Présidentielle: sur fond de rivalités géostratégiques, Washington se mobilise contre ''l’ingérence étrangère'' - Par Aziz Rami

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Un meeting de campagne à l'Expo World Market Center à Las Vegas, Nevada, le 13 septembre 2024. (Photo de Patrick T. Fallon / AFP)

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Par Aziz Rami – Bureau de MAP à Washington

Washington - À l’heure où la campagne électorale présidentielle entame sa dernière ligne droite, les autorités américaines redoublent de vigilance pour faire barrage à toute ingérence étrangère, ou tentative d’influencer l’opinion publique. En ligne de mire: la Russie et la Chine, deux rivaux stratégiques, ainsi que l’Iran, un ennemi historique.

Première à être pointée du doigt, la Russie est accusée d’avoir fomenté, par la voie d’acteurs et de relais médiatiques, une campagne sur les médias sociaux visant à disséminer une “propagande anti-américaine” et des “récits diviseurs” pour “influencer ou interférer dans les élections” visant à choisir le 47e président des Etats-Unis.

Selon le département d’Etat, RT, la chaîne russe d’information en continu, auparavant appelée Russia Today, aurait versé, par le biais d’une start-up américaine, “des millions de dollars à des Américains qui, sans le savoir, transmettent le message du Kremlin” pour influencer les électeurs.

Les activités de la Russie “sont plus sophistiquées que lors des précédents cycles électoraux”, a déclaré un haut responsable du Bureau du directeur du renseignement national (ODNI), mettant en garde contre l’utilisation de “voix américaines authentiques” pour “distiller” la propagande russe et diffuser des récits socialement conflictuels à travers les principaux médias sociaux.

D’après ce responsable, qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, le Kremlin fait également usage de “sites Web factices” qui se font passer pour des organes de presse américains légitimes. Le ministère américain de la justice avait annoncé, début septembre, avoir saisi “une trentaine” de ces sites web.

Merrick Garland, ministre de la Justice, a détaillé une batterie de mesures contre ces acteurs, en particulier l’inculpation de six employés russes de RT, y compris sa sa rédactrice en chef, Margarita Simonyan, qui auraient utilisé une société du Tennessee pour diffuser du contenu “diviseur”, et le démantèlement d’une campagne d’influence malveillante russe connue sous le nom de Doppelgänger.

D’après les responsables américains, ces acteurs s’activent surtout dans les Swing States, comprendre les États américains où les électeurs sont partagés entre les camps républicain et démocrate, et dont la basculement vers l’un des candidats détermine l’issue des élections.

En clair, Washington reproche à la Russie de vouloir faire pencher la balance à la faveur de l’ancien président, Donald Trump, dont les positions sur la guerre russo-ukrainienne conviennent le plus aux dirigeants russes.

Rejetant ces accusations, Moscou a affirmé, à travers RT justement, que ces condamnations ne dérogent point à la doxa de la Maison Blanche qui veut ériger le Kremlin en éternel ennemi du peuple et de la démocratie américains.

Peu après ces accusations, le président russe, Vladimir Poutine, qui s’adressait au Forum économique oriental à Vladivostok (sud-est), a rappelé qu’il avait soutenu le président Joe Biden lors des élections de 2020. Et depuis que le président américain a appelé à soutenir Kamala Harris, le Kremlin, a dit le président russe, était “enclin à faire de même”.

Le Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, est monté au créneau pour alerter sur les “agissements” de RT, un acteur, selon lui, déployé par le Kremlin pour mener des opérations de cyber renseignement et d’influence secrètes à travers le monde ainsi que pour aider à l’achat d’armes pour la guerre contre l’Ukraine.

Mais la Russie n’est pas le seul accusé d’ingérence dans les élections américaines. La Chine et l’Iran sont également montrés du doigt pour des tentatives d’attiser les divisions surtout en ces “moments de vulnérabilité” que sont les élections, selon le responsable de l’ODNI.

Contrairement à la Russie, la Chine ne cherche pas à influer sur les élections présidentielles, mais plutôt locales, en s’efforçant d’affaiblir les candidats qu’elle juge hostiles à ses intérêts, d’après les conclusions des agences de renseignements américaines.

Ces agences avancent que la Chine tente de nouer des relations au niveau local pour barrer la route aux individus qui s’opposent à ses intérêts. La perception que la majorité à Washington est anti-Pékin “les poussent à essayer d’influencer les élections locales”, a expliqué le responsable de l’ODNI.

Début septembre, la justice américaine a ordonné des poursuites contre une ex-assistante de la gouverneure de l’Etat de New York, Kathy Hochul, et de son prédécesseur, Andrew Cuomo, accusée d’influence et d’espionnage en faveur de Pékin.

Pour l’Iran, un peu comme la Russie, les tentatives d’influence s’appuient, selon les responsables américains, sur une approche à multiple volets qui vise à “attiser la discorde” et à “saper la confiance dans le processus électoral”.

En août dernier, l’équipe de campagne de Donald Trump a indiqué avoir été victime d’une cyberattaque par des acteurs étrangers que les services de renseignement ont, plus tard, définis comme étant “proches de Téhéran”.

Selon la presse américaine, les autorités fédérales seraient prêtes à porter plainte contre l’Iran pour ce piratage informatique. Le FBI se focalise essentiellement sur un pseudonyme en ligne nommé “Robert”, lié à l’Iran, qui aurait contacté des journalistes américains, et leur a proposé des fichiers de données volés sur les comptes de messagerie des conseillers de Trump.

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