La secrétaire générale d’Amnesty International s’inquiète pour l'ordre mondial d'après-guerre ''au bord de la rupture''

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La militante française des droits de l'homme et secrétaire générale d'Amnesty International Agnès Callamard montre le rapport d'Amnesty International sur la situation des droits de l'homme dans le monde lors d'une conférence de presse, à Londres, le 23 avril 2024, avant sa publication. (Photo par JUSTIN TALLIS / AFP)

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L'ordre mondial bâti après 1945 est "au bord de la rupture", alerte la secrétaire générale d'Amnesty International, ONG qui publie mercredi son rapport annuel sur les droits humains, en critiquant en particulier Israël et les Etats-Unis d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre.

Du Proche-Orient à l'Ukraine en passant par la Birmanie, le Soudan ou l'Ethiopie, où ont lieu des conflits accompagnés de violations massives des droits humains, "tout ce à quoi nous avons assisté au cours des 12 derniers mois montre que le système international est au bord de la rupture", estime Agnès Callamard auprès de l'AFP.

"Ces six derniers mois en particulier, les États-Unis ont protégé les autorités israéliennes de tout examen minutieux des multiples violations commises à Gaza", déclare-t-elle.

"En utilisant leur veto contre un cessez-le-feu indispensable, ils ont vidé de son sens le Conseil de sécurité (des Nations Unies)", accuse la secrétaire générale de l'ONG basée à Londres.

Là où Pékin, Moscou et bien d’autres capitales voient la nécessité d’un rééquilibrage des relations internationales, Agnès Callamard  s’inquiète de l’attitude ‘’de puissants acteurs" tels que la Russie et la Chine qui "affichent leur volonté de mettre en péril l'intégralité des règles de 1948", année charnière dans la construction du système international actuel.

Le rapport sur lequel elle se fonde documente "les violations flagrantes de la part des forces russes lors de leur invasion à grande échelle de l'Ukraine, et l'usage de la torture et d'autres mauvais traitements envers des prisonniers de guerre".

En "protégeant l'armée birmane" en fermant les yeux sur des attaques contre la population en pleine guerre civile, la Chine a également agi à l'encontre du droit international, pointe l'ONG.

Mes ses inquiétudes ne l’incitent pas à voir que la promesse d’Israël « de détruire le Hamas » est en vérité une génocide massacrant biens et personnes, faisant jusqu'à présent 34.183 morts dont plus de 18.000 enfants et de 13.000 femmes . Les habitations ont été détruites, les hopitaux rasés et la famine s’est installée tandis qu’Israël prépare toujours une offensive sur Rafah, suscitant l'inquiétude de nombreuses capitales étrangères et organisations humanitaires.

Le rapport d'Amnesty si elle dénonce "les crimes monstrueux perpétrés par le Hamas le 7 octobre", et se contente de noter qu’ "Israël s'est lancé dans une campagne de représailles qui s'est muée en une expédition punitive contre toute une population".

"Réformer le Conseil de sécurité" -

Après 200 jours de ce conflit aux répercussions mondiales, Mme Callamard s'interroge néanmoins ou au moins sur le rôle des institutions internationales, "qui devraient agir mais nous laissent tomber", et sur la validité actuelle des idéaux post-1945.

"Pour des millions de personnes dans le monde, Gaza symbolise désormais l'échec moral absolu de nombreux architectes du système établi après la Seconde Guerre mondiale", souligne la secrétaire générale en préambule du rapport.

Il faut donc "revitaliser et renouveler les institutions internationales", notamment en réformant "de toute urgence le Conseil de sécurité de l'ONU et son droit de veto, pour qu'il ne puisse pas être utilisé dans des situations de violations massives des droits de l'homme", a-t-elle plaidé auprès de l'AFP.

Pour l'ONG, dans un autre registre, la montée en puissance de l'intelligence artificielle (IA) est aussi source d'inquiétude, cette technologie pouvant accélérer la propagation de fausses informations ou perpétuer des biais racistes.

Amnesty accuse les grandes entreprises technologiques d'ignorer ou de minimiser ces menaces, "même dans des contextes de conflits armés".

"Les +hors-la-loi+ de la technologie et leurs outils malveillants" laissés libres d'utilisation risquent d'aggraver les violations des droits humains en 2024, année d'échéances électorales majeures dans le monde, des Etats-Unis à l'Inde en passant par le Royaume-Uni et l'Union européenne, a-t-elle souligné.

"La prolifération et le déploiement non-réglementé de technologiques telles que l'IA générative, la reconnaissance faciale et les logiciels espions" représentent une "énorme menace", face à laquelle les gouvernements doivent "prendre des mesures législatives et réglementaires solides". (Quid avec AFP)

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