Reconstruction d’Al Haouz, ce que recommandent les participants à la Journée d’étude organisée par l’Académie du Royaume

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Délaissée suite à la chute des Almohades au 13ème siècle, la mosquée n’a retrouvé son lustre qu’à la fin du 20ème siècle. Le tremblement de terre du 8 septembre 2023 est venu réduire quasiment à néant les effets de la restauration et un monument qui témoigne depuis neuf siècles de l’histoire du Maroc

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La journée d’étude « Penser les Horizons de dignité après le séisme », qui s’est tenue à l’Académie du Royaume du Maroc le samedi 7 octobre 2023, aboutissant à une série de recommandations, constitue un premier jalon dans la réflexion qu’elle a initiée aux premières heures de la catastrophe. Elle se poursuivra par deux nouvelles journées de réflexion. L’une consacrée à la remise sur pied de la mosquée historique de Tinmel. L’autre à l’harmonisation entre les techniques modernes de reconstruction intégrant dans leur perspective les données induites par le tremblement de terre du 8 septembre 2023, et l’esprit des lieux prenant en compte des spécificités locales et des complexités des multiples configurations territoriales des localités lourdement impactées par le séisme ( bergeries, hameaux, villages, centres-bourgs, petites villes et grandes villes), en gardant à l’esprit l’impératif d’une reconstruction digne de ces territoires dans le respect des attentes des différentes communautés.

Dans ses recommandations, l’Académie du Royaume du Maroc dans le rôle qui est le sien aux côtés des scientifiques, des experts, des chercheurs, des praticiens, s’engage à promouvoir et à soutenir ce travail collaboratif en vue de la préservation du bien commun dans les territoires frappés par le séisme d’Al Haouz avec et pour ses habitants.

Les chercheurs présents insistent sur l’importance de lier profondément les savoirs techniques issus des sciences de l’ingénieur, de la géologie, de la sismologie avec les savoirs archéologiques, anthropologiques, historiques et sociologiques issus des sciences sociales pour garantir une reconstruction digne de ces territoires dans le respect des attentes des différentes communautés.

Les intervenants de cette journée recommandent que les programmes de recherche futurs visent à documenter les grands mouvements géologiques que sont les séismes mais aussi les nouveaux régimes climatiques dans un contexte de réchauffement accéléré pour permettre aux parties prenantes de prendre les mesures nécessaires de préparation aux aléas futurs tout en réparant des territoires fragilisés. Ces programmes de recherche considèrent l’habiter comme un phénomène comprenant les enjeux écologiques, économiques et culturels du maintien d’une dignité des communautés impactées.

Ces programmes s’appuieront sur l’importante quantité de données accumulées depuis des décennies sur ces territoires afin de développer de multiples méthodologies allant du recours à des outils d’analyse automatisés par les nouvelles puissances de calcul des algorithmes à l’écoute attentive des rescapés pour comprendre comment les communautés peuvent mieux vivre avec les aléas. Ces programmes de recherche s’inscriront dans des temps imbriqués allant de l’urgence au temps long de la réparation à même d’établir des horizons futurs désirables.

Ces derniers devront s’organiser de façon multidisciplinaire pour mobiliser des savoirs et des pratiques scientifiques à même de saisir les complexités des multiples configurations territoriales des localités lourdement impactées par le séisme (allant des bergeries, hameaux, villages, centres-bourgs, petites villes et grandes villes). Ils permettront de cartographier tous les aspects de la vie quotidienne des communautés concernées.

Ils s’inscriront dans les principes éthiques d’une science ouverte, accessible aux parties prenantes et donc compréhensible et expliquée à l’ensemble des personnes concernées. Ils seront mis en place selon les principes d’une science participative qui intègre les communautés concernées pour qu’elles deviennent des parties prenantes des dynamiques de recherche et puissent orienter ces dernières.

Une des initiatives emblématiques est le développement d’une approche ethnoarchéologique des territoires les plus proches de l’épicentre visant à comprendre l’installation des communautés humaines sur la longue durée et leur capacité à établir un mode de vie adapté aux risques multiples.
Cette approche ethnoarchéologique permet de lier l’ensemble des domaines de recherche dans un projet de compréhension des relations entre les communautés humaines et leur territoire par l’accumulation de savoirs et de savoirs-faires (art de bâtir, art de cultiver, art de produire). Elle permet de nourrir les dynamiques de paléo-innovation c’est à dire de permettre aux sociétés contemporaines de s’appuyer sur les innovations du passé à l’image des système parasismiques locaux liant bois, terre et pierre.

L’Académie du Royaume du Maroc insiste également sur la nécessité cruciale de sauvegarder le site de Tinmel joyau de l’histoire nationale et de la mémoire locale.

Elle propose en conséquence, avec les équipes de l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc, relevant de l’Académie du Royaume du Maroc, en accord avec celles d’archéologie médiévale (INSAP, INRAP, Université Chouaib Doukkali, Université de Panthéon Sorbonne, déjà engagées sur le terrain, d’apporter son soutien et sa contribution à la mise en œuvre concrète sur place de la sauvegarde de ce patrimoine matériel et immatériel en partage.