6ème édition du rapport annuel Atlantic Currents : ''Le Sud en période de tourmente''

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Le rapport annuel Atlantic Currents, publication phare du think tank marocain Policy Center for the New South, offre une perspective du Sud sur les enjeux globaux et atlantiques. La 6ème édition de ce document de référence sera publiée le 12 décembre en présence de quelques-uns des auteurs qui y ont contribué, en prélude à l’ouverture de la 8ème édition de la conférence internationale de haut niveau Atlantic Dialogues. 

Aligné sur le thème de la conférence, « Le Sud en période de tourmente », le rapport Atlantic Currents apporte un éclairage nouveau sur les défis auxquels est confronté l’Atlantique, Nord et Sud, en faisant porter les voix du Sud dans le débat géopolitique mondial.

De global au local 

Comme le rappellent dans leur introduction Karim El Aynaoui, Président du Policy Center for the New South et Bouchra Rahmouni, Directrice de la Recherche, des Partenariats et des Evènements : « Les éditions précédentes ont expliqué comment cette région peu étudiée se trouve divisée entre une zone tourmentée au Nord et un territoire marqué par une vulnérabilité économique, politique et sociale, au Sud. Promouvoir le dialogue et une meilleure compréhension sont des éléments majeurspour mieux aider les pays de l’Atlantique à surmonter ces divisions et ces points de rupture et à marcher ensemble sur la voie du développement durable ».

Les 9 chapitres du rapport traitent des grandes questions, en allant du plus global au plus local. Il aborde « le monde post-Américain », les « chances de survie » de l’actuel système commercial régulé par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), ou encore « l’avenir de l’Union européenne », avant d’aborder les questions sud-atlantiques, telles que « L’expansion des groupes armés au Sahel et les signaux d’alerte pour le littoral ouest-africain » et « la Chine et l’Afrique en temps de tourmente », entre autres. 

Des experts et des chercheurs associés du Policy Center venant des Caraïbes, du Costa Rica, du Maroc, du Brésil et de la France ont traité des questions d’ordre économique, diplomatique et culturel. Le cap a été fixé dans la préface signée par Aminata Touré, ancienne Premier Ministre du Sénégal : « L’Afrique que nous voulons est un continent intégré, où ses jeunes et femmes ont un véritable espoir pour leur avenir et rêvent d’atteindre un niveau de prospérité et d’opulence, en laissant derrière eux tout sentiment de peur, d’anxiété, de marginalisation, d’exclusion et de victimisation dans leur vie quotidienne. »

Les femmes au premier plan 

Nouzha Chekrouni (Maroc), chercheur associé au Policy Center, donne un point de vue unique sur « le Leadership des femmes en Afrique », et souligne la place faite aux femmes parmi les contributeurs du rapport. 

Menant la réflexion sur « la gouvernance mondiale dans le monde poste-Américain », Len Ishmael (Saint Lucia), ancienne Ambassadrice des Etats des Caraïbes orientales auprès du royaume de Belgique et de l’Union européenne, ouvre le rapport avec une analyse sur le retrait américain du leadership occidental et ses conséquences pour le Sud : « Alors que la structure internationale continue de prendre forme et d’évoluer, le message des pays du Sud est simple : Ne nous obligez pas à choisir ! Le changement des dynamiques du pouvoir et la perception des Etats-Unis et de la Chine comme concurrents et menaces au lieu de partenaires, poussent de nombreux pays à choisir entre l’un ou l’autre »

Anabel Gonzalez, ancienne ministre du Commerce du Costa Rica, examine les enjeux de l’OMC et en appelle à une « gouvernance mondiale renouvelée », alors que l’ancien Représentant du royaume du Maroc auprès des Nations unies, Mohamed Loulichki, aborde les implications d’une « diplomatie culturelle » dans un contexte de déclin du hard power depuis la fin de la Guerre froide. 

De son côté, Dominique Bocquet (France) met l’accent sur l’enchevêtrement du Brexit, l’euroscepticisme et le populisme en tant que symboles de la nouvelle donne, en s’interrogeant sur le « futur de l’UE ». 

Sahel, Chine-Afrique, agriculture africaine et économies atlantiques

Dans la seconde partie du rapport, Rida Lyammouri (Maroc) examine l’expansion des groupes extrémistes armés dans le Sahel, en se concentrant sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.  

En outre, Marcus Vinicius de Freitas (Brésil) apporte des éclairages sur la Chine et l’Afrique : « Une forte tentation à traiter la Chine comme le Japon ou l’Union soviétique du passé a émergé, écrit-il. Pourtant, les deux prescriptions sont fausses (…) Bien que certains souhaiteraient voir une nouvelle Guerre froide, ce scénario ne correspond pas à la perspective chinoise ni à ses intérêts au long terme, car cela déstabiliserait un équilibre vital des pouvoirs dans le propre voisinage de la Chine. »

Fatima Ezzahra Mengoub (Maroc) et Olisaeloka Okocha, un ancien Atlantic Dialogues Emerging Leader (ADEL) du Nigeria, discutent de l’usage de la technologie dans le secteur agricole africain afin d’améliorer la croissance. Enfin, les économistes marocains Tayeb Ghazi et Youssef El Jai dressent une cartographie complète de la convergence dans chaque sous-région de l’espace atlantique, appelant à plus d’action pour améliorer les relations entre pays. 

Comme le soulignent Karim El Aynaoui et Bouchra Rahmouni, « Le rapport propose non seulement un diagnostic des turbulences dans l’ordre mondial et le bassin atlantique mais aussi des perspectives prometteuses et des projets pionniers, dont l’innovation sociale en réaction aux problèmes sociaux, l’autonomisation des femmes, la diplomatie culturelle, le dialogue interculturel, ainsi que la révolution digitale en tant que force bénéfique et outil d’une coopération renforcée. » 

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