Les perspectives de paix à Gaza plus éloignées*  – Par Mohamed Chraibi

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 Des jeunes filles palestiniennes se cherchent un chemin parmi les débris après une opération des forces spéciales israéliennes dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 9 juin 2024. (Photo Eyad BABA / AFP)

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Dans un discours solennel pour la promotion d’un accord de paix entre le Hamas et Israël en trois phases, le 31 mai dernier, Joe Biden a martelé qu’il était « temps que cette guerre se termine et que commence le jour d’après». Ce discours a suscité l'espoir, sinon d'un arrêt définitif des combats, du moins de leur suspension de six semaines et de l'élargissement d'otages et de prisonniers palestiniens et israéliens.  

Quelques heures plus tard, Netanyahu a déclaré ce plan « voué a l'échec ».   Et comme pour confirmer cet avertissement, moins d'une semaine plus tard, Israël a bombardé une école des Nations Unies dans le centre de Gaza, tuant au moins 33 des milliers de personnes déplacées qui s'y abritaient, dont 12 femmes et enfants, selon des témoins. Eloignant plus que jamais, toute perspective de paix. Et, afin que personne ne s'y trompe, le gouvernement israélien a déclaré que ce conflit durerait jusqu’en 2025. 

Netanyahu a laissé passer, sans réagir, la date du 8 juin que  Benny Gantz, son rival politique et membre de son cabinet de guerre, lui avait fixée comme délai pour annoncer un plan pour l’après guerre. Faute de quoi il démissionnerait.  Façon de dire que l’après guerre n'était pas à l'ordre du jour. Il est vrai que Netanyahu peut continuer sans lui, alors que sa coalition ne pourrait pas survivre sans ses partenaires d’extrême droite, Smotrich et Ben-Gvir, qui ont menacé de démissionner s’il y avait un accord de paix avant la destruction du Hamas.

De son côté, Le Qatar, sous la pression des États-Unis, aurait menacé d'expulser les représentants du Hamas présents sur son sol s'ils n'acceptaient pas le plan de paix de Biden. Ceux-ci ont démenti la menace Qatarie et affirmé qu'ils « accueillaient positivement le plan Biden » sans  y souscrire formellement sans l'accord des dirigeants militaires du Hamas avec qui les contacts ont été rendus difficiles par les combats.  

La situation internationale d’Israël, empire de jour en jour.  Un nombre croissant de pays reconnaissent l’État palestinien ; la Grande-Bretagne pourrait devenir l’un d’eux, « le manifeste travailliste » ayant promis de reconnaître la Palestine « avant la fin de tout processus de paix » aux côtés d’un « Israël sûr et sécurisé ». L'Espagne, qui a reconnu l’état Palestinien avec deux autre pays européens, a annoncé le 6 juin dernier son intention de se joindre à l’Afrique du Sud dans le procès  intenté a Israël, auprès de la Cour internationale de justice, pour génocide. Ajouté à cela, L’ONU a inscrit Israël sur la liste des pays et des groupes armés qui ont commis des abus sur les enfants, selon son envoyé spécial, Gilad Erdan. 

L’intensification récente des frappes du Hezbollah contre le nord d'Israël et les menaces de Netanyahu d'une réponse « extrêmement puissante » mettent a mal la priorité des États Unis depuis le début de la guerre : éviter l'élargissement du conflit. 

La réaction négative de Netanya au plan américain (présenté comme étant celui d'Israël) et ses menaces de répondre « puissamment » aux tirs du Hezbollah montrent l’influence déclinante des États-Unis sur le déroulement du conflit et partant son standing dans une région jusque là considérée comme sa chasse gardée. 

Les actions d’Israël irritent son allié et principal pourvoyeur d'armes, les États-Unis.  M. Biden, qui en est agacé depuis quelque temps déjà, a fini par laisser entendre, récemment, qu’il y avait « toutes les raisons que les gens pensent que M. Netanyahu prolongeait la guerre pour sa propre survie politique », même s'il est vrai que les propos du président américain se traduisent rarement en actes hostiles à Israël. Il avait qualifié l'invasion de Rafah de « ligne rouge » et une fois celle-ci engagée, son administration joue sur les mots pour définir ce qui constitue une « opération terrestre majeure » à mesure que l'assaut israélien prend de l'ampleur. Il est vrai que la campagne pour les élections américaines n'y sont pas étrangères.

 Une victoire de Trump sauvera peut-être M. Netanyahu du désastre politique et personnel auquel il est promis. En attentant, des milliers de palestiniens rejoindront les plus de 37 000 déjà tués (dont plus de 13 000 enfants) . Et l’Agence de l'ONU pour l'alimentation et l’agriculture a rapporté cette semaine que plus d’un million de personnes – la moitié de la population de Gaza – risquent de mourir de famine d’ici la mi-juillet en l'absence d'un accord de paix. Selon The Guardian « le fatalisme ne peut pas triompher.  Les pressions en faveur d’un cessez-le-feu et de la libération des otages doivent s’intensifier ». On ne peut que se joindre à son souhait.

*Cet article s'inspire de l’éditorial de The Guardian du 7/6/24 mais loin en être la simple transcription en français.

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