MENSONGES ET GOUVERNANCE – Par Gabriel Banon

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François Mitterrand avec sa fille longtemps cachée. Mitterrand avouait volontiers : « Je n’aime pas les riches » alors que selon ses propres critères la richesse commence à partir de 4000 euros mensuels. Comme il devait se détester !

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LE MONDE QUI NOUS ATTEND – Par Gabriel Banon

Le mensonge politique a sa loi, sa justification, son explication, et il est bien évident qu’on ne peut rien en dire ou presque, sauf à le blâmer. L’analyse le réduit à des motivations de divers ordres, soulignant son sens dans des formules qui le condamnent toujours quasi-unanimement avec des pseudo-équivalences moralisatrices, substituant des rationalisations à son énigme.

Le noyau du mensonge est un ineffable. La singularité du discours se situe en dehors de la psychologie, de l’individuel, des références à son monde extérieur – c’est-à-dire à la vérité –, car c’est le plus intérieur de son intériorité qui doit être ramené au jour. 

Art de la persuasion, la rhétorique n’est pas le mensonge manipulatoire sophiste ni l’Idée pure sans conditions, mais une danse oratoire qui efface les frontières, une manière d’absoudre le mensonge en se mentant à soi-même dans le seul but de gagner ou de maintenir le pouvoir.

 En Afrique, le mensonge est policé, il devient feinte, subtilité́ exquise. Et c’est la confiance de l’autre qui se trouve ainsi piégée par une parole qui change complétement l’ordre discursif. Le menteur avance masqué ! Le mensonge devient alors une affaire de toutes les catégories sociales, pour ne pas dire un phénomène social.

Platon, les Sophistes et Aristote respectent l’unicité́ de la vérité́ (du bien, du beau, etc.)

 Machiavel sépare à tout jamais les sphères du discours : il y a une morale individuelle et une morale politique. L’une est un rapport personnel à ses croyances, l’autre est une responsabilité vis-à-vis du corps social dont le Prince doit assurer la stabilité.      Les deux sphères sont séparées à jamais : La vertu politique est mise en scène par le mensonge.

 Il faut savoir doser mensonge et vérité. Le peuple ne supporte ni l’indécision, ni les longues explications qu’il ne comprend pas et qui l’ennuient et certainement pas le difficile « principe de réalité ».  La fin publique justifie les moyens dénoncés par la morale individuelle. Alors la politique devient le mensonge.

 

Pour se maintenir au pouvoir ou y accéder, l’homme politique a souvent recours au mensonge. C’est vrai particulièrement pour un chef d’État.

 Il y a tout d’abord les mensonges des campagnes présidentielles. François Mitterrand, par exemple, a utilisé son « programme commun » pour se faire élire et l’a abandonné dès 1983. Le mal a été irréversible et le pays le paye encore aujourd’hui.

Lors du débat de l’entre deux tours de 1988 l’opposant à Jacques Chirac, ce dernier l’avait accusé d’avoir menti dans l’affaire Gordji, une sombre affaire où le diplomate iranien était suspecté d’avoir participé à l’attentat de la rue de Rennes à Paris et absout pour avoir aidé à la libération d’otages français au Liban : « Pouvez-vous vraiment contester ma version en me regardant dans les yeux ? » Mitterrand rétorque : « Dans les yeux je la conteste ». Il s’agissait bien d’un mensonge qui l’a aidé à gagner l’élection.

François Hollande a menti en affirmant : « Moi président je ne recevrai pas les parlementaires à l’Élysée », ce qu’il a fait un an plus tard le 19 avril 2013.

François Mitterrand avouait volontiers : « Je n’aime pas les riches » alors que selon ses propres critères la richesse commence à partir de 4000 euros mensuels. Comme il devait se détester !

D’autres promesses ne seront également pas ou partiellement tenues par François Hollande : « Je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire ». « J’aurai à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État, je le réformerai. »
« J’introduirai la représentation proportionnelle ».

 La liste est longue de Présidents qui n’ont pas respecté leurs engagements, avec des conséquences plus ou moins catastrophiques pour l’avenir du pays !

C’est certainement pendant leur mandature que les présidents mentent le plus. Le plus fréquemment utilisé : « c’est la faute de l’Europe ». C’est facile, pour expliquer ses erreurs et son manque de courage d’accuser l’Europe de tous les maux de la Terre, avec comme conséquence la détestation de celle-ci par une part croissante de la population.

Un autre mensonge est de laisser croire que la France est libérale, voir ultralibérale, alors qu’elle est le pays le plus étatique d’Europe avec des prélèvements obligatoires qui devraient la classer parmi les pays socialistes. D’ailleurs elle est fréquemment considérée comme un pays communiste. La réalité révélée est qu’elle est bien un pays communiste qui est en voie d’implosion.

La liste est malheureusement trop longue pour citer ici l’ensemble des mensonges proférés à des niveaux différents par la majorité des chefs d’État.

 La France n’a malheureusement pas le monopole du mensonge en politique. En voici quelques exemples récents :

Donald Trump a utilisé sans complexe le mensonge comme argumentaire lors de sa dernière campagne, mais aussi lors de la première qui l’a amené au pouvoir : la raison pour laquelle il a échappé au service militaire ; selon le Washington Post durant les 100 premiers jours de son mandat il aurait prononcé « 417 déclarations fausses ou trompeuses ».

Boris Johnson a utilisé et assumé le mensonge dans sa campagne pro Brexit. Il est convoqué par la justice britannique à ce sujet. On peut donc le considérer comme responsable des graves problèmes actuels en Grande Bretagne.

À des degrés différents toutes les dictatures, de Xi Jinping à Ebrahim Raïssi en Iran en passant par Erdogan et les 50 dictatures recensées par Wikipédia : 19 en Afrique sub-saharienne, 12 au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique, 7 en Eurasie, trois en Amérique et une en Europe (Biélorussie) ont recours au mensonge.

En fait, le mensonge d’État est pratiqué dans le monde entier, soit pour se maintenir au pouvoir soit pour y accéder. Ces mensonges impactent la vie des citoyens, heureusement à des niveaux et des degrés différents.

 Les chefs d’État n’ont pas la prérogative du mensonge. À de rares exceptions près, toute la classe politique le pratique par volonté, par ignorance mais pire par idéologie.

Il y a plus grave encore : Dominique Voynet reconnait avoir trahi la République en se faisant complice de son homologue anglais avec qui elle a monté un complot contre Lionel Jospin qui lui avait dit de défendre, avec les Anglais, le nucléaire à Bruxelles.

La liste est longue des lâchetés des politiciens qui, pour satisfaire leur carrière politique, n’hésitent pas à mentir et mettent leur pays dans une situation difficile.

La France est endettée à outrance afin que les politiques ne se déjugent pas de leurs engagements irréalistes. Ce sont leurs petits-enfants qui paieront ces inconséquences.