''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - ''SPARTACUS'' UN HYMNE A LA LIBERTE DE L’HOMME

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Rares les filmes qui ont pu atteindre le statut, presque universel, d’hymne à La Liberté de l’Homme. “Spartacus“ en fait bien partie.

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« Je ne suis pas Spartacus, je ne suis pas un Viking, je suis moi-même. Si je commence à oublier, j’ai besin de l’écrire dans un livre ». Kirk Douglas.

« Spartacus » (1960) qui traite, entre histoire réelle et fiction imaginaire romancée, la vie du célèbre gladiateur qui, révolté par la condition inhumaine des esclaves sous la domination cruelle de l’empire romain, mène en l’an 73 avant Jésus Christ, la première grande révolution d’affranchissement de l’esclavage de l’Histoire de l’Humanité.

Certains films ont bien constitué de véritables célébrations du principe de la liberté de l’homme, et de la justice en général. Mais rares sont ceux qui ont pu atteindre le statut, presque universel, d’hymne à La Liberté de l’Homme. Et “Spartacus“ en fait bien partie. Bien qu’il soit, de l’avis général, le film le moins personnel de son réalisateur, Stanley Kubrick, adapté du roman homonyme de Howard Fast (publié en 1951), sur un scénario de Dalton Trumbo, il n’en demeure pas moins l’une des oeuvres cinématographiques les plus originales, regroupant dans un montage subtile, les composantes essentielles du travail bien accompli sur tous les plans. Et ce n’est pas pour rien qu’il a été sélectionné en 2017, par une commission spéciale, pour être conservé par le Registre National du Film (National Film Registry) de la Bibliothèque du Congrès Américain pour son « importance culturelle, historique et esthétique ».

Fasciné par le personnage charismatique de Spartacus, l’acteur-producteur Kirk Douglas, à l’apogée de sa glorieuse carrière, a confié à son ami le scénariste Dalton Trumbo d’écrire un scénario à partir du roman de Howard Fast, curieusement tous deux blacklistés par la commision anti-communiste McCarthy. 

UNE EPOPEE PASSIONNANTE 

En effet, Kirk Douglas, tellement fasciné par le personnage et aussi frustré d’avoir laissé échapper l’opportunité de camper le rôle de Ben-Hur, admirablement joué par Charlton Heston une année avant, il a tout fait pour mener ce projet à terme. A commencer par défendre le scénariste blacklisté qu’il a fait travailler sous un faux nom, et assurer le financement du second plus gros budget du cinéma de l’époque, 13 millions de dollars, après les 16 millions de dollars de “Ben-Hur“. 

Le tournage a été l’un des plus problématiques. Suite au refus de David Lean, puis Laurence Olivier d’assumer la responsabilité de la réalisation du film, elle a été confiée à Anthonny Mann. Mais après la préparation et seulement deux semaines de tournage, il a été viré suite à un différend avec l’acteur-producteur et remplacé par Stanley Kubrick qui a pris de main de maître les commandes de la réalisation du film, même s’il a dû accepter de faire quelques concessions aux choix propres de l’acteur-producteur du film.

Les critiques ont été partagés quant à leurs jugements sur les plans historique, thématique et esthétique du film. Certains ont jugé que l’auteur du roman de base et le scénariste, ayant été victimes de la commission McCarthy des activités anti-américaines, avaient mis dans la narration un maximum d’élans et de références à la liberté de l’homme, faisant plusieurs allusions à l’histoire et la politique contemporaines américaines. Et pour certains, “Spartacus“ est symboliquement une sorte de pré-chrétien, pour d’autres un pré-communiste.

Mais, en réalité, en regardant objectivement ce film, qui n’a pas pris une ride plus de 60 ans après sa sortie, on est pris par le profond humanisme de cette épopée qui regroupe tous les ingrédients d’un film attachant et passionnant, qu’on peut voir et revoir avec un plaisir sans cesse renouvelé.

UNE CREATION CINEMATOGRAPHIQUE IMPERISSABLE  

Effectivement, ce film développe une thématique centrée sur l’une des périodes les plus intéressntes de l’antiquité romaine, enrichie par des événements de la fameuse “troisième guerre servile“ (appelée aussi “guerre des gladiateurs“ ou “guerre de Spartacus“). Ensuite, sur le plan esthétique, Stanley Kubrick a utilisé toute sa maîtrise tehnique, bien servie par le remarquable travail des décors et des costumes, pour brosser un beau tableau cinématographique. D’ailleurs cinq des six Oscars reçus en 1961 récompensent la photographie, la direction artistique, les costumes, la musique et le montage. Si on ajoute à cela la magnifique prestation de Kirk Douglas dans le rôle titre, ainsi que celles, toutes aussi magnifiques, de la douzaine des comédiens qui ont campé les plus importants autres rôles, on obtient l’un des plus beaux tableaux cinématographiques dont le cinéma a pu nous régaler : Peter Ustinov (Lentulus Batiatus), John Gavin (Jules César), Jean Simmons (Varinia), Charles Laughton (Sempronius Gracchus), Tony Curtis (Antoninus)… ont été exemplaires dans leurs prestations.

Ce film, à la fois historique, lyrique et épique, dégage une émotion irrésistible et époustouflante. Et même  en considérant le fait qu’il soit l’un des rares films de Stanley Kubrick dont il n’a pas écrit le scénario, et en tenant compte des difficultés qu’a connu le tournage à cause de cela, ainsi que la critique émise par Kubrick lui-même : « J'ai fait Spartacus, le seul de mes films sur quoi je n'ai pas eu pleine autorité et j'ai le sentiment qu'il ne fut pas servi par cette circonstance. Tout vint en réalité du fait qu'il y avait des milliers de décisions à prendre ; or, quand vous ne les prenez pas vous-mêmes, quand vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde que ceux qui les prennent, cela peut devenir une expérience très pénible ; et ce fut le cas. Bien sûr, je dirigeais les acteurs, composais les images et montais le film de telle sorte que je pus m'efforcer de faire de mon mieux, dans les limites des faiblesses de l'histoire », il n’en demeure pas moins l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma. Une création cinématographique impérissable.

 

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