent des foulards et des robes décentes. Si la police veut aller encore plus loin, alors c'est de l'ingérence", estime cette femme qui porte un foulard fantaisie noir, se confondant avec ces cheveux sombres.

L'hostilité envers la police des mœurs qui traque le moindre faux pas vestimentaire est palpable, surtout depuis la mort de Mahsa.

"Avec ce nouvel incident, les gens n'appellent plus cette unité Gasht-e Ershad ("patrouilles d'orientation") mais Ghatl-e Ershad ("orientation du meurtre"), raconte Reyhaneh, une étudiante de 25 ans, dans le nord de Téhéran.

Et de douter de "l'efficacité de l'usage de la force" envers les femmes. "Le port du hijab ne devrait pas être régi par une loi", affirme cette jeune femme qui porte un foulard beige, d'où dépassent ses cheveux.

Si dans le sud de la capitale, plus pauvre et conservateur, le port du tchador et d'habits sombres est prédominant, dans le nord, plus aisé, les tenues sont en revanche beaucoup plus décontractées.

Mercredi, après plusieurs journées de manifestations, la vie était revenue à la normale à Téhéran, et dans les quartiers nord, les filles continuaient à porter le foulard bien en arrière sans que personne ne semble leur faire des remarques.

La mort de Mahsa Amini "nous a rendu tristes. Ce qui s'est produit a bouleversé toute la société", assure Reyhaneh.

La police des moeurs "devrait agir avec plus d'indulgence et être moins agressive. Le port du voile est une question personnelle et c'est le droit d'une femme de se vêtir comme elle veut", ajoute-t-elle. (AFP)

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