Du temps et des efforts pour faire revivre progressivement les forêts après les ravages de l’été

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Les feux de forêt provoquent des perturbations diverses et variées dans le fonctionnement naturel des écosystèmes forestiers et causer à terme une perte de la biodiversité couplée à une détérioration, voire anéantissement de volumes ligneux.

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Par Mohammed EL KADIRI  (MAP)

Rabat - Un été au rythme des feux de forêts dans plusieurs régions du Maroc ont été parmi les plus dévastateurs depuis une décennie, et des milliers d’hectares de couvert végétal sont partis en fumée.

Malgré les énormes efforts entrepris par les différents corps et institutions engagés dans la lutte contre ces incendies, les vagues de chaleur accentuées par des vents forts se sont acharnées sur des écosystèmes arborés, déjà brutalisés par une longue sécheresse, provoquant des départs de feux simultanés et difficiles à contrôler rapidement.

Si la superficie totale touchée par les feux de forêt a atteint près de 10.300 hectares, selon le ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, plusieurs observateurs se posent déjà la question sur le bilan de ces catastrophes et, surtout, sur les chances et moyens de régénérer les superficies endommagées par les flammes.

Dans une déclaration à la MAP, Rabhi Amar, chef du Centre de recherches forestières (CRF), a indiqué que “les feux de forêt provoquent des perturbations diverses et variées dans le fonctionnement naturel des écosystèmes forestiers”, ajoutant que “l’on peut noter une perte à terme de la biodiversité couplée à une détérioration, voire anéantissement de volumes ligneux”.

En fonction de l'intensité des incendies et de la vulnérabilité des peuplements forestiers, les capacités de régénération et les fonctions biophysiques (rétention de sol, bilan d'eau, séquestration de carbone...).

Les conséquences de ces sinistres sont à nuancer, selon M Amar, d'abord en termes de superficie et de descripteurs phytoécologiques et socio-économiques, expliquant toutefois que les possibilités ligneuses et fourragères seront réduites et que les fonctions de régulation des eaux et du cycle de carbone seront perturbées.

Le processus de régénération naturelle des forêts est lent et la récupération du couvert végétal se fait en plusieurs étapes, ne permettant ainsi qu’une restauration progressive des paysages, selon Abderrahim Houmy, ingénieur forestier.

Parfois, un paysage apparemment désolé peut être trompeur puisque les arbres n’ont pas été complètement calcinés, mais plutôt léchés par le feu. C’est-à-dire qu’ils sont encore vivants et qu’il suffit de mettre en place des mesures de protection du périmètre pour les voir récupérer d’eux-mêmes.

La restauration du couvert végétal est entreprise, selon M. Amar, à travers les programmes annuels de reboisement et de régénération assistée. Ces programmes sont soutenus par des actions à caractère socio-économique visant la compensation des pertes de valeurs d'usage directe notamment fourragères.

En application des directives Royales, une convention cadre a été signée pour la mise en œuvre d’une série de mesures urgentes visant à atténuer l’impact des récents incendies sur l’activité agricole et les forêts, et à apporter un soutien aux populations locales touchées, d’un coût de 290 millions de dirhams.

Cette convention, qui vise l’atténuation de l’impact de ces incendies, comprend la prise de différentes mesures à court et moyen termes, en vue d’apporter un soutien à la population pour la réfection des habitations touchées qui ont été recensées par les autorités publiques et de lancer notamment des opérations de reforestation sur quelque 9.330 hectares.

D’autres pays dans monde entier n’ont pas été épargnés par ce phénomène. En témoigne l’incendie "McKinney" en Californie qui a détruit plus de 20.638 hectares de la forêt nationale de Klamath, près de la ville de Yreka dans le nord de la Californie.

Au niveau de l’Union européenne, plus de 700.000 hectares de forêts sont partis en flammes depuis le début de l'année, selon les données du Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS). Ce bilan est l’un des pires depuis la création de ce service en 2006.

Les changements climatiques sont probablement un facteur majeur de ces incendies et des vagues de chaleur extrêmes qui rendent les forêts arides, étant désormais cinq fois plus probables aujourd'hui qu'il y a un siècle et demi. Et tout indique que les conditions de ce dessèchement de la nature iront en s’aggravant

 

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