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Un printemps artistique et spirituel : création, mémoire et identité

L’INSMAC ouvrira ses portes à Rabat dès la rentrée universitaire 2025-2026
Entre l’ouverture imminente de l’Institut national supérieur de musique et des arts chorégraphiques à Rabat, le lancement de la 28e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde et l’exposition "Rétrospectives" de Yasmina Alaoui, le Maroc s’ancre un peu plus comme terre de dialogue, de transmission et de création artistique à l’échelle internationale.
Rabat inaugure son pôle d’excellence pour la musique et la danse
C’est une première historique : l’Institut national supérieur de musique et des arts chorégraphiques (INSMAC) ouvrira ses portes à Rabat dès la rentrée universitaire 2025-2026. Installé sur une superficie de plus de 9 000 m² à deux pas du Théâtre Mohammed V, cet établissement est appelé à devenir un haut lieu de formation artistique et de recherche académique.
Conçu selon une vision intégrée de la filière, l’INSMAC proposera des formations en musique et en arts chorégraphiques selon le système LMD (Licence, Master, Doctorat), alliant excellence technique, rigueur théorique et ouverture sur les enjeux culturels contemporains. Cours pratiques, matières transversales, disciplines théoriques, rien n’a été laissé au hasard.
Outre ses infrastructures modernes (théâtre de 400 places, studio d’enregistrement, médiathèque, salles polyvalentes), l’Institut vise à former une génération d’artistes, de pédagogues et de professionnels capables de faire rayonner la richesse du patrimoine musical marocain, tout en accompagnant la croissance des industries culturelles et créatives. Les inscriptions seront ouvertes à l’issue des résultats du baccalauréat de juillet 2025.
À Fès, les musiques sacrées du monde rendent hommage à l’Afrique et à l’Italie
À quelques centaines de kilomètres au nord, **la ville de Fès vibre cette semaine au rythme de la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées du Monde**, qui s’ouvre ce vendredi sous le thème évocateur des *"Renaissances"*. Véritable laboratoire spirituel et artistique, l’événement met à l’honneur **l’Afrique et l’Italie**, dans un dialogue subtil entre mémoire, patrimoine et modernité.
Plus de 200 artistes issus de 15 pays – du Sénégal à la Suisse, de la Turquie à la Côte d’Ivoire – se réunissent dans les lieux emblématiques de Fès pour neuf jours de concerts, cérémonies et créations. L’édition 2025 fait la part belle aux expressions féminines : deba soufi interprété par les femmes de Mayotte, chants persans, bardes kazakhes ou récitals poétiques de quatre femmes venues d’Orient.
L’Afrique, célébrée à travers ses voix, rythmes et danses, rappelle l’ancrage continental du Maroc, tandis que l’hommage à l’Italie, patrie de la Renaissance, fait écho à la profonde connexion entre Fès et Florence, deux cités marquées par l’humanisme et la spiritualité. Une œuvre phare de Monteverdi, Les Vêpres de la Vierge, incarnera ce pont entre les âges.
Yasmina Alaoui entre mémoire visuelle et identité marocaine
De retour à Rabat, l’espace Rivages de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger accueille l’exposition "Rétrospectives" de l’artiste maroco-américaine Yasmina Alaoui. À travers deux séries emblématiques – 1001 Dreams et Sédiments – l’artiste explore la mémoire corporelle, les rituels féminins et les traces du patrimoine marocain.
Formée à Paris et aux États-Unis, Yasmina Alaoui tisse depuis plus de 15 ans une œuvre métissée mêlant photographie, peinture et dessin à l’encre. Son travail met en scène le corps féminin comme surface expressive et symbolique, traversée de motifs inspirés du zellige, de la broderie et des tatouages traditionnels.
Les toiles de Yasmina Alaoui interrogent les tensions entre tradition et modernité, matérialité et mémoire, dans une démarche profondément esthétique mais aussi politique, portée par la quête d’un langage visuel proprement marocain, ouvert à l’international.
Une saison culturelle au diapason d’une ambition nationale
Ces trois initiatives – ouverture d’un institut universitaire, festival international, exposition contemporaine – traduisent une même volonté : structurer durablement l’espace culturel marocain, valoriser son patrimoine, et le projeter sur la scène mondiale. Elles incarnent aussi l’engagement des institutions, des artistes et des mécènes autour d’un modèle marocain de développement par la culture.
Entre transmission académique, célébration spirituelle et exploration identitaire, le Maroc démontre que la culture est bien plus qu’un ornement : elle est moteur de cohésion, de rayonnement et de transformation.