RENTRÉE DIPLOMATIQUE AUSSI... Par Mustapha SEHIMI

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L’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, en réunion ici, en janvier 2022, avec Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères marocain, et Omar Hilale, représentant permanent du Royaume du Maroc aux Nations Unies

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Rentrée diplomatique ? Un titre plutôt réducteur : la diplomatie marocaine - comme celle des autres pays - ne connaît pas de trêve estivale. L'environnement international n'est pas un "long fleuve tranquille" : tant s'en faut. Les tensions et les crises sont là, la plus grave étant depuis le 24 février dernier le conflit russo-ukrainien. Son impact est mondial sur les économies, sur la paix et la sécurité internationales, avec tant d'incertitudes et de craintes.

Avec la prochaine ouverture de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 16 septembre, c'est un cadre institutionnel mondial qui va être en première ligne. Le Conseil de sécurité n'a sans doute pas chômé ces derniers mois, mais l'ordre du jour des travaux de l'Organisation mondiale va être articulé autour de dizaines de points nourrissant un débat général. Pour ce qui regarde le Maroc, les regards vont être tournés en particulier sur la question nationale devant être inscrite dans le calendrier mensuel du mois d'octobre de cette haute instance onusienne. Ce qui conduira à la délibération puis à l'adoption d'un projet de résolution préparé, suivant l'usage, par les Etats Unis. 

Trois rapports

Sur quelles bases ? Celles de trois rapports. Celui du responsable de la MINURSO, le russe Alexander Ivanko qui fera un exposé sur le respect du cessez-le-feu. Le Secrétaire général-adjoint aux opérations de paix de l'ONU, Jean - Pierre La croix a, pour sa part, le 1er juin dernier, fait état d'une "tension réduite" et de certaines "limitations" - pas imputables au Maroc en tout cas... Le deuxième rapport sera celui de Staffan de Mistura, nouvel envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU depuis novembre dernier. Il fera le point sur l'état d'avancement du dossier du Sahara marocain depuis la précédente réunion du Conseil de sécurité de la fin avril dernier. Le 5 juillet, il a été reçu à Rabat, par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Il a décidé, sur place, de ne pas se rendre dans les provinces Sahariennes du Royaume et de reporter ce déplacement à une date ultérieure. Il a repris sa visite dans la région avec un séjour dans les camps des séparatistes de Tindouf ou il a été reçu, le samedi 3 septembre, par le chef de la milice séparatiste, Brahim Ghali.

Il n'a certainement pas manqué de relever les contradictions des dirigeants du "Polisario", l'un d’entre deux déclarant l'"attachement à la paix" puis se rétractant quelques heures plus tard pour souligner qu'il était aussi mobilisé pour "défendre, avec tous les moyens légaux, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance". Une rhétorique qui en tout état de cause fait justice des quelque 300 bulletins militaires rendant compte des "opérations" surréalistes et même hallucinatoires de cette entité fantoche. 

Le diplomate onusien a désormais toutes les données en mains. Il sait la détermination et la fermeté de Rabat à appliquer la résolution 2602 du Conseil de sécurité du 29 octobre 2021 - prévalence de l'Initiative marocaine d'avril 2007 comme seul cadre et référentiel de règlement, format de la table ronde avec les quatre parties et relance du processus de négociation. Il doit en principe poursuivre sa visite en Algérie en se rendant dans la capitale pour une réunion avec Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères. Ce pays voisin va-t-il adhérer à ce processus alors qu'il avait rejeté voici onze mois les principes posés et consacrés par le Conseil de sécurité ? Il n'a pas d'autre choix, sauf à continuer à se mettre en dehors du cadre onusien. Enfin, Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, s'attachera à faire un rapport général avec des propositions : reconduction du mandat de la MINURSO pour douze mois jusqu'au 31 octobre 2023, pistes pour activer et accélérer la recherche d'un règlement négocié, implication de l'Algérie, etc.

En avant toute !...

Par rapport à l'année 2021, bien des avancées ont été enregistrées et engrangées par le Royaume. Après les Etats-Unis en décembre 2020, depuis janvier 2022, cela s'est traduit par le soutien et la réévaluation constructive de la position de nombreux pays sur la question nationale. L'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas et d'autres pays se distinguent dans ce domaine. Une dynamique qui se prolonge avec l'ouverture aujourd'hui de 27 consulats généraux dans les provinces Sahariennes (15 à Dakhla et 12 à Laâyoune). Les 18-19 septembre, va également se tenir à Dakhla un Forum international des investisseurs. Il est également prévu dans les semaines à venir une conférence ministérielle dans cette même ville des pays ayant une représentation consulaire dans les provinces du sud.

Une rentrée diplomatique chargée pour le Royaume. Une approche qui a porté ses fruits avec ce double aspect : respect du cadre onusien pour ce qui est de la cause nationale mais en même temps une mobilisation nationale à consolider, autonome, qui n'est pas suspendue à l'avancement ou non de l'émissaire De Mistura ni au blocage de l'Algérie. En avant toute !