billet
Assassinat de deux touristes : De la peine de mort
Depuis quelques années déjà qu’un mouvement abolitionniste tente d’obtenir des pouvoirs l’abolition de la peine capitale. Une initiative qui les honore, mais qui est loin de susciter l’enthousiasme qu’aux yeux de ses partisans mériterait la cause.
Si Naïma, mon épouse est hostile à l’abolition et que moi-même, je reste hésitant, n’arrivant pas, sans mauvais jeu de mots, à trancher, il faut préciser que la question n’a jamais soulevé chez nous plus qu’un échange bref. C’est dire que la question n’est pas d’une certaine manière au centre de nos préoccupations, ni celui de notre entourage et par extension celui de la société.
A fortiori aujourd’hui qu’un crime abject a été commis sur deux innocentes personnes par de hideux personnages.
J’ai dans mes relations des abolitionnistes engagés, Narjis Rerhaye étant parmi eux des plus enragés. Pourtant, à la suite de l’assassinat de deux jeunes touristes à Imlil, dans la région de Marrakech, je l’ai trouvée interloquée. Elle m’avoue avoir été ébranlée, qu’elle a un instant vacillé avant de retomber sur ses pieds en se ressourçant dans les écrits de Robert Badinter, qui a conduit et gagné la bataille de l’abolition en France. Un abolitionniste convaincu, me dit-elle, est celui qui ne fléchit pas quel que soit le degré d’abjection, de monstruosité et de barbarie devant lequel il se trouve.
J’aurais été certainement convaincu si je m’étais trouvé en présence d’un homicide ordinaire, pour autant qu’un homicide puisse être banal. Tout autre est l’assassinat des deux jeunes filles, une norvégienne et une danoise, à la fleur de l’âge qu’a ma fille, qui n’ont écouté que leur cœur et leur passion pour partir à la découverte d’un pays qui ne leur demandait pas tant.
Des fois crime crapuleux, dit-on ; d’autres homicide involontaire ou passionnel ; ou encore meurtres en série qui, la plupart du temps, renvoie à un malade mental.
Le crime d’Imlil est inqualifiable.
Idéologiquement haineux, opérationnellement barbare, humainement insupportable, économiquement ruineux, communicationnellement contre productif, le crime d’Imlil illustrera pour longtemps ce que l’hospitalier et le gentil marocain peut avoir à l’occasion, à la fois d’abject et de bêtise animale répugnante.
L’acte ne m’inspire qu’une réaction, viscérale tant pis : Que le Maroc lève pour ce cas le moratoire de fait qu’il applique à l’exécution de la peine de mort.