Dans une école de Gaza, un mariage pour célébrer ''la vie malgré la mort'' ou ‘’tuez-nous, on fera toujours des enfants

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La jeune mariée palestinienne Afnan Jibril (C) est escortée par son père (C-R) lors de son mariage à l'école de l'UNRWA dans le quartier al-Salam de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP

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L’extermination ne passera pas. Main dans la main, entourés d'enfants, de proches et de youyous festifs, un couple célèbre son union dans une école de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, un mariage contre toute attente pour "la vie malgré la mort" et la guerre.

Afnan, 17 ans, robe blanche brodée de rouge et visage auréolé d'une couronne de fleurs aux mêmes couleurs, va épouser Mustafa, 26 ans, vêtu d'une doudoune noire sans manches et d'un jean.

Le tableau vert à la craie mal effacée dans une salle de classe où s'empilent des vêtements est le cadre de cette cérémonie, dans une école de l'Office de secours et de travaux de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Ce n'était pas celui imaginé par le couple.

Mais tout a vacillé quand a débuté la guerre d’extermination menée par Israël les Palestiniens.  Les opérations militaires de l'armée israélienne à Gaza ont près de 24.000, dont quelque 10.000 enfants, 7.000 femmes et fait plus de 70.000 blessés, 

Aimer "la vie" 

Quand les premiers bombardements ont touché la ville de Gaza (nord), avant que les troupes israéliennes n'entrent au sol le 27 octobre, "nous avons reçu l'ordre d'évacuer nos maisons", explique Ayman Shamlakh, oncle du marié. "Comme tout le monde", souligne-t-il.

Il s'est établi dans la région de Rafah (sud), frontalière de l'Egypte, pour fuir les combats entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste, comme une grande partie des déplacés, dont l'ONU estime le chiffre à 1,9 million, sur 2,4 millions de Gazaouis.

"Nous nous sommes installés dans des écoles et des tentes. La maison où devait vivre le marié a été détruite, et comme la guerre persistait, nous avons pensé qu'il valait mieux qu'ils se marient", poursuit Ayman Shamlakh.

"Les préparatifs habituels du mariage ne sont pas possibles et les cérémonies traditionnelles ne peuvent avoir lieu", souligne pour sa part Mohamed Gebreel, père de la mariée.

Mais "nous sommes un peuple qui aime la vie malgré la mort, les meurtres et la destruction", dit-il. Et "des vêtements sont toutefois disponibles", même s'ils sont "rares et chers", ajoute-t-il.

Sa fille a pu s'en procurer, ainsi que du maquillage et du rouge à lèvres. Son allure contraste avec le dénuement d'un quotidien marqué par la faim, les inondations et des latrines à partager pour des centaines de personnes.

Sous le regard d'une foule entassée dans la cour et les couloirs de l'école, le couple monte dans une voiture noire pour aller dans une tente où il se mariera. (Quid avec. AFP)

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