chroniques
Safi : Précisions nécessaires
Quand j’ai parlé de ville rebelle, ce n’était pas pour célébrer la contestation, ni y appeler. Ceux qui me connaissent savent que j’ai bien vieilli et que je suis dans la proposition et pas dans l’opposition
Je dois me résoudre à suivre le conseil de mes amis, et à ne jamais écrire sous le coup de l’émotion, cela ne me réussit pas. Galvanisé par l’ambiance du conseil d’orientation de la Fondation, j’ai écrit « Safi : l’injustice épistémologique ». Il n’y a pas une seule phrase qui puisse être contestée historiquement. Mais j’ai réussi à soulever des controverses et surtout à fâcher de véritables amis, personnels, mais aussi de Safi.
Ainsi, d’aucuns ont pu y voir un appel à une concurrence mémorielle avec Essaouira, ce n’était pas le but. André Azoulay et tous les fondateurs de la fondation Mogador savent que j’ai écrit des dizaines d’articles sur l’âme d’Essaouira. Cette ville respire son passé fait de tolérance, de mixité, d’ouverture. Je l’ai écrit, je le pense, elle a profité du fait qu’elle n’a pas été ruralisée, l’appel d’air se faisant du côté de Safi. Ma ville a été réellement dénaturée par l’exode rural. Ce n’est pas à une compétition mémorielle que j’appelle. Mes amis Souiris devraient être heureux que nous utilisions l’histoire pour vanter des valeurs communes. C’est la place réservée à Safi dans le récit national que je conteste et non pas une quelconque mainmise de nos voisins sur des valeurs communes.
Par ailleurs quand j’ai parlé de ville rebelle, ce n’était pas pour célébrer la contestation, ni y appeler. Ceux qui me connaissent savent que j’ai bien vieilli et que je suis dans la proposition et pas dans l’opposition, je voulais expliquer, que parce que la conscience collective a un ressenti de blessure narcissique, il y a un vent de rébellion teintée aux valeurs de l’époque. Quand je parle d’élections truquées, c’est daté. En 1976 et en 1983 l’USFP était largement vainqueur et les résultats ont été faussés, permettant l’émergence de « notables » sans lien réels avec la ville et accélérant le dépérissement de la gauche. Cela n’a rien à voir avec les dernières élections puisque le Tihad ne recueille plus qu’une centaine de voix et ce en toute transparence. Ma réflexion sur les trotskystes se voulait drôle, c’est raté. Je maintiens que voir des rêveurs d’extrême gauche contester le champ de la contestation à « Al Adl wa Al Ihssane » est plutôt rassurant, et je ne vais pas renier ma propre jeunesse, oui je suis le fondateur du trotskysme au Maroc, mais il faut une grande mauvaise foi pour estimer que je suis trotskyste, que je soutiens le programme de transition de la quatrième internationale.
Enfin, Safi est à la veille de recevoir de grands projets structurels. Il était temps, parce qu’il n’y avait ni vision, ni véritable volonté politique d’insérer cette ville dans le processus de développement. Je maintiens ce que j’ai écrit, nous Safiots ne sommes animés ni par l’amertume, ni par la nostalgie narcissique paralysante, ce que nous voulons, c’est redonner à notre ville son éclat, au sein du récit national. Si je me suis mal exprimé je m’en excuse, mais je ne retire rien sur les faits historiques qui sont établis.