Un livre de Mouna Hachim, CASABLANCA - Le livre noir de la ville blanche - Par Mustapha SEHIMI

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La métropole se veut une "smart city" avec une gestion intelligente, voire connectée à terme- oui sans doute. Mais les tâches à entreprendre restent immenses. Des chantiers permanents qui n'en finissent pas, certains étant achevés et d'autres en cours. Le projet de la coupole Zevaco (Globe terrestre (photo) atteste bien de cette incurie

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Voilà bien une initiative citoyenne : celle du groupe Save Casablanca - fort de quelque 325.000 membres - mobilisé sur l'état de la capitale économique du Royaume. Une veille assurée par ce que l'on pourrait appeler des lanceurs d’alerte : il y a tant de maux, de dysfonctionnements ! 

L'écrivaine Mouna Hachim, avec d'autres, est la cheville ouvrière de cette dynamique. Elle a su rassembler et galvaniser tant d'énergies dormantes pour les accompagner et arriver à la réalisation de ce projet de livre. Le matériau brut était là, fourni dans le groupe Save Casablanca et largement diffusé sur les réseaux sociaux. Il fallait le traiter. Le raffiner et le publier ; ce qui a été fait (Editions La Croisée des Chemins, Casablanca, 2023, 145 p.

Une "smart city" ?

Le matériau brut était là, fourni dans le groupe Save Casablanca et largement diffusé sur les réseaux sociaux. Il fallait le traiter. Le raffiner et le publier ; ce qui a été fait (Editions La Croisée des Chemins, Casablanca, 2023, 145 p.)

Voici une dizaine d'années, la sonnette d'alarme avait déjà été tirée. Dans un discours en date du 11 octobre 2013, le Souverain avait dressé un tableau passablement problématique sur la situation de Casablanca. Le diagnostic avait mis en cause des réalités patentes déclinées autour d'une gouvernance territoriale défaillante, de fortes disparités sociales, et de tant d'autres maux tels que la misère et le chômage : c'est "la ville des gratte-ciel et des bidonvilles", avait-il dénoncé. Cette métropole se veut une "smart city" avec une gestion intelligente, voire connectée à terme- oui sans doute. Mais les tâches à entreprendre restent immenses. Des chantiers permanents qui n'en finissent pas, certains étant achevés et d'autres en cours. Le projet de la coupole Zevaco (Globe terrestre) atteste bien de cette incurie. La liste est longue dans ce même registre : le stade Vélodrome ouvert enfin en juin 2021 après trois ans, la Trémie des Almohades achevée en avril 2021, la parc zoologique Ain Sebaa lancé en 2015 et pas encore rouvert, le Grand Théâtre d'un montant de 1,44 milliard de DH réalisé en sept ans et qui reste fermé sans aucune visibilité, la Casablancaise (ex-Stade Lyautey), le parc archéologique Sidi Abderrahmane achevé en 2016 et encore fermé au public, L'Hôtel Lincoln sur le boulevard Mohammed V... Le tableau n'omet aucun des aspects du quotidien des Casablancais, de la vie sociale et de son mal-être. Un florilège préoccupant, problématique : transport, pollution, environnement, insécurité,...

Restauration de la démocratie locale

Cet ouvrage est enrichi par des lectures des uns et des autres, toutes se distinguant par une fibre "bidaouie" d'indignation tournant le dos à l'on ne sait quelle résignation ou fatalité. Ahmed Chiatchni (groupe Facebook "Save Casablanca") regrette que les grands travaux ne sont pratiquement réalisés que dans la préfecture d'Anfa, ce qui accroît la ségrégation avec les autres collectivités. Il appelle à la restauration de la démocratie locale avec une réforme du principe de l'unité de la ville" au profit d'un système d'arrondissement. Dans cette même ligne, Mohamed Said Saâdi, ancien ministre et ancien élu de Casablanca, recommande de " remunicipaliser la gestion, compte tenu du bilan de la gestion déléguée confiée à la Lydec : elle " a engrangé des gains de productivité substantiels qui n'ont pas profité aux travailleurs casablancais encore moins aux consommateurs". Il appelle de ses vœux des partenariats public- public " (Conseil de la ville /ONEE) et ce dans la perspective d'une "véritable démocratie locale, participative et citoyenne ". Un premier acte, il doit être suivi par d'autres - il y a là une conscience citoyenne -, il doit être relayé par les partis et pris en charge par le gouvernement. Un vœu pieux ?

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