Nassim Gryech, peintre trisomique, expose à Rabat son œuvre qui respire la joie de vivre

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Mon rêve, c’est ainsi que Nasim a choisi d’intituler son exposition, un r^ve qui l’accompagne depuis 25 ans

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Rabat - Faire de la différence un atout et du handicap une force motrice: c'est le challenge que s’est lancé Nassim Gryech, jeune artiste-peintre trisomique dont les tableaux sont exposés à la Villa des Arts à Rabat du 8 septembre au 30 novembre.

L'univers pictural du jeune artiste est empreint d’innocence et de joie de vivre palpables dans le choix des couleurs, chaudes et chatoyantes, et dans ses figures aux traits puérils qui ne sont pas sans rappeler l’art naïf de feue Chaibia Talal.

Au festival de couleurs qui résonnent comme un hymne à la joie de vivre, les toiles de Nassim Gryech, se sacrifie rien de son sens hors du commun du détail: des dizaines de petites formes symétriques harmonieusement disposées, semblables à des miniatures ou aux motifs d’un tapis rural marocain, reviennent comme des leitmotiv dans ses tableaux. Le tout forme une ambiance féerique, comme sortie d’un rêve d’enfant.

Ce n’est pas pour rien que le plasticien de 25 ans a choisi de donner à cette exposition, dont le vernissage a eu lieu jeudi soir à la Villa des arts, ce titre révélateur : "Lholm Dyali" (Mon rêve).

Au micro de M24, la chaîne d’information en continu de la MAP, il affirme que la peinture est pour lui "un rêve d’enfance" devenu un métier qu'il a appris sur le tas, d’abord grâce à l’aide de sa mère puis à celle de sa professeure qui lui dispensait des cours de peinture dans une structure adaptée aux personnes à besoins spécifiques.

"Quand je suis dans mon atelier, entouré de mes pots de couleurs et de mes pinceaux, confie-t-il, je me sens comme sur un petit nuage. Rien ne vaut ce moment, c’est pour moi le bonheur absolu".

Dans ses rêveries qu’il couche sous forme de peintures acryliques, ce natif de Rabat reste attaché à sa terre et au patrimoine marocain. Une bonne partie de ses toiles dépeignent des scènes de la vie quotidienne ou des cérémonials mettant à l’honneur les costumes traditionnels (“L’Aid Lakbir”), donnent à voir des paysages naturels (“The new Sahara”) ou magnifient l’art de vivre à la marocaine (“Zellij”, “Tbourida”, “Guembri Man”...)

Le rêve de Nassim ne s’arrête pas là. “Je voudrais faire de la peinture ma carrière, passer toute ma vie à manier les couleurs et faire beaucoup d’expositions, au Maroc et ailleurs”.

Dans une déclaration à M24, Fatima, mère du jeune prodige, nous apprend que son fils avait une fascination pour les couleurs dès son jeune âge.

“Quand je faisais des ouvrages de broderie, Nassim s’asseyait toujours à mes côtés pour m’aider à choisir et disposer les fils colorés”, explique-t-elle.

Ihssane, sa soeur et “manager” comme il aime l’appeler, évoque à son tour un enfant féru de peinture et de couleurs dont il a fait son univers et sa passion.

“Grâce au monitoring dont il a bénéficié, Nassim a pu travailler son talent pour devenir un artiste accompli et parfaitement indépendant dès 2018. On lui a alors aménagé un atelier où il a pu se consacrer entièrement à son art et frayer son chemin comme artiste professionnel", indique-t-elle à M24.

La jeune femme saisit cette occasion pour exprimer toute sa gratitude à la Fondation Al Mada qui a parrainé le jeune artiste trisomique et cru à son talent.

En matière d’expositions, Nassim Gryech n’en est pas à son coup d’essai. En septembre 2014, il a pris part à l’exposition “Quand l’art efface toutes les différences”, organisée à Rabat par la CDG avec l’appui de l’Association marocaine de soutien et d’aide aux personnes trisomiques (AMSAT).

En 2018, Nassim, aux côtés de deux de ses compatriotes, a remporté le prix d’honneur de la 45ème édition de l’Exposition internationale d’art plastique enfantin de Lidice, tenue en Tchéquie.

Dynamique et ambitieux, le jeune artiste est aussi un ex-champion olympique puisqu’il avait représenté le Maroc aux Jeux olympiques spéciaux de Los Angeles en 2015 où il a décroché une médaille d’or. La preuve qu’il n’y a de limites que celles que l’on s’impose !

 

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