Wadia Ait Hamza, un fils de Davos, des racines et des ailes marocaines et une success story 4.0

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R’bati de naissance, des racines profondément ancrées dans la terre des roses et des ailes qui portent loin

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Par Nizar LAFRAOUI (MAP)

Toujours entre deux avions, passant d’une capitale à l’autre au gré des rencontres avec de hautes personnalités et des conclaves qu’il anime, Wadia Ait Hamza n’oublie jamais d’où il vient.

Le parcours qui a conduit Wadia à la tête du Forum des Young Global Leaders (YGL) en Suisse n'a pas commencé à Rabat, qui l’a vu naître il y a quarante ans, mais plutôt dans un village reculé de la périphérie de Kelaat Mgouna. Ce R’bati a des racines profondément ancrées dans cette terre des roses, où la dureté de la vie et la rudesse de la nature a transformé ses enfants en guerriers de la vie.

La carrière d’Ait Hamza n'est que le prolongement du parcours de son père, Mohamed qui a quitté très jeune son village. Direction de Boumalne-Dadès, puis Ouarzazate, devenant, au final, un universitaire de premier plan en Géographie rurale à Rabat.

Tout au long de son parcours, Wadia a gardé en mémoire l'histoire inspirante de son père, qui à force de volonté et de détermination était devenu le premier détenteur d’un doctorat originaire de cette région éloignée.

Fils d’une femme n’ayant pas réalisé son rêve de scolarisation, Wadia est un pur produit de l’école publique du quartier de Yacoub El Mansour. Il a bénéficié d’une bourse d'excellence ainsi que d’un prêt familial pour financer ses études à l'Université Al Akhawayn. Là-bas, les racines ont été un point de départ : une association d’étudiants pour valoriser la culture amazighe et un club d'explorateurs ont aidé Wadia et ses collègues à renouer des liens avec des régions reculées du pays.

A Ifrane, Wadia a poursuivi ses études de troisième cycle, puis a obtenu un Master en Affaires euro-méditerranéennes à l'Université Hassan II, dans le cadre d'un diplôme auquel participaient 16 universités, principalement d'Italie et d'Espagne.

La vocation internationale était à la fois une prédestinée et une passion qui se nourrissaient d'opportunités d'épanouissement offertes au jeune homme.

Un nouveau champ professionnel s’est ouvert à Wadia à l’École de gouvernance et d'économie de Rabat. Une expérience qui lui a permis d’élargir ses horizons pour se retrouver en 2013 en Suisse, pays d’opportunités et de défis.

Depuis, compétence marocaine affirmée, il a gravi les échelons au sein des instances de jeunesse du Forum économique de Davos jusqu'à sa nomination, en 2022, président du forum des YGL par le fondateur Klaus Schwab. Le dynamisme et l'esprit d'entreprise du jeune homme se sont fait sentir dans les contreforts des Alpes et au-delà.

Se confiant à la MAP au sujet de son expérience au pays des Helvètes, Ait Hamza ne cache pas que "la confiance" est le pilier de la renaissance, la garante de sa pérennité, et le secret qui fait la différence.

Le modèle suisse est un système qui place la personne face à sa conscience et à son esprit de citoyenneté, dit-il, pointant un autre aspect de la singularité de ce modèle. C’est que la Suisse, pays d’inventivité technologique, pour la douzième année consécutive, classé au premier rang des pays les plus innovants, se distingue aussi dans des secteurs comme l’industrie et le commerce du chocolat, alors que le pays ne produit même pas une fève de cacao.

La suprématie industrielle de la Suisse dans des secteurs comme les ascenseurs, alors que le pays ne dispose pas de gratte-ciel ou encore la fabrication d'ustensiles de cuisine reflète la détermination des Suisses à créer de la richesse en faisant fi de toutes les difficultés, explique M. Ait Hamza.

Évoquant la génération de son père, qui avait pour habitude de marcher pieds nus et de se contenter d'un plat de couscous tous les jours, pour justifier la rigueur dans ses interactions avec la jeunesse marocaine d'aujourd'hui, Wadia affirme qu’au lieu de se plaindre du manque d’opportunités, les personnes très performantes se démarquent par la création des opportunités à partir de problèmes et de dilemmes.

La volonté et l'esprit d’initiative façonnent l'avenir de l'individu et du groupe dans son ensemble. Pour le président du Forum des YGL, le potentiel économique du Maroc n’est pas pleinement reflété dans l'implication des jeunes dans les initiatives productives et les start-up qui constituent les fondements de la Quatrième Révolution 4.0.

Bien sûr, l'État devrait faire davantage pour les encourager et les soutenir, assure-t-il, en rejetant tout attentisme.

Wadia dirige actuellement une instance comptant plus de 14.000 membres. Chaque année, il supervise la sélection de 100 nouveaux membres à travers le monde.

Le forum tente de promouvoir des projets d'autonomisation des jeunes dans les politiques publiques et dans les centres de décision nationaux et internationaux, et ce dans un monde en pleine mutation, qui se heurte aux questions de changement climatique, de durabilité, de migration, de sécurité alimentaire et bien d’autres.

L’instance accompagne les jeunes dans des processus d'encadrement au sein des universités les plus prestigieuses, dont Yale à Harvard en passant par Stanford.

Wadia Ait Hamza voyage régulièrement au Maroc. Pour lui, ce pays est bien plus qu’un lieu. Il s’agit d’une idée ambitieuse pleine de compétences et d'énergies susceptibles de réaliser le bond espéré.

"Nous ne devons jamais perdre de vue la question d'où venons-nous ? Parce qu'elle n'est pas moins importante que la question suivante : Où allons-nous ?" C’est avec cette philosophie en tête que Wadia et sa famille passeront leur prochain Aïd au pays.

 

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