Istiqlal : Des soucoupes volantes et un débat qui n’a jamais pris de l’altitude

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La presse n’évoque pas Nizar Baraka face à Chabat mais le courant d’Ould Rachid qui soutient celui-ci, face au courant du secrétaire général sortant. De là à penser qu’il y a  de gros risques pour le prétendant, s’il réussit à conquérir le parti, de se retrouver dans une position d’otage…

D’habitude ce sont les militants du parti qui assurent la sécurité des congrès de l’Istiqlal. Généralement ceux de la Jeunesse istiqlalienne et les gros bras de l’UGTM. Cette fois-ci les organisateurs ont fait appel à une société privée de sécurité. L’air du temps, peut-être, le veut. Mais je crois que c’est aussi, signe des temps, parce que les divisions qui secouent l’ainé des partis marocains traversent également la jeunesse et le syndicat qui gravitent autour.

Pour n’utiliser que des euphémismes, le 17ème congrès de l’Istiqlal s’est terminé comme il a commencé, en queue de poisson.  Confusion, désordre, pugilat et à l’arrivée l’incapacité pour les 1200 membres du Conseil national de reconduire le secrétaire général ou d’en élire un nouveau.

Seul bémol, le secrétaire général et le comité exécutif sortant, son rival et la présidence du congrès ont réussi à se mettre d’accord sur un communiqué final au ton très virulent, consacrant un long paragraphe aux évènements d’Al Hoceima. A l’heure où j’écris on travaillerait à en arrondir les angles.

En dehors de la « guerre des soucoupes volantes », je retiendrai que le secrétaire général sortant, Hamid Chabat, a encore du ressort au point de bloquer le congrès et entend vendre, si toutefois elle est à vendre, chèrement sa peau.

L’autre fait saillant du congrès s’est passé à sa périphérie : La presse n’évoque pas Nizar Baraka face à Chabat mais le courant d’Ould Rachid qui soutient celui-ci, face au courant du secrétaire général sortant. De là penser qu’il y a  de gros risques pour le prétendant, s’il réussit à conquérir le parti, de se retrouver dans une position d’otage, il n’y a qu’un pas allègrement franchi.

Mais il n’y a pas que lui pour craindre l’hégémonie du maire de Laâyoune sur le comité exécutif. Un troisième courant, ultra minoritaire selon toute vraisemblance, s’est constitué pour contrecarrer cette ambition. Il est essentiellement constitué de Adil Benhamza, Abdelkader Lkihel et Abdallah Bekkali qui cherchent à assurer leur reconduction au comité exécutif. Il a reçu le soutien tacite de Abdelaouahed El Fassi, candidat malheureux contre Hamid Chabat au 16ème congrès. Il avait alors déserté toutes les instances du parti pour regrouper les frondeurs au sein d’un mouvement, Bila Hawda.

Finalement, le 17ème congrès de l’Istiqlal aura été le congrès de tous les chocs sauf celui des idées. Nizar Baraka a bien préparé une plateforme qui aurait pu constituer une base de débat, Hamid Chabat a bien fait son rapport moral, mais les congressistes avaient la tête à tout sauf à se la casser en réfléchissant un peu.