billet
Les Dieux sont tombés sur la tête
Je suis heureux pour les Martiens.
Justement, je suis heureux pour les martiens parce qu’ils n’existent pas. Sinon ils auraient été les témoins d’un curieux objet qui leur serait tombé dessus. La sonde américaine dotée de quelque chose de français, un sismographe, et d’allemand, une sorte de taupe électronique. Elle a pour mission de fouiner dans les entrailles d’une planète qui a tant fasciné les gens au point qu’elle a fini par concentrer en elle et sur elle tout ce qui est exobleu, synonyme extraterrestre, plus communément connu sous le nom de martiens.
Insight, c’est son prénom, n’est pas un objet anodin ou inoffensif comme la bouteille vide de Coca-Cola, connu de tous sauf des habitants primitifs d’un village africain reclus dans ce pays déjà désertique et enclavé qu’est le Botswana. C’est dans Les Dieux sont tombés sur la tête. La tribu vivait heureuse et isolée du monde jusqu’au jour où une bouteille de coca est tombée du ciel. Elle l’a considérée comme un présent des Dieux, mais elle n’a apporté que désordre et convoitise.
Avant Insight, les sondes américaines ne s’intéressaient qu’à l’atmosphère de mars. Plus curieuse qu’une bouteille de Coca Cola, elle a mis l’heure désormais à l’exploration du sous sol martien « dans ses moindres détails ». Officiellement pour étudier la constitution de la planète rouge. « Les connaissances rassemblées permettront de mieux comprendre la formation, il y a de cela des milliards d’années, de cette planète et de les comparer à la Terre. »
Et officieusement ? Officieusement, c’est silence radio, si ce n’est la déclaration de Jim Bridenstine, patron de la Nasa, qui explique qu’il espère pouvoir envoyer « des humains sur Mars » d’ici le milieu des années 2030.
Une perspective peu réjouissante pour ce nouveau monde si les martiens existaient. Mais comme ils n’existent pas et ne savent en conséquence rien sur l’histoire des hommes, ils ne sauront jamais que ces hommes qui descendront de leurs navettes spatiales sont les descendants des conquistadors que les indigènes des Amériques aimeraient, rétrospectivement, n’avoir jamais connus ni vus descendre de leurs Galères menées par leurs Real.