La guerre israélo-américaine d’extermination des Palestiniens est entrée dans son 4e mois

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La veuve de Hamza Wael Dahdouh, journaliste de la chaîne de télévision Al Jazeera, et son père, Wael Al-Dahdouh, chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza, se recueillent sur son corps lors de ses funérailles, après qu'il ait été tué lors d'une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, le 7 janvier 2024. M. Dahdouh, qui a lui-même été blessé au bras, a perdu sa femme et ses deux autres enfants dans les bombardements israéliens des premières semaines de la guerre. (Photo par AFP)

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La guerre d’Israël contre les Palestiniens est entrée dimanche dans son 4e mois sans aucun signe de répit, l'armée de l'air israélienne menant de nouvelles frappes meurtrières à Gaza et le secrétaire d'État américain Antony Blinken cherchant à éviter un embrasement régional.

La campagne d’extermination israélienne plus de 23.000 morts dans la bande de Gaza assiégée, très majoritairement des civils dont près de 10.000 enfants et 7.000 femmes. On compte aussi au moins 7000 disparus. Les bombardements y ont détruit des quartiers entiers, fait déplacer 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique, de l’aveu même d’une ONU de plus en plus impuissante.

L'armée israélienne a mené plusieurs frappes aériennes tout au long de la nuit, dont au moins six dans la ville de Rafah, proche de la frontière égyptienne, a constaté un correspondant de l'AFP. Selon le ministre de la Santé du Hamas à Gaza, au moins 64 personnes ont été tuées dans ces frappes nocturnes.

Tôt dimanche, des témoins ont fait état de frappes à Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et nouvel épicentre des combats entre les soldats et le combattants palestiniens.

Deux journalistes palestiniens, Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste collaborant avec l'AFP, et Hamza Waël Dahdouh, journaliste de la chaîne Al-Jazeera, ont été tués dimanche dans une frappe israélienne portant à 109 le nombre de journalistes tués depuis le 7 octobre dans une campagne délibérée d’éliminer les témoins qui témoignent en direct des crimes contre l’humanité d’Israël .

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, un raid des forces israéliennes a coûté la vie à six Palestiniens à Jénine, selon l'Autorité palestinienne, et deux Israéliens, une policière et un civil, ont également perdu la vie. Le nombre des assassinés Palestiniens depuis le 7 octobre s’élève à au moins 322 Palestiniens.

Manifestation anti-Netanyahu 

Samedi, l'armée, qui a lancé son offensive terrestre le 27 octobre dans la bande de Gaza, a annoncé avoir "achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord", précisant se focaliser "désormais dans le centre et le sud" du territoire.

Malgré les pressions internationales et les appels au cessez-le-feu, Israël reste inflexible.

"La guerre ne doit pas s'arrêter tant que nous n'aurons pas atteint (nos objectifs, ndlr)" qui sont "d'éliminer le Hamas, récupérer les otages et faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour Israël", a déclaré samedi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le soir même, des manifestants israéliens rassemblés à Tel-Aviv ont appelé à des élections anticipées et à la démission du gouvernement.

"Nous en avons assez ! Nous en avons assez !" a déclaré sur place à l'AFP Shachaf Netzer, 54 ans. "Nous avons besoin de nouvelles élections. Nous avons besoin d'un nouveau gouvernement. Nous avons besoin d'un nouveau dirigeant."

Dans ce contexte, Antony Blinken, dont le pays est le premier soutien politique et militaire d'Israël, s'est entretenu avec le roi Abdallah II de Jordanie à Amman, au début d'une nouvelle tournée dans des pays arabes et en Israël.

Selon un communiqué du palais royal, le souverain hachémite a appelé les Etats-Unis à faire pression sur Israël pour obtenir un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza et mis en garde contre les "répercussions catastrophiques" d'une poursuite des hostilités.

Il a également martelé "le rejet total par la Jordanie du déplacement forcé des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza", après que plusieurs ministres israéliens ont préconisé un retour de colons juifs à Gaza.

"Cycle sans fin" 

Lors d'une visite dans un centre du Programme alimentaire mondial en Jordanie, M. Blinken s’est contenté d’affirmr qu'il était "impératif de maximiser l'aide humanitaire à Gaza", que ce soit dans son acheminement que dans sa distribution aux déplacés.

Dans un contexte de craintes croissantes d'un débordement du conflit, il avait appelé avant son arrivée en Jordanie à éviter à tout prix un embrasement dans la région et à prévenir "un cycle sans fin de violences", soulignant notamment la nécessité "de travailler à une paix régionale durable et d'avancer vers l'établissement d'un Etat palestinien", une déclaration qui ressemble comme deux goutes d’eau à une clause de style.

Depuis le 7 octobre, les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre les forces israéliennes à la frontière israélo-libanaise le Hezbollah libanais. En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires des Etats-Unis se sont aussi multipliées, tandis que les Houthis au Yémen perturbent le trafic maritime mondial en mer Rouge en y attaquant des navires, en soutien aux Palestiniens.

Le Hezbollah a tiré samedi, sans objectifs, des dizaines de roquettes sur une base militaire dans le nord d'Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l'élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, assassiné mardi dans une frappe israélienne dans un fief du Hezbollah à Beyrouth.

Dans la bande de Gaza, la campagne d’extermination israélienne a provoqué le déplacement de 1,9 million des quelque 2,4 million de Palestiniens qui manquent de tout, au point que le territoire palestinien est "tout simplement devenu inhabitable", "un lieu de mort et de désespoir", selon le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

Dimanche, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir évacué son personnel d'un hôpital du centre de Gaza.

"La situation est devenue si dangereuse que certains membres de notre équipe vivant dans le quartier n'étaient même pas en mesure de quitter leurs maisons en raison des menaces constantes des drones et des tireurs d'élite", a déclaré Carolina Lopez, membre de MSF.

Avant la visite de M. Blinken à un entrepôt d'aide du Programme alimentaire mondial près d'Amman, Sheri Ritsema-Anderson, Coordonnatrice résidente de l'ONU en Jordanie, a parlé de la crise humanitaire à Gaza, évoquant une situation "catastrophique. Inimaginable."

Elle a en outre affirmé que la guerre à Gaza a coûté la vie à plus de 140 membres du personnel de l'ONU, "le nombre le plus élevé de victimes dans un conflit de l'histoire moderne des Nations unies". (Quid avec AFP)

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