La démocratie plus forte que le séparatisme

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Ce n’est pas parce qu’une majorité régionale plaide pour le séparatisme que celui-ci est une option démocratique, alors que le reste de la nation est contre. En fait, les particularismes utilisent partout les voies de la démocratie pour faire éclater les nations 

Carles Puigdemont est arrêté en Allemagne, suite à un mandat d’arrêt européen émis par l’Espagne. Les dirigeants séparatistes sont poursuivis ou en phase de l’être. Pourtant, ils ont été élus démocratiquement, et le référendum sur le séparatisme a été remporté par les séparatistes de manière incontestable. Cependant, la constitution espagnole défend l’intégrité territoriale. L’Espagne est le pays où la décentralisation est la plus poussée en Europe. Les Generalitat ont le monopole sur l’éducation, les langues utilisées à l’école, les symboles régionaux, les politiques fiscales locales. C’est le modèle le plus avancé d’une entité nationale qui respecte la diversité. Mais la vraie question à se poser, c’est le lien entre la nation, la démocratie et le séparatisme. Une nation c’est d’abord un territoire, une organisation politique, mais aussi des valeurs communes. Ce n’est pas parce qu’une majorité régionale plaide pour le séparatisme que celui-ci est une option démocratique, alors que le reste de la nation est contre. En fait, les particularismes utilisent partout les voies de la démocratie pour faire éclater les nations. C’est un grand défi pour les démocrates. Les Kurdes, par exemple, plaident, se battent, pour démembrer l’Iran, l’Irak, la Syrie, et même la Turquie, au nom de leur particularisme. Est-ce rationnel ? est-ce que des autonomies régionales réelles ne répondent pas à ces revendications ? La démocratie peut et doit répondre à ces revendications identitaires. Elle essaye de le faire depuis des décennies, partout, parfois maladroitement il faut le reconnaitre, mais elle le fait. Toutes les démocraties se sont construites dans un cadre, celui de l’État nation, cela veut dire que la démocratie est indissociable de l’idée d’un engagement qui dépasse la religion, l’appartenance régionale, les spécificités culturelles. Le séparatisme ne se résume pas à diminuer la surface géographique d’un pays, il l’oblitère d’une partie de sa richesse culturelle, de sa nécessaire diversité. En défendant, légalement, sans violence, l’intégrité territoriale, les régimes démocratiques posent une vraie question et y répondent. La question est la suivante : Est-ce que les particularismes peuvent défaire les nations au nom d’une démocratie formelle, réduite au vote ? La réponse est non, parce que des pays démembrés ne seront que source d’instabilité, mais aussi parce que les nations ont un attachement aux territoires. Partout dans le monde, les aspirations au séparatisme se développent. C’est une réaction contre la tendance à l’uniformisation appelée mondialisation. Cette réaction est dangereuse pour les équilibres régionaux. Ce n’est pas parce qu’une majorité régionale a voté en faveur du séparatisme, que le reste de la population concernée dans cette nation n’a plus droit au chapitre. Le démantèlement des États-nations serait une catastrophe. La régionalisation et la décentralisation sont la réponse idoine à la montée des particularismes.