En Libye, un rallye dans le désert pour retrouver un semblant de normalité

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Une tunisienne passionnée d'automobile est l’unique femme, une première, à prendre part au rallye automobile Hamada al-Hamra qui s'est déroulé dans la région de Zintan, à environ 180 kilomètres au sud-ouest de la capitale libyenne, le 10 novembre 2022, un événement auquel ont pris part des participants de toute la Libye et une équipe de Tunisie. (Photo de Mahmud Turkia / AFP)

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Une trentaine de 4x4, quads et motos lancés à travers les étendues rocailleuses du désert: le Rallye d'Al-Hamada organisé cette semaine en Libye représente un rare moment de normalité pour un pays miné par une décennie de conflits fratricides.

Depuis sa création en 2013, c'est seulement la troisième édition de cette rencontre -conflits et insécurité obligent- qui réunissait cette fois des concurrents libyens et tunisiens, et surtout la première femme de l'histoire des rallyes en Libye.

"Le message le plus important et le plus noble", c'est qu'il est possible d'organiser un "bel événement sportif, loin de la politique et des divisions", explique à l'AFP l'organisateur Khaled Drera.

La Libye "veut progresser vers la stabilité qu'elle mérite", ajoute ce guide touristique et expert du désert.

Le Rallye d'Al-Hamada, du nom d'un vaste territoire au coeur du Sahara libyen, constitue un îlot de tranquillité inhabituel dans un pays en proie au chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.

Depuis mars 2022, deux gouvernements se disputent la légitimité du pouvoir en Libye et des affrontements meurtriers ont opposé les deux camps.

Une première femme 

Après leur départ jeudi de Zenten, petite ville perchée sur les hauteurs du Jabal (mont) Nefoussa à quelque 170 km au sud-ouest de Tripoli, les concurrents ont parcouru plus de 400 km de terrains plats et caillouteux pour rejoindre Ghadamès, à quelque 650 km au sud-ouest de Tripoli, dimanche.

Cette oasis à la jonction des frontières libyenne, algérienne et tunisienne est un site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, connu sous le nom de "Perle du désert".

Avec les images de motos et 4X4 sur fond de sable blond et de palmiers, les organisateurs espèrent attirer les regards au-delà des frontières libyennes.

Déjà, grâce à la présence d'une équipe tunisienne, le Rallye d'Al-Hamada est passé cette année du local à l'international, avec l'espoir de faire venir d'autres pays lors de prochaines éditions.

Ahmad Saleh, 27 ans, pilote de l'équipe de sports mécaniques libyenne "Nazar", se félicite de "concourir avec des étrangers" qui ont déjà un long palmarès dans des courses internationales.

Autre particularité: la première participation d'une femme, une Tunisienne, à une course automobile en Libye.

Chaima Ben Ammou, 29 ans, originaire de Nabeul (est), vient de remporter le Championnat de motocross en Tunisie.

Elle est passionnée de motos depuis toujours grâce à son père qui accompagne son "parcours ponctué de courses locales et internationales".

"J'ai fait de nombreux sacrifices pour en arriver là mais j'ai le soutien de ma famille", confie, en vérifiant l'huile de son moteur, la jeune femme qui a mis entre parenthèses ses études de droit.

Casque noir sur la tête cachant une longue queue de cheval, Chaima Ben Ammou sait qu'elle ouvre la voie à d'autres femmes. C'est pour cela qu'elle a "répondu à l'invitation des frères libyens" en délaissant son deux-roues pour concourir avec un 4x4 japonais pour la première fois.

"Malgré les difficultés, je n'ai pas lâché", confie-t-elle, au volant de son bolide. (AFP)

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