Mosquée de Tinmel : Ils l’ont fait ! Ils ont déblayé sans archéologues de sauvegarde et d’urgence !

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Les ‘’déblayeurs’’ sur zone, visiblement heureux de leurs œuvres

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Médias24 rapporte que selon différents témoignages, les matériaux issus de l’effondrement de la mosquée de Tinmel ont été traités et déblayés comme de vulgaires gravats. Médias24 craint, à juste titre, que l’évacuation de ces fragments historiques irremplaçables, en l’absence d’archéologues, ait créé un gâchis irrémédiables. Au Quid, on couvrant les journées d’études consacrées à la reconstruction, on n’a pas manqué d’attirer l’attention sur une action en solitaire. Reste à espérer que l’irrémédiable n’a pas encore été commis et qu’un rattrapage est toujours possible. L’un des architectes de la société en charge de ce déblayage, affirme à Médias24 dans un tweet lapidaire s’être déplacé sur place sans rien constater de ce qui es dénoncé dans l’article. Selon lui, le tri es matériaux à réutiliser ainsi que le soutènement seraient faits ‘’de manière correcte’’. 

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Mais au vu des photos et du reportage de Médias24, la manière dont le travail est fait suggère que l’opération est menée par de simples ouvriers sans l’encadrement d’archéologues spécialisés dans l’archéologie de sauvegarde et d’urgence qui dicte des règles précises à observer pour ne rien perdre de la teneur architecturale, ornementale et historique de ce qui fait l’esprit du lieu. 

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C’est ce qui s’est fait, par exemple, pour la reconstruction en France d’un autre site religieux, Notre Dame de Paris après sa dévastation, les 15 et 16 avril 2019, par l’incendie. Des milliers de fragments ont été collectés et protégés pour en sauvegarder la mémoire et pour une possible réutilisation. 

L’Archéologie de sauvegarde et d’urgence est aujourd’hui une science à part entière reconnue comme incontournable dans la remise sur pied des lieux et monuments historiques après la survenue d’un évènement destructeur (séismes, irruptions volcaniques, tempêtes, incendies…).

Le 7 octobre 2023, un mois presque jour pour jour après le tremblement de terre qui a ravage les provinces d’Al Haouz, l’Académie du Royaume du Maroc a organisé, à son siège à Rabat, une journée d’étude intitulée « Penser les horizons de dignité après le séisme ». D’éminents chercheurs, universitaires, architectes, ingénieurs y ont apporté leur savoir et leurs réflexions.

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Les intervenants se sont penchés sur l’après catastrophe et la reconstruction et les conditions d’un retour à la normale dans la perspective d’une dignité recouvrée. Au cœur de l’urgence, elle a appelé à réfléchir très tôt aux modalités d’intervention et de reconstruction : Comment réparer les sociétés ? Comment tenir compte des attachements et des logiques d’enracinement qui animent les habitants à leurs lieux ancestraux ? Comment recomposer des paysages façonnés par l’Homme depuis au moins un millénaire ? Comment poser les questions éthiques de préservation, sans exclure des recommandations d’ordre pratique et générale, en appui sur des expériences ? 

L’Académie du Royaume avait particulièrement insisté sur la nécessité cruciale de sauvegarder le site de Tinmel joyau de l’histoire nationale et de la mémoire locale.

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Elle a proposé en conséquence, avec les équipes de l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc, relevant de l’Académie, en accord avec celles d’archéologie médiévale (INSAP, INRAP, Université Chouaib Doukkali, Université de Panthéon Sorbonne, déjà engagées sur le terrain, d’apporter son soutien et sa contribution à la mise en œuvre concrète sur place de la sauvegarde de ce patrimoine matériel et immatériel en partage. Une journée spéciale sera dédiée, le samedi 16 décembre 2023, à la Mosquée de Tinmel et à l’archéologie de sauvegarde et d’urgence. 

 

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