Folie algérienne – Par Ahmed Charaï

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Il est inquiétant de voir que le pouvoir algérien, le vrai pouvoir, celui des généraux, représenté par Chengriha, n’a plus qu’une seule obsession : la haine du Maroc

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Garder la mesure – Par Ahmed CHARAÏ

Les services algériens ont organisé une visite à Tindouf de l’un des petits fils de Mandela, celui-là même qu’ils ont utilisé lors de la cérémonie d’ouverture d’une compétition de football pour appeler à la guerre contre le Maroc. Cette visite en elle-même n’est pas un événement, le personnage étant insignifiant. Mais elle a été entourée d’un flot de commentaires des plus inquiétants.

Des blogueurs algériens, souvent soutiens du régime, des journalistes parfois, envisagent la guerre contre le Maroc, l’appellent de leurs vœux même. Il n'y a pas de voix raisonnables en face, qui rappellent qu’un conflit armé, ce sont des destructions, des décès en masse, des pertes en potentiel de développement et ce, quelqu’en soit l’issue militaire et pour les deux parties.

Jamais nous n’avons vécu un tel déchainement, même quand les tensions entre les deux pays étaient au plus haut niveau. Du temps de Boumediene, le Maroc a capturé plusieurs centaines de soldats algériens à Amgala. La tension était à son zénith, mais elle a été vite circonscrite parce que les deux côtés ont voulu éviter le pire : le conflit armé ouvert. Cette sagesse aurait-elle disparu en Algérie ? Tout porte à le croire !

Il est inquiétant de voir que le pouvoir algérien, le vrai pouvoir, celui des généraux, représenté par Chengriha, n’a plus qu’une seule obsession : la haine du Maroc. Tous les discours, toutes les interventions, tous les événements, y compris ceux qui n’ont aucun lien avec le Sahara, sont centrés sur la prétendue menace marocaine.

Cette obsession maladive n’a pas d’explication un tant soit peu rationnelle. Même l’argument de politique intérieure algérienne ne résiste pas à l’analyse. Les prix des hydrocarbures offrent aux gouvernants d’Alger une grande aisance budgétaire. Il y a matière à lancer des investissements lourds, à réduire le chômage, à mettre en place une vraie stratégie de développement. Le pouvoir n’a pas besoin de la haine du Maroc pour asseoir sa légitimité.

L’explication par les atavismes ne tient pas non plus. La majorité des deux peuples n’a aucun souvenir de la guerre des sables. Il n'y a aucune contestation frontalière, ni revendication territoriale entre les deux pays, Alger ne se considérant pas partie « concernée » au Sahara.

Cette dérive doit s’arrêter et la raison l’emporter. Il ne s’agit ici ni de réclamer de l’Algérie un changement de cap sur l’affaire factice du Sahara, que la communauté internationale tranche en faveur du Maroc, ni la réouverture des frontières, qui profiterait pourtant aux deux pays, mais juste de stopper les torrents de haine déversés à longueur de journée contre le Maroc, ses institutions, son histoire et le pire, son peuple.

C’est une folie que d’élever toute une jeunesse dans la haine viscérale de celle du pays voisin. La géographie étant immuable, les deux peuples sont condamnés à cohabiter. Cette vérité est-elle inaudible pour les gouvernants de l’Algérie ?