La scène politique sud-africaine tombe dans la combinaison des coalitions

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Dans la foulée, l’ex-président sud-africain Jacob Zuma, 81 ans, exclu de l’ANC, créé son propre parti nommé «uMkhonto weSizwe» (MK), du nom de l’ancienne aile militaire de l’ANC. Il ne voterait ni ne ferait campagne pour le Congrès National Africain

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.Par Hamid AQERROUT (Bureau de MAP à Johannesburg)

Johannesburg - La scène politique sud-africaine s’agite à l’approche des élections générales prévues entre Mai et Août de cette année. Des alliances préélectorales sont ainsi échafaudées dans la précipitation avec pour seul objectif ultime : affaiblir le Congrès National Africain, parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis trois décennies.

Régnant autrefois en maître après avoir libéré le pays du joug de l’apartheid, l’ANC est aujourd’hui en proie à des divisions et à des luttes intestines entre ses différentes branches. Le retrait ou l’expulsion, ces dernières années, de certains de ses hauts responsables a porté un coup dur à cette formation politique incarnée par son icone Nelson Mandela. Ce fût récemment le cas d’Ace Magashule, ex-Secrétaire général de l’ANC, qui vient de créer un nouveau parti, le Congrès africain pour la transformation (ACT).

Dans la foulée, l’ex-président sud-africain Jacob Zuma, 81 ans, a, lui aussi, créé son propre parti nommé «uMkhonto weSizwe» (MK), du nom de l’ancienne aile militaire de l’ANC. Il a déclaré, pour la première fois, qu’il ne voterait ni ne ferait campagne pour le Congrès National Africain.

Comme pour asséner un coup sévère à la «bête», Zuma et Magashule, qui ont tous deux perdu leurs postes au sein du parti au pouvoir pour des allégations de corruption, viennent d’annoncer une alliance préélectorale, posant de la sorte un sérieux revers à l’ANC aux abois.

Pour donner le ton à cette nouvelle coalition politique, l’ancien SG de l’ANC a déclaré que l’alliance adoptera une approche politique plus inclusive et "promet d’être un moment crucial pour façonner le paysage politique et entamer une nouvelle ère de collaboration et de changement".

Pour de nombreux analystes politiques, la nouvelle alliance révèle encore une fois les profondes divisions au sein du parti au pouvoir, qui avaient conduit à l’expulsion de l’ancien leader de la Ligue de la jeunesse de l’ANC, aujourd’hui chef du parti des Combattants de la liberté économiques (EFF), Julius Malema. Ce dernier a d’ailleurs construit, de loin, le parti séparatiste le plus performant de l’ANC, augmentant sa part des voix à l’Assemblée nationale de 6,35 % en 2014 à 10,79 % en 2019.

Reste à savoir maintenant l’impact qu’aurait la nouvelle coalition Zuma-Magashule sur l’avenir politique du Congrès National Africain, un réseau clientéliste qui a transformé tant de départements gouvernementaux en tirelires pour étancher la soif de corruption, comme en atteste d’ailleurs le rapport de la Commission judiciaire d’enquête sur la capture de l’Etat.

Il va sans dire que l’absurdité de voir un ancien président de l’ANC et ancien chef d’Etat se retourner contre le même parti, dont il était membre pendant 60 ans, en dit long sur la crise du leadership en Afrique du Sud. Elle montre aussi à quel point la politique sud-africaine est tombée dans l’étrangeté.

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