Vus et vécus au Festival International du Film à Marrakech

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La réalisatrice de « Animalia », Sofia Alaoui, au 20ème édition du Festival international du film de Marrakech. 27/11/2023-Marrakech

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Tilda Swinton, la communication et la réussite de tout projet cinématographique

L’actrice écossaise Tilda Swinton a souligné le rôle clé de la communication entre les membres de l’équipe de tournage pour la réussite de tout projet cinématographique, lors d’une rencontre lundi dans le cadre de la section "In Conversation with…" de la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech.

Admirative devant la cinéphilie du public du festival, Tilda Swinton est revenue sur les étapes phares de sa carrière, les réalisateurs avec qui elle a travaillé et les rouages du processus de création cinématographique.

En visionnant des extraits de "Caprice", "Eternal Daughter" et "Orlando", l’assistance a pu découvrir une artiste sensible aux détails, volontaire et audacieuse, devant et derrière la caméra.

Cherchant toujours à créer un lien unique avec le spectateur, Tilda a dit accorder un "intérêt tout particulier au cadrage" et considérer les personnages d’un film comme "à part entière".

Outre son parcours, Tilda Swinton a partagé avec l’assistance son regard sur l’évolution du cinéma dans un contexte international marqué par la déferlante du streaming et la crise du covid, expliquant que la pandémie a permis aux spectateurs de saisir l’importance de l’expérience collective apportée par le cinéma.

Entre anecdotes savoureuses et discussions à bâtons rompus sur leur vision et leur pratique du métier, acteurs, réalisateurs, scénaristes et producteurs sont conviés dans le cadre de la section "In Conversation with…" à échanger librement avec le public du festival.

"The Other Son", un drame humain signé Juan Sebastián Quebrada

"The Other Son" (El Otro Hijo) du colombien Juan Sebastián Quebrada, un film de film de 89 minutes, projeté, lundi, est une histoire humaine très touchante, à travers laquelle le réalisateur retrace le quotidien de Federico et de son frère Simón qui vivent pleinement leur adolescence jusqu’au jour où Simón meurt en tombant d’un balcon lors d’une fête.

Cet événement tragique va causer un profond bouleversement au sein de la famille de Federico qui n’a pas réussi à faire son deuil, ce qui va négativement impacter sa vie et ses résultats scolaires.

Au même moment, Federico comprend qu’il est important de continuer à vivre et de ne pas abandonner, le poussant à voyager pour tenter d’oublier.

Ce film dramatique évoque deux manières de surmonter la douleur causée par le décès d’un frère, la première étant de s’enfuir de la maison familiale pour une certaine durée afin d’oublier ce qui s’est passé, comme l’a fait Federico, tandis que la seconde est celle suivie par sa mère qui a décidé de vivre avec la douleur engendrée par cette disparition et de continuer à se rappeler éternellement Simón.

Cette 20ème édition du Festival international du film de Marrakech, qui se poursuit jusqu’au 2 décembre, comprendra également des projections dans les autres sections telles que les "Séances de gala", les "Séances spéciales", le "11è Continent", le "Panorama", le "Jeune Public", ainsi que des rencontres avec des personnalités internationales du cinéma.

"Mes films, une invitation à réfléchir sur des questions universelles" (Sofia Alaoui)

Je cherche à travers mes œuvres cinématographiques à pousser les spectateurs à la réflexion et au questionnement au sujet de nombreuses questions universelles", a affirmé, lundi à Marrakech, la jeune réalisatrice marocaine Sofia Alaoui.

Dans une interview accordée à Kawtar TIJARI de MAP au lendemain de la projection en avant-première de son premier long-métrage "Animalia", dans le cadre de la section "Séances Spéciales" du 20è Festival international du film de Marrakech, Sofia Alaoui a souligné que le fait de vivre dans un monde qui évolue à grande vitesse laisse peu de temps aux gens pour se poser des questions sur soi et élargir le champ de la réflexion.

"Le rapport au temps me terrifie. On est constamment obsédé par le travail, la vie, l’argent, notre place dans la société et le regard des autres, qu’on se trouve pris dans un engrenage et qu’on oublie de se poser des questions", a ajouté la lauréate du prestigieux César du meilleur court métrage en 2021 pour son film "Qu’importe si les bêtes meurent".

"C’est pour cela que je trouve que mon film ’Animalia’ est une sorte d’invitation à réfléchir et s’interroger sur notre rapport à notre propre spiritualité, à la nature, à l’environnement ainsi qu’à la question des classes sociales", a fait remarquer Sofia Alaoui, ajoutant qu’elle a réalisé un vrai travail de recherche et de documentation pour ce dernier film "très mystique".

"J’avais envie de me chercher visuellement" à travers ce premier long-métrage, un mélange entre film documentaire, poésie et surnaturel, a-t-elle confié.

Dans cette pellicule de 91 min, le public suit l’histoire de Itto, jeune femme de condition modeste mariée à Amine, fils d’un riche notable local. Elle vit en compagnie de son époux chez sa belle-famille le temps de sa grossesse. Un jour, alors qu’elle se trouve seule dans la demeure familiale, des évènements surnaturels se produisent dans tout le pays. Livrée à elle-même, Itto tente de rejoindre Amine dans une ville voisine. Débute alors une épopée fantastique.

Icône du cinéma marocain, Izza Genini façonne des œuvres intimistes

Artiste aux multiples facettes, Izza Genini, s’est imposée, au fil des années, comme une figure éminente du paysage cinématographique marocain, façonnant à travers son regard singulier et pertinent des œuvres intimistes et empreintes d’émotion qui mettent en avant la richesse du patrimoine national.

Cette grande dame du cinéma, qui a été la première à se consacrer à la production et à la distribution de films marocains et africains, réussit avec brio le pari de mettre ses émotions et son amour dans ses films et documentaires, offrant aux férus du 7ème art une expérience artistique singulière.

"L’inspiration pour mes films émane directement de mes émotions, que ce soit en écoutant une certaine musique ou en rencontrant des personnes spécifiques", a confié Izza Genini, dans une interview accordée à Kawtar  Tijari de MAP au lendemain de la projection de son film documentaire "Mon Souk el Khmis", dans le cadre de la section "Panorama du cinéma marocain" du 20è Festival international du film de Marrakech.

Celle que l’on surnomme "la pionnière du cinéma marocain", a indiqué dans ce sens, qu’il n’y a jamais eu de plan prédéfini ni d’approche intellectuelle à l’origine de ses créations. "Chaque projet a toujours été guidé par l’émotion, et je crois que le public marocain le perçoit ainsi", a-t-elle ajouté.

Pour Izza Genini, le documentaire est le cinéma du réel, et en tant que tel, il doit transmettre les éléments caractéristiques du cinéma en général, tels que l’émotion et la connaissance. "C’est ainsi que j’ai envisagé la création de la plupart de mes films documentaires. Ils prennent naissance dans mes propres émotions, constituant ainsi la base de chaque projet", a-t-elle expliqué.

Son film "Mon Souk El Khmis", qui explore au moyen de rushs inédits son rapport intime aux lieux, aux personnes et aux événements dans une reconnaissance mutuelle, la grande cinéaste explique que "la réalisation de ce film n’est pas le fruit du hasard, car, comme je le crois, il s’est imposé de lui-même".

"Pendant la période de confinement, j’ai décidé de sauvegarder mes archives et mes rushs, c’est ainsi que j’ai pu revoir et redécouvrir toute la matière que nous avions filmé, et en particulier ce qui avait été spécifiquement tourné lors du tournage du film ’Retrouver Oulad Moumen’ en 1994", a-t-elle relevé.

 

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