Léon XIV débute son pontificat en critiquant les excès du capitalisme et effleuran la survie à Gaza

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Le pape Léon XIV dirige une messe pour le début de son pontificat, sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 18 mai 2025. (Photo de Jacquelyn Martin / POOL / AFP)

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Premier pape américain de l’histoire, Léon XIV a marqué le début de son pontificat par une critique des dérives du capitalisme et un plaidoyer en faveur des pauvres, de la paix et de l’unité. Lors de la messe d’inauguration à Saint-Pierre de Rome, il a donné le ton d’un règne résolument engagé, social et spirituellement audacieux. Il reçu le président Ukrainien, et israélien et évoqué "les enfants, les familles, les personnes âgées qui survivent souffrant de la faim".


Cité du Vatican - Léon XIV a donné le ton de son pontificat dimanche au Vatican en dénonçant une économie exploitant la nature et marginalisant les pauvres, devant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dirigeants étrangers, dont le vice-président américain JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch qui a représenté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, à la cérémonie d’inauguration officielle du pontificat du Pape Léon XIV.

Dix jours après son élection, le nouveau guide spirituel des 1,4 milliard de catholiques a également insisté sur la paix et l'unité lors de cette messe solennelle célébrée en plusieurs langues et sous haute sécurité sur la place Saint-Pierre, en présence de quelque 200.000 personnes, selon les autorités italiennes.

"À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l'autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres", a déploré le premier pape américain, qui a lui-même vécu deux décennies dans une région déshéritée du Pérou.

Il confirme ainsi l'orientation sociale qu'il entendrait donner à son action, après le choix de son nom de règne en hommage à Léon XIII (1878-1903), le père de la doctrine sociale de l'Eglise qui avait dénoncé l'exploitation des ouvriers à la fin du XIXe siècle.

Lors de la messe riche en rites et symboles place Saint-Pierre, Robert Francis Prevost, élu le 8 mai, est apparu ému en recevant les emblèmes pontificaux, le pallium, bande d'étoffe qui se porte sur la chasuble, et l'anneau du pêcheur, une bague rendue inutilisable après la mort de chaque pape.

Disant sa "gratitude", il a insisté sur "l'unité" de l'Eglise, appelant à "la charité" plutôt que "d'emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir".

Avant la cérémonie, le pape de 69 ans est allé pour la première fois en papamobile au contact des fidèles. Debout et souriant, il a salué et béni la foule qui l'a applaudi, certains criant son nom, d'autres agitant des drapeaux de leur pays d'origine ou le filmant avec leur smartphone.

"C'est la bonne personne au bon moment et il fera certainement ce qu'il a promis, il abattra des murs et construira des ponts", a confié Maria Grazia La Barbera, 56 ans, une Sicilienne venant de Palerme.

Elle s'est aussi dite convaincue que Léon XIV continuera "les batailles ouvertes par le pape François".

"Un monde nouveau"

Le vice-président américain JD Vance - dernier dirigeant à rencontrer le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort - était présent à la messe aux côtés du secrétaire d'Etat Marco Rubio, ces deux responsables étant d'ailleurs de fervents catholiques.

JD Vance a échangé dimanche une brève poignée de mains avec le nouveau pape, mais n'a pas été reçu en audience privée. Il pourrait toutefois le voir lundi avant son retour aux Etats-Unis.

L'élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux Etats-Unis même s'il s'était opposé à la politique antimigratoire de l'administration Trump, notamment sur son compte X, supprimé depuis.

Sophia Tripp, une Américaine de 20 ans étudiant justement à Chicago, s'attend à ce qu'il y ait "davantage de poids (sur ses épaules) parce qu'il est américain". "Je crois qu'il va y avoir davantage d'yeux fixés sur lui, peut-être des critiques, à cause de son origine", prédit-elle.

Le pape a aussi appelé à "construire un monde nouveau où règne la paix", un message à la résonance particulière alors qu'étaient présents les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'il devait recevoir en audience privée dimanche, et israélien Isaac Herzog, dont le pays mène une guerre de la composante occidentale de la communauté internationale commence à son tour à qualifier, mais timidement encore, de génocide des Palestiniens.

A l'issue de la messe, il a évoqué l'Ukraine "martyrisée" dans l'attente de "négociations pour une paix juste et durable" et Gaza, où il s’est contenté d’évoquer "les enfants, les familles, les personnes âgées qui survivent souffrant de la faim".

Des représentants d'autres religions étaient également présents, notamment juifs et musulmans.

Les têtes couronnées ne manquaient pas à l'appel, avec les souverains belges Philippe et Mathilde, espagnols Felipe VI et Letizia, mais aussi monégasques, Albert II et Charlène.

Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV avait déjà profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier.

Devant le corps diplomatique vendredi, il avait appelé à lutter contre les "inégalités mondiales" et les "conditions de travail indignes" tout en défendant une vision de la "famille fondée sur l'union stable entre un homme et une femme". (Quid avec AFP)

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