L’auteur de Nida’e Al Hassan nous a quittés, ainsi meurent les artistes au Maroc

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D'un chant patriotique et événementiel à un refrain populaire et immortel, « Nida’e al Hassan » est entonnée à toute occasion. Elle a accompagné le dernier grand défilé militaire, organisé dans le cadre du cinquantenaire de l'Indépendance. Mais on avait oublié à cette occasion d’évoquer le nom de son auteur, Fathallah Lamghari

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L’auteur et chanteur marocain Fathallah Lamghari est décédé samedi soir à l’âge de 82 ans dans un hôpital à Rabat, des suites d’une maladie, a-t-on appris auprès de sa famille.

Fathallah Lamghari a profondément marqué l’histoire de la chanson marocaine grâce à son répertoire riche repris par plusieurs artistes. «Allah Ala Raha», «Faynek Al Hbib», «Wallah manta maana» sont, entre autres, les chefs-d’œuvre de l’artiste.

En grand amateur de la poésie arabe classique et populaire marocaine, Fathallah Lamghari a entamé sa carrière artistique par l'écriture. D'un imaginaire fertile, il fait partie des grands auteurs ayant marqué l'histoire de les chansons modernes marocaines tels Mohamed Belhoucine, Ahmed Tayeb El Alj, Ali Haddani et autres Tahar Sabbata. « J'ai écrit plus pour les autres que pour moi-même. ». Eclectique et fécond, il a écrit des textes à la thématique variée au style métaphorique et symbolique. Qui, de nos illustres artistes, n'a pas emprunté l'un de ses textes ? En 1959, Mohamed Mazgaldi lui chanta « Al warda ». Abdelhay Skalli, « Ala al bab tallat al gamra », composée par l'algérien et regretté Ourad Boumediene, auteur du célébrissime « Ya ben sidi, ya khouya ». A Abdelhadi Belkhiat, le complice, il offre « Jarh Kdim », « Mahtar », ainsi que l'inoubliable « Sannara », composée par Mohamed Benabdessalam. A Abdelouahab Doukkali, « Addar li hnak ». A Ismail Ahmed, « Khallik ya kalbi hani » . A Mahmoud Idrissi, « mouhal insak al bal » et a Lahbib Idrissi, « Mabkiti andi filbal ». Il confie à Naima Samih, « Hada hali », « Ala ghafla » et à Samira Bensaid « Faitli chaftak », les trois composées par Abdelkader Rachedi. F. Lamghari fut à l'origine de la carrière de Latifa Raâfat qui lui interpréta «Ana faârk ya imma», «Achrat lahbab» et «Maghyara», dernier tube de cette dernière. Outre les textes d'amour, il concocta plusieurs refrains patriotiques dont l'immortel « Nidaa al Hassan ». Se remémorant ses circonstances, il racontait : « j'étais devant la télévision quand feu Hassan II a annoncé la Marche Verte. C'est son discours qui me l'a inspiré. Je l'ai rédigé en un quart d'heure. Abdallah Issami l'a composé la nuit même et les répétitions débutèrent le lendemain. La première chanson consacrée à l'événement fut l'hymne des marcheurs, reprise, en chœur, par l'ensemble du peuple marocain. D'un chant patriotique et événementiel à un refrain populaire et immortel, « Nida al Hassan » est entonnée à toute occasion. N'a-t-elle pas accompagné le dernier grand défilé militaire, organisé dans le cadre du cinquantenaire de l'Indépendance ? Personne n'a évoqué le nom de son auteur, Fathallah Lamghari et encore moins celui de son compositeur, Abdallah Issami alors que nos deux artistes méritaient la tribune officielle, boulevard de la Victoire à Rabat ! Ainsi meurent les artistes au Maroc. (Quid d’après un texte de La Gazette du Maroc du 6/10/2006)

 

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