''NO SHIPPING, NO SHOPPING !'' - Par Abdelfattah BOUZOUBAA 

5437685854_d630fceaff_b-

Dans les transports en lignes régulières l’offre de transport maritime est concentrée entre les mains des 10 premiers armateurs mondiaux (mega carriers) et la demande très éclatée. Ce qui leur permet de dicter les règles

1
Partager :

“No Shipping, No Shopping !” Y-a-t-il meilleure formule pour sensibiliser le commun des mortels à l’importance du transport maritime dans la vie de tous les jours ? 

Le smartphone ou le PC que nous utilisons, la voiture que nous conduisons, les chaussures ou vêtements que nous portons ont été, entièrement ou partiellement, transportés par mer. En effet, plus de 80% des échanges commerciaux mondiaux s’effectuent par voie maritime. 

Dès lors, à défaut d’une maîtrise adéquate du maillon maritime, qui est le maillon le plus important de la chaîne logistique, les chargeurs sont à la merci des transporteurs maritimes. 

Dans le vrac sec et liquide, l’offre de transport maritime est éclatée et les chargeurs, s’ils ont une taille suffisante, peuvent négocier avec les armateurs le taux de fret et les termes du contrat de transport. 

Tel n’est pas le cas des transports en lignes régulières où l’offre de transport maritime est concentrée entre les mains des 10 premiers armateurs mondiaux (mega carriers) et la demande très éclatée. Dans ce secteur, les taux de fret et les conditions du transport sont dictés par les armateurs. 

Comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), les mega carriers sont devenus incontournables grâce au réseau de lignes qu’ils ont tissé autour du globe et aux services associés qu’ils fournissent. 

La question qui est posée depuis longtemps est quels sont les voies et moyens permettant l’institution de rapports équilibrés entre armateurs et chargeurs dans les transports en lignes régulières ? 

La réponse à cette question revêt une grande importance pour un pays quasi insulaire comme le Maroc, qui ne transportant quasiment rien de ses échanges extérieurs, paie annuellement aux armateurs étrangers un fret évalué à 45 milliards de dirhams et subit de plein fouet le diktat des mega carriers et les aléas du marché international du transport maritime. 

La CNUCED avait bien essayé d’apporter une réponse globale à cette question à travers le Code de Conduite des Conférences Maritimes entré en vigueur en 1983, mais vidé de sa substance par le lobby des grands armateurs dont le pouvoir est allé croissant, au rythme de leurs concentrations et alliances.