Livré à l’impitoyable concurrence du numérique, le livre que l’on connait résistera-t-il ?

5437685854_d630fceaff_b-

S’il est actuellement possible de télécharger n'importe quel livre sur Internet et de le lire sans consommer de papier, ce qui, au passage, est très utile pour l'environnement, cela signifie-t-il pour autant la fin du livre que l’on peut désormais qualifier de traditionnel ?

1
Partager :

Par Quid avec Abdellatif El Jaâfari - MAP

Casablanca - A l'heure de la révolution numérique qui touche tous les secteurs, le livre numérique connait un vrai engouement, mettant en péril sérieusement le livre papier sur le marché de l'édition.

Le livre numérique a l’avantage de contribuer à surmonter certaines contraintes et difficultés auxquelles sont confrontés nombre d'auteurs qui peinent à publier leurs œuvres en format papier, mais bien des écrivains demeurent très attachés au livre papier.

Une situation qui n’est pas sans de créer des polémiques entre attachés à la sensualité du papier, le toucher du livre, le charme de ses reliefs, et les adeptes d’un basculement inévitable au tout numérique. Au cœur du débat, l'avenir du livre classique et sa capacité à résister face à l'avancée impitoyable de la numérisation.

S’il est actuellement possible de télécharger n'importe quel livre sur Internet et de le lire sans consommer de papier, ce qui, au passage, est très utile pour l'environnement, cela  signifie-t-il pour autant la fin du livre que l’on peut désormais qualifier de traditionnel, qui continue à être présent en force, mais jusqu’) quand, dans diverses expositions, bibliothèques et librairies ?

Aux heures de gloires du CD, le Conseil national de la culture, des arts et des lettres du Koweït en a diffusé un qui a connu un énorme succès. Il contenait 276 numéros du magazine "Alam Al Maârifa" (Le monde de la connaissance), une initiative qui a permis à de nombreuses personnes de découvrir une revue qui a contribué à enrichir les connaissances des lecteurs arabes pendant de longues années.

Il existe aujourd’hui des milliers de livres à télécharger en ligne pour satisfaire toutes les catégories de lecteurs. En même temps, les librairies et bibliothèques proposent des millions de livres dans différentes spécialités ce qui reflète l'attachement encore de nombreuses personnes au livre papier et le grand engouement pour les salons du livre et de l'édition.

Et si les lecteurs sont divisés en deux catégories : les adeptes du livre papier et ceux qui préfèrent le livre numérique, une troisième catégorie tente de concilier les deux les considérant complémentaires et à même de promouvoir la lecture et la consommation littéraire.

L'écrivaine Fatiha Noudou, par exemple, confie qu'elle préfère le livre papier parce qu'il lui procure un confort psychologique et ne l'épuise à la lecture comme c'est le cas du livre numérique. Elle n'opte pour le livre numérique que si elle ne peut pas avoir accès au format papier, la lecture sur support digital n'étant à ses yeux guère pratique et présente nombre de contraintes.

Outre la différence des supports etl’approche que l’on a du confort de la lecture, le livre numérique et le livre papier présentent d'autres différences et que le choix du lecteur pour l'un ou l'autre émane de sa personnalité et de son profil psychologique.

Le défunt Noureddine Sail, une immense personnalité culturelle marocaine qui plaidait partout pour la lecture et la lecture et encore la lecture, parce que c’est la voie de la liberté de l’esprit et de son développement, quitte à en prendre le prix sur son impécuniosité en cas d’indigence, avait une prédilection pour les tablettes de lecture, une bibliothèque ambulante que l’on peut consulter partout et à tout moment.  Pour autant, il aimait tout aussi savourer la sensualité du livre traditionnel, l’odeur du papier, le texture du format, le reflet de l’abat-jour sur les lignes.

Reste donc à savoir si la cohabitation entre le papier et le numérique va persister ou se transformera-t-elle en une rivalité pour s'attirer les faveurs du lectorat. Sans doute aucun. Actuellement, l'organisation de grands salons du livre et de l'édition à travers le mond, la grande affluence que connaissent ces événements, outre le grand nombre de librairies et de bibliothèques poussent à croire que le livre traditionnel a de beaux jours devant lui, malgré la concurrence d'Internet à l'ère de la digitalisation. Mais n’a-t-on pas connu quelque chose de similaire dans le monde de la photographie avant que le numérique ne détrône définitivement l’argentique, relégué aux étagères des antiquités et d’objets d’art ?

lire aussi