L’intelligence artificielle défie les artistes à Casablanca

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Un visiteur contemple un tableau de l’exposition « Artificial intelligence arts Exhibition ». 08 /12 /2023 – Casablanca (Photo MAP)

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Par Amine Harmach (MAP)

Casablanca - "Je suis le nouvel artiste et je vais prendre ton travail", lancent des personnages terrifiants générés à l’aide de l’intelligence artificielle (IA) mis en scène dans une vidéo présentée dans le cadre de l’"Artificial intelligence arts Exhibition", une exposition à découvrir tout au long du mois de décembre à Casablanca.

Surfant sur la peur généralisée que peut induire l’IA dans l’imaginaire des profanes, cette vidéo signée Rodger Werkhoven, artiste qui collabore avec Open AI (Start up qui a développé, soutenu par Microsoft, la plateforme ChatGPT) fait partie d’une série d’œuvres artistiques explorant les possibilités créatives de l’IA et exposés dans la galerie de l’American arts center.

"Le message principal de cette exposition est que l’IA est désormais présente dans tous les domaines. L’IA est un tournant de l’histoire de l’humanité depuis le lancement en 2022 de Chat GPT, un chat bot qui comprend le langage naturel", indique Hamid Lakhdar, curateur à l’origine de cette exposition organisée par le Fine Art Lab Ofoto, sous l’égide du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication.

"Toutes les professions seront disruptées. Aucun secteur ne sera épargné: santé, éducation, médias, industrie…”, met en garde ce spécialiste en technologies de l’information (IT), appelant à ce que “nous Marocains, nous nous outillions pour faire partie de ce nouveau monde possible grâce à l’IA qui peut traiter des trillions de données, utiliser la capacité immense des algorithmes et la partie rapidité de calculs des machines".

Dans "ce nouveau monde", la nouvelle compétence à avoir est justement le "prompt engineering", processus de structuration d’un texte qui peut être interprété et compris par un modèle d’IA génératif.

Les œuvres exposées dans le cadre de l’"Artificial intelligence arts Exhibition" constituent une illustration de ce dialogue possible entre l’art et l’intelligence artificielle.

Figurent notamment dans cette exposition des toiles représentant "les sept merveilles du monde", produites par le collectif français Obvious, connu pour avoir vendu aux enchères la première œuvre issue d’un programme d’intelligence artificielle, pour la modique somme de 432 500 dollars à la maison de vente Christie’s New York.

“Nous avons travaillé avec des historiens pour récupérer des textes antiques qui décrivent les sept merveilles du monde. Puis nous avons fait une analyse sémantique pour recadrer l’IA et la guider dans notre travail artistique”, explique Pierre Fautrel, membre du collectif.

Le résultat ? Des œuvres présentant un jardin particulièrement luxuriant (les jardins suspendus de Babylone), ou encore un endroit où le soleil se reflète sur les pyramides (les pyramides de Gizeh). On cite aussi la statue chryséléphantine de Zeus à Olympie et le phare d’Alexandrie, entre autres merveilles que le public peut également admirer, dans cette exposition, de manière animée grâce à l’usage de technologie de la réalité augmentée.

“L’intérêt de ce travail est de créer des ponts entre le digital et les nouvelles technologies, entre les savoir-faire traditionnels comme la peinture à l’huile et les nouvelles possibilités offertes par l’IA”, a expliqué M. Fautrel, se félicitant que les nouvelles formes de langage offertes par l’IA permettent d’approfondir le processus de création.

Le photographe Mehdi Sefrioui, également curateur de cette exposition propose une série de créations signées par lui-même, mais également par d’autres artistes marocains (Christian Mamoun, Idriss Karnachi ,Walid Bendra, Moad Abou Alhana, Yassire Ramzi) qui ont pour but, explique-t-il, de “retravailler l’imaginaire marocain et de se le réapproprier, loin des clichés et des idées réductrices véhiculées par une vision occidentale sur notre identité”.

Le projet de l’exposition "Artificial intelligence arts exhibition" a été classé premier sur 331 projets par la commission de soutien aux arts plastiques et visuels du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication.

Mêlant l’art contemporain, incluant la photographie, la vidéo et l’art numérique, aux technologies d’intelligence artificielle de pointe, cette exposition pionnière se présente comme un forum pour réfléchir aux possibilités infinies de l’IA dans l’art et invite au dialogue sur ses implications éthiques, esthétiques et philosophiques.

 

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