L'Institut Royal des Etudes stratégiques (IRES) vient de publier la huitième édition de l'étude annuelle qu'il livre sur la réputation de Maroc dans le monde+. Mené en mars-avril dernier, elle s’est trouvée fortement contextualisée par la persistance de la crise sanitaire et son impact économique mais aussi le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine déclenché le 24 février dernier. L'échantillon de l’enquête couvre deux lots de pays : les pays du G7 + la Russie d'un côté, 18 autres développés ou émergents de l’autre. Elle se distingue par la prise en compte de nouveaux attributs : respect des droits de l'homme ; protection des droit de l’homme   contre le changement climatique ; la culture est découplée avec "héritage culturel et "succès des sportif"; de même pour ce qui du "Respect international" et "Engagement avec la communauté internationale" et "Dirigeants respectés". 

Le Maroc a la cote…

Cela dit, qu'en est-il du Maroc ? La réputation externe est jugée "globalement positive", comme d'ailleurs dans les précédentes éditions – il se classe ainsi au 32ème rang dans les 72 pays retenus – il a la cote.  Dans la liste des treize derniers pays figurent la Russie, l'Irak, l'Iran, le Pakistan, la Chine, le Nigeria et d'autres dont ... l'Algérie qui a été ajoutée dans cette nouvelle édition. A noter cependant que la réputation du Royaume accuse un niveau bas en Espagne, au Nigéria, en Corée du Sud, en Suède et en Algérie. Mais à l’inverse, elle s'est sensiblement améliorée en Chine (+12%), au Kenya, aux Pays-Bas en Afrique du Sud et en Allemagne (+ 6 %) alors qu'elle a reculé au Royaume -Uni, en Inde, en Turquie et en Suède entre 3% et 5%. En quoi résident les atouts du Maroc ? Dans les attributs suivants: "Qualité de vie", "Sécurité" et  Facteur humain". S'y ajoutent les nouveaux attributs de cette édition 2022, à savoir " Protection de l'environnement" et "lutte contre le changement climatique". Mais des appréciations moins positives se retrouvent dans certains attributs tels la capacité technologique, la reconnaissance des entreprises et des marques, le degré d'éthique et de transparence ainsi que le respect des droits de l'Homme. A noter encore une tendance baissière depuis 2020 pour la réputation liée à des attributs comme "Environnement naturel", "Loisirs et distractions" et "Population aimable et sympathique".

Réputation interne : +11%

Quant à la réputation interne, elle a trait aux perceptions des Marocains. Un fait se dégage : une amélioration de près de 11% entre 2021 et 2022. Depuis des années, l'on n'avait qu'un niveau moyen de réputation. L’une des lectures proposées dans cette enquête serait celle-ci : "l'année 2022 a connu des succès notables sur le plan de la diplomatie, sous le leadership de SM le Roi, "ce qui aurait" contribué au renforcement du sentiment de  fierté nationale chez les Marocains". Il faut sans doute y ajouter d'autres paramètres: la gestion de la crise sanitaire, sociale et économique; la mobilisation de l'Etat; le lancement de grandes réformes - autant de secteurs où les citoyens ont apprécié la mobilisation des moyens , le volontarisme aussi, ce qui tranchait quelque peu avec les politiques publiques dans d'autres pays de la région et même ailleurs, en Europe par exemple... Pas étonnant, dans ce même registre, que la progression de la réputation interne soit établie pour tous les attributs - elle enregistre même un bond de 20 % sur les attributs suivants : " Usage efficace des ressources publiques", "Marques et entreprises connues", "Avancement technologique", "Environnement  institutionnel et politique " et "Qualité du système éducatif".

Il vaut de noter qu'il y a là un différentiel de près  de 15 points entre l'indice de la réputation interne (64 %) et celui de sa réputation externe (49%). Comme le relève l’étude, "les Marocains interrogés estiment, plus que les résidents des pays du G7 + la Russie, qu'ils vivent dans un pays où règne la sécurité, où la population est aimable et sympathique et où le patrimoine culturel est riche; ils considèrent aussi que le Maroc est véritablement engagé avec la communauté internationale sur les questions cruciales de l'Humanité" (protection des droits de l'Homme, environnement, changement climatique). Mais ils expriment une autre tonalité plus critique celle-là que les étrangers sur les attributs suivants: usage efficace des ressources publiques, éthique et transparence, environnement institutionnel et politique, bien -être social et qualité du système éducatif.

Par ailleurs, la réputation d'un pays c'est aussi ce qui regarde les comportements de soutien au Maroc. Ce qui est en cause ici c'est l'attractivité (touristes, investisseurs, partenaires commerciaux, étudiants étrangers, etc.). Ce qui se dégage à cet égard c'est que le Royaume est davantage perçu corme une "destination touristique", de repos et de loisirs plutôt que comme un acteur économique. Ce qui conduit le rapport de l'IRES à recommander la consolidation et la promotion d'avantages comparatifs du Royaume. Il propose de grandes réformes (éducation, innovation et technologies, capital de marque et de qualité des produits et services) de nature à "édifier une Marque Maroc unique, forte et pérenne" : celle d'un Maroc moderne, stable, avec des institutions solides et à adopter une politique de communication ciblée et cohérente".