De l’amitié entre États : loyauté et politique – Par Dr Samir Belahsen

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La normalisation ne veut pas dire, et ne sera pas, un retour à la situation antérieure.(ad priorem statum). Il faudra l’accepter et l’intégrer des deux côtés ; rien ne sera plus comme avant.

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L'exploit… Par Samir Belahsen

« La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat.»

Friedrich Nietzsche

« Si cruel que ce soit à entendre, les peuples peuvent se tromper. Le nôtre s'est déjà trompé et on sait de quel prix il faut payer dans l'histoire le fait d'avoir manqué le train de l'histoire. »

 Jean-Luc Mélenchon

L’histoire nous renseigne que pour les peuples, le rapprochement et la construction symbolique de causes et de héros partagés  peuvent conduire à la construction de groupes d’émotions qui transforment parfois les sentiments communs en actions concrètes.

Entre États, il n’y a que les intérêts qui comptent comme disait De Gaule. Quand on parle d’amitié entre États, c’est pour dire que les intérêts actuels et futurs prennent de l’importance dans l’esprit des forces dirigeantes. Nonobstant le peu d’admiration que l’on peut avoir pour le général, on ne peut qu’apprécier sa célèbre phrase pour sa simplicité un peu simpliste et sa perspicacité prouvée.

Les crises entre États, proviennent souvent d’appréciations différentes que les dirigeants peuvent avoir des intérêts mutuels en jeu. 

Je ne veux pas nier les effets des facteurs non économiques, mais je crois qu’ils sont un peu secondaires tant que les dirigeants sont rationnels. 

La relation Maroc France a toujours été compliquée. A mon sens, la bouderie prendra un temps. La réconciliation s’imposera. L’évolution actuelle devrait aboutir à un certain terme vers une normalisation. 

Au Maroc, comme en France, diverses  forces actives  et intéressées veilleront à accélérer ce processus…

Dans les deux pays, s’activeront des cercles qui par amour, intérêt ou idéologie chercheront la réconciliation.

Il y a aussi des forces qui par haine, rancune, intérêt ou idéologie chercheraient à approfondir les discordances en mettant de l’huile sur le feu.

Il y a bien entendu l’effet de meute, ce biais de pensée de groupe que le psychologue Gustave Le Bon décrit dans son ouvrage sur la psychologie des foules. Je désigne, ici, cette euphorie ultra nationaliste qui nous prend au Maroc, des fois, au point d’oublier l’histoire et surtout la géographie.

En France, il s’agirait pour certains de relents suprématistes plus ou moins avoués, plus ou moins assumés. Ces relents ne sont plus tolérables au Maroc comme en Afrique en général.

Je crois qu’il y a aussi les voies (et les voix ) de la raison. Un bras de fer entre des gens raisonnables, ça se termine par une mise à jour et non par une bagarre.  

Pour moi, la normalisation ne veut pas dire, et ne sera pas, un retour à la situation antérieure.(ad priorem statum)

Il faudra l’accepter et l’intégrer des deux côtés ; rien ne sera plus comme avant.

Par normalisation, j’entends une situation normale, acceptable, conforme…dans l’intérêt mutuel des deux parties…, sans droit ni devoir d’ingérence, sans passe-droits, sans privilège indu et en un mot : avec respect…

Le respect est le sentiment qui porte à accorder à quelqu’un de la considération en raison de la valeur qu'on lui reconnaît.

Le respect minimal a été bien défini par le Maroc au plus haut niveau : son intégrité territorial. 

C’est « le prisme à travers lequel la Maroc considère son environnement international, et l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats que le royaume établit. »